Azincourt

Publié le 24 juillet 2018 par Pomdepin @pom2pin

En Angleterre, on adorait les reenactments, les reconstitutions historiques allant de la conquête romaine à la deuxième guerre mondiale. Les enfants appréciaient particulièrement celles comprenant des chevaliers, même L’Ado s’est émerveillé plus jeune. On a donc été charmé d’apprendre que le village d’Azincourt, théâtre d’une des plus célèbres pâtées monumentales batailles de la guerre de 100 ans organise une reconstitution tous les ans. On a joyeusement laissé tomber pinceaux, ponceuses et autres tronçonneuses et on est parti faire du tourisme. Taïaut.

Déjà, on était ravi de sortir un peu, ailleurs qu’au magasin de bricolage. Même KnightyDiva qui est pourtant en plein période « tout est nul » et qui a d’habitude l’éloquence de Chewbacca était surexcitée. Je ne parle pas de Wizzboy: on va voir des vrais Knights! Comme il est toujours obsédé par la coupe du monde, il a voulu savoir qui allait jouer, euh…la France et l’Angleterre. C’est qui qui va gagner maman, c’est la France? Dis maman, c’est les Knights de la France qui vont gagner? Euh, ben historiquement on peut pratiquement dire ça, vu qu’après tout, il y avait des chevaliers français des deux cotés en fait…

-yeah, les knight de la France, c’est les plus mieux forts!

-en même temps, à Azincourt, tous les chevaliers ont été ridicules, c’est plutôt les archers anglais qui se sont fait remarquer…

-uh? C’est quoi un zarset?

-les messieurs avec des arcs et des flèches…bows and arrows.

Ça tombe bien, il y en avait! Un très gentil archer anglais nous a tout expliqué, visiblement soulagé quand Wizzboy a répondu en anglais à son « quel âââge êtes vous little man? ». C’est d’ailleurs une des choses qui nous a plue, l’événement est totalement franco-anglais. On a passé notre temps à changer d’une langue à l’autre et les participants, locaux comme anglais ont l’air autant impliqué les uns que les autres dans la réussite de la journée dans une ambiance chaleureuse. C’est très sympathique. C’est aussi une des plus grandes reconstitutions de camps médiéval qu’on ait visitée. Les tentes couvrent deux grands champs. Il y a des artisans (on a ramené un vin médiéval qui attend le retour des deux grands ce soir) mais surtout des amateurs qui vivent leur petite folie exactement comme en 1415, flèches pointues dans la poitrine en moins.

Wizzboy est tombé en admiration béate devant la tente de deux chevaliers qui mettaient leurs armures. Ils l’ont très gentiment invité à visiter et ont même pris la pose avec lui, en lui laissant tenir une « vraie » épée, presque plus grande que le gamin. Il était en transe.

Ça ne l’a pas empêché d’animer la visite toute la journée: j’ai chaud (Bon ok, il faisait 30 degrés à l’ombre, sans ombre), j’ai faim, j’ai soif. Je veux rentrer, je veux faire pipi, je veux pas rentrer. Je veux une épée, j’ai encore soif, je veux un cheval, je veux faire pipi encore, je veux rentrer. Je veux rester…un pur bonheur. Surtout que, pris dans l’ambiance de franche amitié franco britannique, il répétait tout en deux langues. Ça fait peut-être l’admiration des passants et des participants mais c’est deux fois plus pénible. Sans compter qu’il a fallu expliquer… mais bon, heureusement, Wizzboy s’est tu un instant, ébloui par l’arrivée des chevaliers, dont un à crête de teletubbies.

Alors là, c’est fun! Les spectateurs sont vraiment sympathiques dans le Nord, ils se sont même poussés pour permettre à Wizzboy et PrincesseChipie d’être au première loge, à moitié grimpés sur les barrières pour ne rien perdre du spectacle. Ça a permis à Maricheri de faire des photos sans avoir un gamin suspendu au bras.

Il y a des joutes, des démonstrations de combat à la lance et tout ça. C’est très spectaculaire mais on connaît. On allait en voir deux fois par an en Angleterre. Ça n’a pas gêné Wizzboy (ni ses sœurs, y compris celle qui essayait en pure perte de faire sa grande blasée mais avait un sourire béat). Dans la deuxième arène, on annonçait le début des combats à pied…ahah, ça aussi, on connaît. On a vu passer l’équipe anglaise qui s’est arrêtée un peu pour discuter avec nous et on est allé se poster à côté de la tente des chevaliers français. Tiens, c’est marrant leur panneau: fédération française de Béhourd, combat médiéval (il y a même un lien ici) . C’est pas comme si ils allaient vraiment se battre…Ah, ben si en fait. Aïe.

Pour la plus grande joie de PrincesseChipie qui a toujours eu l’impression de se faire avoir lors des reenactments anglais, les chevaliers se sont vraiment empoignés, dans un bruit fracassant de boîtes de conserve. Les armes sont factices (mais contondantes), mais pas les coups. C’est assez impressionnant.

Les combats sont brefs, on sent qu’il y a des stratégies d’équipe et les coups pleuvent. Ça ne rigole pas. Il semblerait qu’il faille faire tomber à terre les adversaires, et que l’équipe qui a le plus de chevaliers encore debout à la fin du massacre de la partie gagne. On a vite compris que la tente des secouristes à côté n’était pas là pour les spectateurs mais bien pour les combattants. Il y a aussi un arbitre, avec ses drapeaux jaune et rouge (mais pas en V. Et il n’a pas donné un coup de tsointsoin). PrincesseChipie a voulu savoir si c’était historiquement correct: il y avait des arbitres aussi pendant la vraie bataille? Pas vraiment, non. On faisait quoi alors quand un chevalier tombait? Euh, on l’achevait…ah, ok, pas comme maintenant alors. Bon c’est pas grave, c’est fun quand même. Charmante enfant.

La reconstitution de la boucherie infâme bataille elle même a lieu en fin de journée, si il reste des combattants encore en état. Mais Wizzboy nous avait achevés avec ses chouinements et ça fait quand même une petite trotte depuis chez nous. Comme Marichéri devait partir envahir l’Angleterre à Londres très tôt le lendemain, on a préféré opérer un repli stratégique après le goûter (il y a des tentes qui font buvettes et repas) en passant par le petit centre médiéval en face du champ de bataille. La visite du musée est très brève quand elle est conduite au pas de charge par Wizzboy. On reviendra. De toute façon, on a tellement aimé qu’on a décidé de revenir tous les ans pour la journée médiévale. Vive Azincourt!

Oh, et il semblerait effectivement que les chevaliers français aient gagné les batailles auxquelles on a assisté, probablement galvanisés par les encouragements bilingues de Wizzboy.

Je précise que ce n’est pas un billet sponsorisé, c’est un billet enthousiasmé. Mais pour ceux que ça intéresse, je mets le lien : centre historique médiéval d’Azincourt.