L'art d'élever des enfants aux Etats-Unis

La question récurrente à propos de notre aventure Californienne est la suivante : Et les enfants, comment ça se passe ? Aujourd'hui, je vais donc couvrir le sujet de la façon la plus exhaustive possible, sous forme de question / réponse.
L'art d'élever des enfants aux Etats-UnisCalin dans la piscine
 Est-ce que les enfants parlent anglais ? 
Le français est la langue parlée à la maison, mais dès que les enfants sortent du cocon familial, tout le monde parle anglais. Thomas en est a sa deuxième année d'école, il est donc parfaitement bilingue, avec quelques spécificités amusantes :
  •  Vu que 99% des enfants que Thomas fréquente parlent anglais, il aborde tout nouvel enfant en anglais, y compris en France. 
  • L'anglais est aussi la langue avec laquelle il joue à l'école. Du coup, Thomas et Clara ont tendance à avoir leur petit charabia en anglais quand ils jouent ensemble à la maison. L'anglais est la langue du jeu ! 
  • Quand Thomas a commencé à faire un peu d'espagnol à l'école, il était tout content de réciter les mois de l'année ou les couleurs en espagnol, ce qu'il n'avait jamais fait en anglais ou en français. Pour lui, c'est la première véritable langue étrangère qu'il apprend, donc c'est différent et fun. 

L'art d'élever des enfants aux Etats-UnisDans la jungle à Hawaii
 Et comment Thomas a-t-il appris l'anglais ? 
 De la façon la plus simple qui soit : Les parents indignes que nous sommes avons déposé Thomas à l'école, et l'avons laissé se débrouiller sans plus de préparation que ça. Tout ce qu'on lui a appris avant la rentrée est de répondre à la question "what's your name", qu'il sache au moins donner son prénom aux autres.
Deux ou trois semaines plus tard, et je m'en souviendrai toute ma vie, je voulais lui brosser les dents le soir et il m'arrête en anglais : "Daddy, no, I want to do this all by myself" (papa, non, je veux le faire tout seul !) Une petite phrase magnifique que même des bacheliers ou universitaires avec six années ou plus d'anglais en France ne sauraient pas formuler aussi bien.
Donc ça s'est fait tout naturellement, les enfants ayant l'âge parfait pour apprendre de multiples langues. Même Clara sait faire la distinction et comprend pas mal de choses dans les deux langues. Si je lui demande "Tu veux une banane ?, elle va me répondre "oui !". A la même question posée en anglais, elle répond "yeah !" sans hésiter.
L'art d'élever des enfants aux Etats-UnisPâques à la maison
 Et le français dans tout ça ? 
Le français survit à la maison, et Thomas a plein de petit bugs de language rigolos. La "jaune voiture" au lieu de "voiture jaune", et dernièrement, "pourquoi le monsieur il a pris le" au lieu de "pourquoi le monsieur il l'a pris". Tout ça à cause de l'influence anglaise. En revanche, et je l'avais déjà remarqué avec les enfants d'autres expats, leur français n'est pas "bébé" car ils ne le parlent pratiquement qu'avec des adultes.
 Là où je ne sais pas quoi faire en revanche, c'est que Thomas joue au foot, alors quand on regarde la télé et qu'il me demande, "papa, pourquoi le referee il a mis un carton jaune au goal keeper?" j'ai du mal à le forcer à traduire, car le vocabulaire du foot (soccer, soi dit en passant !) dont il a besoin maintenant, c'est en anglais.
Et Clara dans tout ça ? Elle ne se décide pas entre les deux langues, alors c'est un peu de tout, mais pas grand chose au final. Quelques mots ça et là, mais ça vient plus lentement que pour Thomas. En revanche, elle comprend très bien les deux langues et ne veut pas repartir de l'école quand elle y va pour chercher son frère !
L'art d'élever des enfants aux Etats-Unis

 Une anecdote rigolote sur la langue ? 
Un soir, nous sommes dans une mini supérette à San Francisco, et un employé entre avec son vélo dans la boutique, tenant le vélo "debout" pour prendre moins de place et traverser les rayons afin de stocker son vélo dans un local à l'arrière. On tombe nez à nez avec le type et son vélo, et là Thomas s'exclame "What the HECK!!!" (grosso modo: qu'est ce que c'est que ce bordel !), ce qui provoque un grand rire chez tout le monde ! C'était magnifique.
 Clara en raffole aussi, et si elle entend quelque chose tomber dans un placard, ou voit quelque chose tomber, elle sort la version encore plus courte "what the!", ce qui nous fait rire à chaque fois.

 Sont ils influencés par la culture américaine ? 
 Bien sûr ! Thomas raffole des superlatifs : "c'est magnifique", "c'est super génial", et ne dira jamais "c'est pas mal" ou "j'ai bien aimé". Il adore le foot US, le baseball, le nascar, les monster-trucks et j'en passe.
Clara est une snackeuse, qui ne mange rien à table mais veut se servir pour grignoter dans les placards à toute heure de la journée. C'est une habitude typiquement américaine, et on sait pas d'où ça lui vient, car ce n'est pas du tout notre truc ! Les 3 repas à la française restent sacrés chez nous.
 Et Thomas ne veut pas faire la bise à quiconque quand on rentre en France ! Non mais hé, c'est quoi ce pays où les gens se font des bisous tout le temps sans raison ? Thomas ne marche pas dans la combine.
L'art d'élever des enfants aux Etats-UnisOn ramasse les citrouilles pour Halloween !
Comment se passent les relations 'longue distance' avec les familles ? 

Skype et les webcams rendent la vie loin de la famille beaucoup plus facile. On n'a jamais passé de coup de fil en France, et on organise des séances webcam avec les papys / mamies / tontons / tatas environ une fois par mois.
Ajoutez à cela un retour en France tous les deux ans, et les visites aux US de la famille entre temps, et les enfants voient leurs grand-parents au moins une fois par an en personne, et environ une fois par mois sur internet.
On entend souvent parler de l'enfant-roi aux USA. Est-ce vraiment le cas ? Comment réagissez-vous fasse à cela ?

C'est vrai que c'est la règle partout, et l'une des choses qui nous est insupportable, c'est que quand un gamin commence à pleurer ou faire un caprice, la solution américaine est de lui filer un bonbon ou une gourmandise pour le calmer, ce qui est ultra-efficace, mais récompenser un enfant lorsqu'il fait un caprice, ce n'est pas vraiment de l'éducation.
L'autre problème est qu'en France, une petite claque ou coup de pied au fesse bien mérités, ça fait son effet, mais personne ne fera jamais ça aux USA, donc en public, c'est inconcevable (je ne veux pas finir en prison), et Clara et Thomas savent désormais en abuser, car ils ont compris qu'en public, c'était immunité totale aux claques !
Donc ce n'est pas évident à gérer.

Quel est le coût d'une année scolaire ?
L'école publique est gratuite, mais ne commence qu'à l'âge de 5 ans. Avant cela, on peut inscrire les enfants en pre-school (pré-école), qui sont privées et payantes. Nous payons 420$ par mois pour Thomas qui n'y va que 3 demi-journées par semaine. A plein temps, cela dépasserait les 1000$ par mois.


L'art d'élever des enfants aux Etats-Unis

Quelle est la différence entre écoles publiques et privées ?
Difficile de comparer car la gamme des écoles privées est ultra vaste (catholiques, Montessori, tel ou te type d'éducation...), mais toutes les écoles sont notées (par les parents, et en fonction de ce que deviennent les élèves après), donc on peut juger facilement l'une ou l'autre sur des sites internet comme Great Schools.
Quand nous avons acheté notre maison, nous avons choisi un quartier qui était dans le district scolaire où les écoles avaient 9 sur 10 de moyenne. Quelques rues plus loin, le district était évalué à 6 sur 10.
A noter qu'il existe aussi les charter schools, où l'éducation est beaucoup plus libérale, les parents ultra impliqués, le tout financé par des fonds publics. Donc c'est vraiment à mi-chemin entre privé et public, car si des parents veulent un enseignant spécifique, ils peuvent décider de le faire eux-mêmes ou recruter un enseignant pour leur faire. C'est un peu le meilleur des deux mondes, avec gratuité, flexibilité et qualité !
 Des choses auxquelles on ne pense pas ? 
 La semaine dernière, nous avons inscrit Thomas à l'école publique pour sa rentrée en juillet prochain, et l'école nous recontacte pour nous demander des contacts en cas d'urgence en dehors des parents, suggérant tontons, grands-parents, cousins, etc. Et c'est dans ce genre de situation qu'on réalise qu'on vit à l'étranger, et que notre seule option est de faire appel à des amis dans le voisinage, parce que la famille est à l'autre bout du monde.
L'an dernier, avec la carte verte, nous avons aussi préparé le terrain pour ne pas que les enfants soient séparés si il arrivait quelque chose à Adeline et moi simultanément, car Clara étant américaine, sans testament elle se retrouverait en orphelinat aux USA et Thomas serait rapatrié en France...
Donc j'ai écrit mon testament. Pas la chose la plus réjouissante à faire, mais cela devenait indispensable au cas où... Il fallait y penser.
L'art d'élever des enfants aux Etats-Unis
Thomas entre en école publique en juillet prochain. Je reviendrai alors sur la fonctionnement de l'école, les horaires, programmes, etc. car pour le moment, nous n'avons pas encore eu affaire à l'éducation publique US.
D'autres questions ? N'hésitez pas à les poser en commentaire.