Thursday thunder: and it gets worse…


Comme vous avez été plusieurs à me dire de continuer avec mes colères brexiteuses, je me lache. Hier, le plus vieux parlement du monde, le parlement d’une démocratie occidentale qui se pare de grands principes de tolérance, d’anti discrimination et d’égalité, ce parlement a voté tranquillement une loi qui renforce la protection des données personnelles pour tous. Sauf les étrangers. C’est marqué noir sur blanc. Les courageux députés britanniques ont inscrit officiellement dans la loi que les étrangers, qu’ils soient contribuables, fonctionnaires, mariés à des britanniques ou pas, n’avaient pas les mêmes droits ni le même statut que les britanniques de souche. Je ne ferais pas de parallèle historique, je vais vomir.

Thursday thunder: and it gets worse…

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Le data protection act exclut expressément les étrangers. L’amendement qui voulait y remédier a été défait. Les étrangers en Grande Bretagne et uniquement eux, n’ont plus le droit de savoir ce que les administrations, de leur docteur à l’école de leurs enfants, en passant par les impôts et le home office (ministère de l’intérieur) détiennent et se passent entre elles comme informations sur eux, y compris si elles sont erronées. Les britanniques peuvent demander à voir leur dossier et corriger les erreurs éventuelles, les étrangers non. Quand on sait que tous les européens vont devoir faire une demande de settle status pour avoir le droit rester auprès du home office, et qu’il va donc falloir remplir des tonnes de paperasse et que ce même home office s’arroge le droit d’interroger les autres administrations (notamment fiscales), ça rassure. Surtout que le home office admet lui-même une marge d’erreur de 10 % dans le traitement de ces dossiers. Pas de chance si ça tombe sur vous, vous ne pourrez pas corriger. Vous n’imaginez quand même pas qu’on allait vous traiter comme citoyen normal alors que vous n’êtes qu’un sale étranger, non?

C’est affolant. Si le home office décide de vous deporter, vous ne pourrez pas savoir pourquoi si il ne veut pas vous le dire. Oh, bien sûr, on reste civilisé, on laisse le droit aux étrangers de faire appel. Mais sans qu’ils aient accès au dossier, donc sans savoir sur quoi baser cet appel, c’est sûr que ça va aider. D’ailleurs, on ne peut faire appel qu’une fois déporté, pas avant. Là aussi, on sent toute l’empathie et l’humanisme du gouvernement britannique. Surtout qu’en plus, le home office va demander aux banques de geler vos avoirs. Sans argent, sans aide juridictionnelle (en gros, une sorte d’équivalent d’un avocat commis d’office, parce que ça n’est plus autorisé pour les cas concernant l’immigration, comme par hasard), sans savoir si il y a eu une erreur quelque part dans votre dossier (j’insiste sur les 10% admis par le home office), vous avez effectivement toutes vos chances que l’appel réussisse. Ou plutôt aucun espoir. Et puis évidemment, vu les derniers scandales où l’administration Anglaise dans son ensemble a fait preuve de toute son incompétence, les étrangers ne vont pas du tout avoir peur d’aller se faire soigner, de protester en cas de discrimination administrative, de remplir le moindre dossier pour quoi que ce soit puisque tout est fiché on ne sait où, partagé avec on ne sait qui, peut être truffé d’erreurs sorties d’on ne fait où non plus …et qu’on n’a aucun droit de savoir. Puisqu’on est étranger. C’est glaçant.

C’est beau la démocratie en action. Si le parlement britannique avait voulu signifier à tous ceux qui ont le malheur de ne pas être né là, qu’ils n’étaient que des sous citoyens, juste bons à payer des impôts ou à être foutus dehors, il ne s’y serait pas pris autrement. Welcome to brexit Britain.