Draguer les coquilles Saint-Jacques à Port-en-Bessin

Chaque année à Port-en-Bessin, le festival Goût du Large met à l'honneur la coquille Saint-Jacques, produit phare de ce port de pêche artisanal du Calvados. Pour l'occasion, toute la ville, les quelques 150 marins en tête, se plient en quatre pour nous faire découvrir la pecten maximus, sa pêche, sa cuisine et ce qu'être marin aujourd'hui veut dire.

Pour moi qui ne connaissait pas le Calvados, l'occasion était trop belle. Après un rapide voyage en train (1h45 de Paris jusqu'à Caen), me voici à Port-en-Bessin.

La mer est un peu agitée ce matin. J'en profite donc pour faire un tour à la criée, l'attraction principale pour les 50 000 visiteurs du week-end puisqu'elle n'est ouverte au public qu'un week-end par an et que la coquille Saint-Jacques est affichée à 5 euros le kilo, de quoi faire le plein pour les fêtes pour certains et pour moi, de capter l'ambiance des lieux.

La criée à la coquille Saint-Jacques

Il est à peine 11h et il y a déjà foule. Les équipages d'une vingtaine de bateaux tiennent stand et les coquilles se vendent pas filets entiers.

Dans un coin de la criée, un ancien pêcheur ramende un chalut, ces énormes filets demandant un entretien constant. La coquille, elle, est pêchée à la drague, un filet d'anneaux et de crochets en métal qui drague les fonds.

Dans les ruelles de Port-en-Bessin

Pendant que certains rentrent du port, d'autres en profitent pour tester les recettes de coquilles Saint-Jacques dans de petits stands tenus par les femmes de marin. La palme de la recette la plus original revient sûrement au burger de Saint-Jacques qui, d'après mon bêta testeur, est excellent.

La Saint-Jacques sur le port de Port-en-Bessin

Aux abords de la jetée, j'entre à la Marine.

Ici, les cuisines sont tenues par Thomas, un chef ayant fait ses armes au Relais Louis XIII de Paris. Il ne travaille que des produits frais et la carte est très accessible (le menu est à 25 euros). Pour se mettre en bouche, un peu de cidre. J'ai choisi un risotto de Saint-Jacques au jus de viande. La cuisson est tout simplement parfaite ; la coquille est juste nacrée et le jus se marie à merveille avec la coquille. S'ensuit une matelote de poisson et coquilles, un plat sans chichi qui ravira les puristes.

Verdict : Un rapport qualité/prix très raisonnable pour cette bonne adresse. Mieux vaut réserver le week-end car la Marine est victime de son succès le week-end (toutes les informations en fin d'article).

Comprendre le B-a-ba de la pêche à la Saint-Jacques

Après un rapide aperçu des falaises, je suis contrainte de rebrousser chemin à la Tour Vauban car le vent se lève. Dommage, le sentier des falaises et plages du débarquement, ce sera pour la prochaine fois.

Sophie, guide au Centre culturel de Port-en-Bessin m'attend déjà pour une visite guidée du port, l'occasion d'en apprendre un peu plus sur la pêche de la coquille Saint-Jacques. Pendant que les derniers pêcheurs arrivés au port, vide leur cale, Sophie nous livre tous ses secrets sur les côtiers, les zones de pêche agrées et sur la règlementation de pêche. Les coquilles, par exemple, sont draguées entre 10 et 50 mètres de profondeur, uniquement d'octobre à avril. Les plus petites, celles de moins de 11 centimètres de diamètre, seront remises à l'eau par les équipages pour protéger l'espèce. Moi qui ne suis pas une grande fana des visites guidées, j'ai adoré celle-ci. D'abord, parce qu'elle m'a vraiment permis de mieux comprendre le quotidien des marins de la Manche. Ensuite, pour le dynamisme et l'humour de Sophie qui transforme cette visite en un vrai one-whoman show.

Pour le prix, j'aurai bien enchaîné avec la visite du chantier naval mais c'est déjà l'heure de passer en cuisine.

Cuisiner la Saint-Jacques avec le Chef Didier Robin

Un peu à l'écart du centre-ville, le Chef Didier Robin a élu domicile au Château de la Chènevière. Si son restaurant principal, le Botaniste n'a pas encore d'étoiles au guide Michelin, il n'a pourtant rien à envier aux grandes tables. Chef Robin ne cuisine que des produits fermiers normands, dont certains viennent directement du potager du château. Son maitre mot : un luxe discret qui fait la part belle aux produits de saison. A la carte, on retrouve notamment un menu au fil de la Saint-Jacques, quelques plats phares de son restaurant qu'il a eu la générosité de m'apprendre à cuisine.

Après une légère bataille pour séparer les bardes des noix, j'apprends à couper la Saint-Jacques en tartare. Il paraît que ce n'est qu'une histoire de couteau...Pour l'accompagner, un filet d'huile d'olives, une pincée de gros sel et du gingembre légèrement chauffé. Essayez chez vous, c'est une pure merveille !

Un peu plus original cette fois, nous cuisinons les Saint-Jacques en beignets avec un minestrone de légumes à la vinaigrette de soja. L'appareil est monté à l'eau gazeuse pour plus de légèreté et les beignets sont à peine cuits pour que la Saint-Jacques reste fondante. Je ne m'aventurerai pas à vous expliquer les étapes, pourtant simples, de la dernière recette - un risotto de Saint-Jacques au vin blanc et à la spiruline - mais croyez-moi sur parole, c'est la meilleure assiette que j'ai mangé cette année.

Ce que je retiendrai surtout de cette véritable leçon, c'est le calme déconcertant des cuisines du Chef Didier. Discret, il dirige son équipe avec patience et expertise plutôt que par autorité. Et ce calme, cette modestie se ressentent dans l'assiette.

Se régaler de fruits de mer directement au Vivier

Après une promenade matinale sous les ginkgo biloba du parc de la Chènevière, je reprends la route vers Colleville-Montgomery, petite station balnéaire de la Cote de Nacre, où un vivier a eu la bonne idée d'ouvrir cette année un restaurant de fruits de mer extra-frais. Vous allez me dire que je mange toutes les deux heures...mais je prends mon métier de blogueuse vraiment très au sérieux 😉

J'ai adoré la décoration minimaliste de la Cabane du Vivier, le service chaleureux et leur carte simple et gourmande. A côté des traditionnelles assiettes d'huitres (des variétés peu connues mais excellentes), on retrouve rillettes de sardines et un cake au thon à tomber -la preuve, j'en ai recommandé - et tout cela à des prix abordables. Bref, la bonne idée pour un repas dominical.

Prendre de la hauteur au Phare d'Ouistreham

Avant de rejoindre Caen, Emmanuelle tient à me faire visiter le Phare d'Ouistreham, un des seuls ouvert au public. Après 171 petites marches, je découvre une vue imprenable sur la ville et sur la Manche, où des dizaines de véliplanchistes profitent du vent.

Je repars vers Paris, conquise par la région et par ce festival gourmand qui ne tient que par la générosité de ses habitants.

Informations complémentaires :

Les restaurants :

La Marine, le parfait du midi

Menu à partir de 25 euros,

5 Quai Letourneur, 14520 Port-en-Bessin-Huppain

Tel : 02 31 21 70 08

Le Botaniste, le plus gastronomique

Plat à partir de 35 euros,

Menu au fil de la Saint-Jacques à partir de 75 euros,

Château la Chenevière Escures-Commes, 14520, Port-en-Bessin

Du lundi au dimanche de 7h à 10h et de 19h30 à 21h.
Réservation par téléphone ou par email.

Tel : 02 31 51 25 25
[email protected]

La Cabane du Vivier, l'extra frais

A partir de 15 euros par personne à la carte,

16 rue Georges Lelong, 14880 Colleville-Montgomery

Les hôtels :

La Chènevière, le luxe en toute simplicité

Escures-Commes, 14520, Port-en-Bessin
Tel : 02 31 51 25 25
[email protected]

Les Filles de bord de Mer, pour les escapades en amoureux ou en famille

Des appartements de charme à partir de 550 euros la semaine, 140 euros la nuit dans certains appartements.

Tel : 07 77 22 24 70

[email protected]

Les activités :

L'ouverture de la criée

Un week-end par an lors du Festival du Goût du Large (en 2017, le festival a eu lieu le 11 et 12 novembre).

La visite guidée du Port

A partir de 5,50 euros la visite par adulte, jusqu'à 3 euros pour les enfants.

Plusieurs visites sont organisées par le Centre Culturel municipal de Port-en-Bessin comme celle de la visite du Port ou du chantier naval par une équipe de guides enjouées et hyper qualifiées, comme Sophie. Toutes les visites sont disponibles sur leur site (^^^).

Tel : 02 31 21 92 33

[email protected] Les ateliers de cuisine du Chef Robin

J'ai eu la chance d'être reçue à la Chènevière mais le Chef Robin anime également des ateliers de recette sur le port pendant le Festival du Goût du Large (pour s'inscrire, contactez le Centre Culturel municipal).

La visite du Phare d'Ouistreham

La visite est organisée par Emmanuelle, directrice de l' Office de Tourisme d'Ouistreham.

Vous avez aimé mon escapade dans le Calvados ? Voici une autre idée de week-end, entre Cancale et Saint-Malo.

Cet article a été écrit dans le cadre d'un blogtrip organisé par Calvados Tourisme. Je précise que je n'ai pas été rémunérée ni influencée dans la rédaction de mon article et que, je n'ai abordé ici que les expériences qui m'ont réellement plu.