Thursday Thunder: le bruit des autres

Publié le 27 septembre 2018 par Pomdepin @pom2pin

J’ai grandi dans les Landes, le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est calme. On avait des pins comme voisins et soyons clairs, ils n’ont jamais posé de problème de tapage nocturne. Maricheri a grandi en région parisienne et en partie en appartement. Avec le bruit des voisins. Résultat, l’un comme l’autre, moi par manque d’entraînement dans mon enfance et lui au contraire par saturation, on est allergique au bruit des autres.

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Vous allez me dire, c’est un peu le cas de tout le monde. On est bien d’accord que les voisins, c’est pas des gens comme nous comme dirait ma copine Cécile de Zenopia (coucou!). Ce sont de dangereux maniaques qui font des bruits bizarres et intempestifs à tout heure juste pour ennuyer les honnêtes gens. Alors que nous tous, pas du tout. Si les voisins, ces êtres étranges et probablement malveillants nous reprochent parfois nos légers gazouillis charmants, c’est par pur mauvais esprit. C’est une évidence. Je suis sûre qu’on est tous du même avis, non? Qui a dit que j’étais de mauvaise foi? C’est malin, j’ai perdu le fil maintenant…ah oui, je disais que tout le monde a du mal avec le bruit des autres (ne niez pas, on est entre nous), mais que Maricheri et moi avons développé une véritable aversion. Ça n’aide pas d’être un chouïa asocial aussi…quand on cherchait une maison en France, Maricheri s’est même pris de passion pour une ferme isolée avec rien ni personne à des kilomètres à la ronde. C’était charmant et extrêmement silencieux mais quand même légèrement angoissant. Je précise aussi que les bruits extérieurs ne me dérangent pas tous, la circulation, les trains, les cris d’animaux, je n’ai aucun problème avec. Le coq qui se prend pour le Pavarotti des gallinacés dès 5 heures du mat dans notre rue, ça m’amuse. Les conversations dans le jardin des voisins (qui ne sont même pas à côté, il y a un champs entre nous et il faut vraiment qu’ils hurlent pour qu’on entende un murmure), ça m’agresse. Je suis d’une tolérance admirable, ça me fait peur moi même…

Tout ça pour dire que je vis un enfer à cause des ouvriers. Je ne parle pas du marteau piqueur mais de leur radio. Je n’en peux plus. Le bruit des autres qui rentre jusque chez moi et vient me narguer …rhaaa. Il y a une réglementation dans les industries du bâtiment, les ouvriers sont obligés de maintenir un certain niveau sonore, c’est ça? C’est pour ça qu’ils poussent leur radio à fond dès que le marteau piqueur se tait? Ou alors c’est vraiment pour m’ennuyer? Sérieusement, ils ont vraiment besoin de tout ce vacarme pour bosser? Sans compter qu’on n’a pas du tout les mêmes goûts musicaux. Je n’ai rien contre les gens qui aiment les variétés françaises des seventies, à condition qu’ils s’adonnent à leur passion chez eux, avec un casque. Ou par mime. C’est une bonne idée tiens, vu qu’on est en plein dans les chansons à textes, ils ne peuvent pas plutôt mimer les paroles au lieu de les meugler? Parce qu’en plus, ils se mettent à braire à pleins poumons, probablement pour rendre le coq jaloux, dès qu’une chanson est encore plus insupportable connue. Je n’en peux plus.

J’ai donc entamé une guerre d’usure. Dès que la radio montait en décibels, j’ai commencé à venir voir si les ouvriers avaient besoin de quelque chose. Ils sont obligés d’éteindre pour répondre, ahah. Cette approche subtile n’étant que moyennement efficace (ils remontent le son dès que j’ai le dos tourné), je suis passée à une tactique plus directe, mais graduelle. J’ai commencé par  » vous pouvez baisser un peu s’il vous plaît, j’essaie de me concentrer? » à  » pas de radio, merci! » . Mais ça nous aide à travailler. C’est possible, mais avant d’être votre chantier, c’est chez moi et ça me dérange. Et puis, vu que vous avez déjà une semaine de retard sur un chantier qui devait en faire 3, je ne pense pas que la musique améliore vraiment votre productivité. Ils n’ont pas eu l’air de comprendre. Mais ils ont éteint la radio. Ils la remettent dès qu’ils pensent que je ne suis pas là. Et je vais l’éteindre dès que je rentre, au prétexte de leur dire bonjour.

Je précise quand même qu’on a eu des tas d’ouvriers la semaine dernière (en plus des mélomanes qui sont encore là et rénovent l’ancien cabinet médical) et que ni l’électricien, ni le couvreur, ni le plâtrier n’ont éprouvé le besoin de me faire partager leurs choix musicaux. Et qu’ils ont fini dans les temps, eux. Bref, je ne crois pas être un monstre en réclamant le mutisme radiophonique. Pourtant, les ouvriers qui restent nous haïssent clairement, moi et mon allergie à leur bruit. Je le vis bien. Dans le silence.