L’attaque des pirates


Mamaaaan, mamaaan, pirates are attacking the house! Mamaaan y’a des pirates, yeah!

Samedi après midi, Wizzboy a vécu un grand moment. Il était partagé entre une petite frayeur et le ravissement total. Les pirates ont débarqué à la maison. Il les a repéré depuis la fenêtre du salon et a suivi leur progression jusqu’à ce qu’ils sonnent. Ils sont bien polis quand même les pirates dans ce pays, ils disent bonjour avant d’attaquer. Wizzboy s’est rué dans l’entrée, au bord de l’extase: mamaaaan, the pirates are heeeere! Les pirates, maaaaman! Il n’en pouvait plus. Maricheri attiré par les hurlements, est venu m’aider à ouvrir, armé de son briquet au cas où. En vrai il se préparait à sortir pour fumer, mais Wizzboy n’a pas vu les choses comme ça. Le gamin piaffait comme un fou d’avant la porte: les piraaates, les piiiiiirates! Effectivement, on s’est retrouvé nez à nez avec deux vieux messieurs en bicorne et grande cape noire, avec des parements bleus et des gants blancs immaculés. Ça surprend quand même un peu. Et ils voulaient bien s’en prendre notre trésor, enfin ils demandaient très poliment un don pour leur association.

L’attaque des pirates

Source je n’ai pas osé prendre une photo de nos pirates, mais ils ressemblaient beaucoup à ceux-la, en plus flamboyant.

On a donc fait la connaissance de deux membres éminents et tout en uniforme de la confrérie des Charitables de notre village. J’étais aussi réjouie que Wizzboy, qu’est-ce que c’est que cette charmante coutume locale? J’ai habilement profité de leur gentillesse pour enquêter. Il existe plusieurs confréries, une par village ou par quartier et portant chacune le nom d’un saint. C’est donc plus ou moins religieux mais les charitables sont des laïcs, des bénévoles qui donnent de leurs temps pour aider. L première confrérie des charitables remontent au douzième siècle et ont été formées pendant l’épidémie de peste qui a sévit dans l’Artois vers 1188. Elle était placée sous la protection de Saint Éloi qui devait protéger à lui tout seul les membres de la confrérie de la peste, pour qu’ils puissent continuer leurs activités bénévoles. De suite, c’est moins drôle que les pirates de Wizzboy. Les premiers charitables s’occupaient des pauvres, des malades et surtout d’ensevelir les morts parce que bon soyons clairs, pendant une épidémie de peste, c’est du boulot et personne n’a vraiment envie de s’y coller.

Au cours des siècles, d’autres associations de charitables se sont formées dans tous les villages, toujours sous le patronage de Saint Éloi où d’un saint local. Elles ont été interdites pendant la révolution mais elles continuaient leurs activités clandestinement. Aujourd’hui, il y a 32 confréries. Les charitables continuent à s’occuper des enterrements et portent les cercueils ou urnes de tous, y compris ceux qui n’ont pas les moyens d’une grande cérémonie, c’est même l’idée de départ, de faire en sorte que même les plus pauvres aient aussi un enterrement grandiose. Bon, c’est très gentil mais pas très folichon tout ça…les charitables font aussi des processions et donc des collectes de dons en uniforme et ça, c’est plus pimpant. En tout cas, ça ravit les petits garçons.

Wizzboy s’est empressé de raconter la chose par Skype à L’Ado. Il est peut être à Londres, mais il n’a pas vu de vrais pirates lui. C’était cool, les pirates étaient gentils, ils n’ont pas attaqué la maison, mais c’est parce que maman leur a donné des sous. It was fun, yeah!