White Christmas


Les anglais sont obsédés par l’idée d’un white Christmas, un Noël blanc, c’est à dire sous la neige. Pas moi. Il a neigé dimanche dernier, ce qui a relancé les paris d’un white Christmas chez les bookmakers. La quote est à 5/1 pour Londres mais attention, on ne gagne que si des flocons tombent effectivement le 25 décembre, pas si il y a juste de la neige sur le sol mais depuis la veille. Ça tient les foules en haleine, white Christmas or not white Christmas, et ça me dépasse.

White Christmas

GeekAdo, ses 4 mètres 02 et son bonhomme de neige.

Lundi, on avait encore 5 ou 6 centimètres de neige. il nous a fallu 25 minutes au lieu de 7 pour aller à l’école, en pataugeant dans une neige gadouilleuse et glissante, sous des trombes d’eau glacée. La joie. Le moindre caniveau était infranchissable, transformé en Neva charriant des icebergs (non, je ne dramatise jamais. Pour ainsi dire….), on glissait, on grelottait, on avait les pieds trempés jusqu’a mi cuisse, on avançait en reculant et en crabe. Un pur bonheur. J’avais bêtement espoir que la pluie battante efface la neige…raté. Le lendemain, c’est à dire hier, tout ça avait gelé. On a du traverser la patinoire olympique qui a sournoisement élu domicile dans notre allée juste pour pouvoir sortir de chez nous et aller nous étaler sur la banquise jusqu’à l’école. J’ai démarré directement en triple axel, mais façon bouse de vache pendant que Wizzboy partait tout seul et sur les fesses et que PrincesseChipie se cramponnait à la haie avec les pompons de son bonnet. Sérieusement, je ne vois pas pourquoi tous les anglais fantasment sur le white Christmas. Je hais la neige. Ce n’est rien de plus que de la pluie qui fait son intéressante, c’est froid, mouillé, glissant et ça a clairement des tendances psychopathes à essayer de faire tomber tout le monde comme ça. Non mais.

Mais ici, ça excite les neigeophiles béats et festifs, tout ça à cause donc du mythique white Christmas. Il y a bien sûr l’immonde brame sirupeux le classique de la chanson de Noël, le white Christmas de Irving Berlin qui date quand même de 1942, et a été popularisé ensuite par Cosby mais le mythe du white Christmas vient de plus loin que ça. C’est entièrement la faute de Dickens. Par un hasard météorologique quelconque, il y a eu de la neige lors de ses huit premiers Noël, quand il était tout petit. Du coup, par nostalgie de son enfance ou manque d’imagination, il a recasé des noels blancs dans toute son œuvre, y compris le célèbrissime Christmas Tale. Et comme la plupart des traditions de Noël que les anglais adorent aujourd’hui viennent des victoriens qui se sont largement inspirés de Dickens, le white Christmas fait rêver tout le pays. En fait, il aurait fait anormalement chaud en décembre pendant la petite enfance de Dickens, les anglais espèreraient tous fêter Noël en short et en tongs…on peut très bien être Christmassy et détester profondément la neige. Vraiment.

Visiblement, il n’y a eu que 4 Noëls blancs à Londres au cours du vingtième siècle (en 1927, 1938, 1970, et 1981) et un seul depuis (en 2010), c’est dire si c’est fréquent et indispensable pour fêter Noël. Alors je ne veux pas insister lourdement, mais si le met office pouvait plutôt organiser un Noël sec et moins froid, ça serait sympa aussi.