Balade dans la cité ouvrière de Mulhouse

Publié le 09 janvier 2018 par Mon Grand-Est

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Une fois n’est pas coutume, voici ma 2e participation du mois au rendez-vous interblogueurs #EnFranceAussi, une initiative de Sylvie du blog Le coin des Voyageurs. Pour rappel, le thème choisi par Mathylde du blog Mordue de Voyages est “Tourisme industriel”. Cet article fait suite à celui sur la Lorraine industrielle. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à un quartier de la Manchester française qui m’est bien familier : la Cité ouvrière de Mulhouse. Je vous emmène flâner dans les ruelles et passages étroits de ce quartier inattendu en ville.


Un quartier inattendu au nord-ouest de Mulhouse

La cheminée de l’ancienne usine Gluck © French Moments

Au début des années 2000, je me rendais deux fois par semaine au Parc Gluck à Mulhouse pour y dispenser des cours d’économie à des étudiants en BTS. Je savais qu’une manufacture (l’usine Gluck) exerçait ses activités avant que le site ne soit réhabilité pour accueillir des entreprises et centres de formation. Mais ce que j’ignorais, c’est que ce quartier faisait partie de la grande histoire industrielle de Mulhouse. Pendant mes pauses de midi, il m’arrivait de flâner dans un quartier pour le moins inattendu en ville. Il était composé de maisons à deux étages avec un joli jardin à l’avant bordant de petits passages aux noms poétiques : passage des Rossignols, passage de l’orme, passage des Lauriers, passage des Alouettes… (la liste est longue donc je ne vais pas tous vous les énumérer !)

Flânerie dans la Cité Ouvrière © French Moments

Ce n’est que bien plus tard que j’ai appris l’importance historique de ce petit bout de ville à la campagne : il s’agissait de la cité ouvrière de Mulhouse.


L’histoire de la cité ouvrière de Mulhouse

La Cité ouvrière de Mulhouse vers 1855

Il s’agit d’un quartier inattendu, un témoignage de l’âge d’or que connut Mulhouse au 19e siècle. Avec ses usines et ses cheminées, la Manchester française s’était faite une réputation industrielle indéniable. Elle fut un de grands pôles du textile en Europe.

La Cité ouvrière de Mulhouse vue du ciel (Google Earth)

La cité ouvrière de Mulhouse s’étend dans un périmètre limité par l’avenue Aristide-Briand et les rues Madeleine, de Pfastatt et Lavoisier. Elle fut une des premières grandes cités construites au 19e siècle en Europe. C’est encore à ce jour un modèle d’habitat social.


Pourquoi a-t-on construit une Cité ouvrière à Mulhouse ?

Flânerie dans la Cité Ouvrière © French Moments

Le but était d’offrir aux ouvriers des manufactures voisines de meilleures conditions de vie. Les enquêtes sur les difficiles conditions de travail dans les manufactures de coton, de laine et de soie montrèrent que le problème du logement était une source de préoccupation majeure. En 1840, le docteur Louis-René Villermé décrit publiquement le sort des ouvriers :

« Partout où la population ouvrière est en grand nombre, il ne sera jamais possible de fournir des logements convenables à tous ; les ouvriers qui gagnent les moindres salaires seront toujours réduits à demeurer dans les logements les moins chers, c’est-à-dire dans les logements incommodes, insuffisants et peu salubres, dans les maisons délabrées ou mal tenues. Tel est le sort des pauvres de tous les pays ; la force des choses, la dure loi de la nécessité le veulent malheureusement ainsi. »

Toutefois, des industriels dont le jeune industriel mulhousien Jean Zuber souhaitaient trouver des solutions à ce désarroi. En 1851, la Société mulhousienne des cités ouvrières (SOMCO) fut fondée par douze fondateurs-actionnaires. On y recensa de grands noms d’industriels : Dollfus, Kœchlin, Zuber…). L’idée était assez révolutionnaire à l’époque : un système de location-vente permettait aux familles ouvrières de devenir propriétaires de leur maison après une période de 13 à 15 ans.

Les industriels du textile de Mulhouse, en bons paternalistes, ont marqué leur initiative de valeurs humanistes et protestantes.


Description du quartier

Le quartier fut bâti selon un plan en damier par l’architecte Emile Muller. Les premières maisons sortirent de terre en 1853. Jusqu’en 1897, on y édifia plus de 1240 maisonnettes. Elles bordent des ruelles et d’étroits passages (pas plus de 2,50 mètres de largeur).

L’habitat est représenté par trois types de maisons :

  • celles en bandes contigües (dos à dos) avec jardin devant la maison,
  • les maisons en bandes entre cour et jardin et
  • les maisons carrées divisées en quatre unités avec entrées individuelles et jardins. On surnomme cette disposition le « carré mulhousien ».

La Cité devait être structurée autour d’une place centrale où les habitants auraient pu bénéficier de services collectifs (boulangerie, restaurant, garderie pour enfants, bibliothèque, bains et lavoirs). Cette place est aujourd’hui un espace vert.

Flânerie dans la Cité Ouvrière © French Moments

La cité ouvrière de Mulhouse s’avéra être une réussite sociale. A la fin du 19e siècle, elle regroupa plus de 10% des habitants de la commune de Mulhouse. Elle a inspiré d’autres cités ouvrières en France comme celle de la chocolaterie Menier à Noisiel en région parisienne.

Quant à la SOMCO, elle existe toujours ! Elle est devenue société anonyme en 1923 et gère un patrimoine immobilier conséquent (5 650 logements) dans toute l’Alsace.


Se balader dans la Cité ouvrière de Mulhouse

Flânerie dans la Cité Ouvrière © French Moments

Explorer chaque recoin de la Cité peut prendre beaucoup de temps. Souvenez-vous, il existe plus d’un millier de maisons ! Le mieux est de flâner dans les ruelles et passages étroits de la Cité sans but précis. Ma saison de l’année préférée est le printemps quand les jardins s’éveillent à la vie. Hêtres pourpres, bouleaux, ifs et autres conifères s’associent poétiquement aux prunus, magnolias, glycines et lilas en fleur.

La partie la plus typique du quartier s’étend entre la rue des oiseaux et le quai du Forst.


Pour en savoir plus sur la Cité ouvrière de Mulhouse


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