Thursday Thunder: the Irish 8th amendment

Publié le 17 mai 2018 par Pomdepin @pom2pin

Comme j’attire toujours les trolls et autres grincheux avec mes colères du jeudi, j’ai décidé d’y aller à fond aujourd’hui: on va parler avortement en Irlande. Je sens que je vais encore recevoir des tas de messages charmants…alors je préviens de suite, je ne laisserai passer aucun commentaire insultant. Voilà. Et je précise aussi que je ne cherche pas à imposer mes idées sur la question à qui que ce soit. Chacun est libre de penser et faire ce qu’il veut. C’est justement ce qui pose problème en Irlande. Les femmes ne sont pas libres de faire ce qu’elles veulent. Il est grand temps que ça change.

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Les législateurs (mâles) ont décidé pour les femmes depuis la création de la république d’Irlande: l’avortement y est interdit dans tous les cas. Tous. Absolument tous. La gamine à peine pubère qui s’est faite violée et risque des complications physiques et psychologiques dramatiques? Non, elle ne peut pas avorter et si ses parents insistent bêtement, ce sont eux qui iront en prison. La femme qui se vide de son sang en pleine fausse couche? Ah non désolé, on ne peut rien pour elle tant qu’il y a un soupçon de vie dans le fœtus à l’agonie. Ah ben c’est ballot, c’est trop tard voilà qu’elle est morte maintenant. Comme ça en plein hôpital. Devant des médecins qui n’ont pas bougé d’un pouce et alors que le fœtus n’avait aucune chance de survie. Ça vous choque? Ce ne sont que deux exemples (véridiques, je précise pour les trolls, je sais que ça leur fera plaisir). Alors libre à chacun d’avoir les convictions qu’il veut, mais quand on en arrive à laisser mourir une femme au nom du respect de la vie, il n’y a pas comme un problème?

En Irlande, je me suis vue refuser la pilule, par une médecin dont ça heurtait aussi les convictions religieuses. Mais enfin, je ne lui demandais pas de prendre la pilule elle-même, juste de me la prescrire! J’accepte qu’elle soit contre la contraception, pourquoi ne peut-elle accepter que je sois pour? Quand j’attendais L’Ado puis GeekAdo, j’ai dû passer et repasser maintes fois devant la poignée de manifestants rassis qui campaient en face du national maternity hospital, avec leurs pancartes à vomir. Ces braves gens étaient tous concernés au premier degrés bien sûr, puisqu’il y avait essentiellement des vieux types aigris et des bonnes sœurs. Je ne veux pas juger de leur vocation, mais si effectivement elles sont concernées par l’avortement, elles ont peut être à changer de voie. Déjà, pourquoi manifester contre l’avortement alors qu’il est interdit par la constitution? Parce qu’en Irlande, les services de santé prennent en charge les soins et accompagnements post avortement. Parce qu’on trouve dans les salles d’attente des médecins des dépliants style agence de voyage, avec prix du ferry et tout, pour aller se faire avorter en Angleterre. Il y a même des réductions avec la carte étudiante. Et vous serez soignée au retour par un gentil docteur. Celui (ou celle) qui peut tout à fait légalement vous donner des conseils pour choisir votre clinique en Angleterre. Par contre, si il (ou elle) pratique l’avortement, il/elle risque la prison. Et vous avec. A part ça, le système n’est pas du tout hypocrite.

Et puis en Irlande, il y a des gens, femmes mais aussi beaucoup d’hommes, jeunes mais aussi beaucoup moins jeunes, athées mais aussi croyants, qui se font entendre. Les mentalités bougent, bien plus vite que les politiciens. Le 25 mai prochain aura enfin lieu un référendum pour abroger l’article 8 de la constitution qui interdit l’avortement. Le manifestant que j’aurais mordu si Maricheri ne m’avait pas retenue et qui me félicitait pour mon ventre rond devant le National Maternity Hospital, ne pouvait pas savoir qu’il y avait L’Ado dedans. L’Ado, élevé par une mère et un père féministes et qui va pouvoir aller voter à l’ambassade d’Irlande à Londres. #repealthe8th