French bureaucracy for expats

Publié le 29 novembre 2017 par Pomdepin @pom2pin

Depuis que j’ai annoncé notre décision de quitter Brexitland pour la France (et j’espère que ça se fera le plus vite possible), je reçois beaucoup de gentils messages qui me mettent en garde contre la bureaucratie française. Certes, je n’y ai pas droit tous les jours mais en tant qu’expat, on n’est pas à l’abris non plus. On a droit aux ambassades et consulats qui se font un plaisir de nous pourrir la vie se rappeler à notre bon souvenir. Ce sont quand même des gens, pour une démarche administrative quelconque qui m’ont dit de leur faire une demande par écrit pour qu’ils nous envoie un papier pour qu’on leur renvoie par courrier et qu’ils le joignent au dossier. C’est à dire que le document en question ne pouvait pas être imprimé et joint au dossier sans venir faire un tour nous d’abord. En gros, pour communiquer entre eux, les fonctionnaires consulaires ne se parlent pas, ne s’envoient pas des e-mails. Non, ils passent par l’intermédiaire des usagers. C’est moderne et efficace. Bref, pour montrer que je ne suis pas experte en administration française, mais que j’ai quand même des bases, je ressors un condensé de nos diverses visites à l’ambassade.

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En Irlande, c’était très agréable, l’ambassade est à Dublin 4, un peu l’équivalent du 16 eme à Paris. Les fonctionnaires étaient absolument adorables, pas vraiment débordés non plus, mais tellement gentils, c’était un bonheur de faire refaire son passeport ou de s’y marier. A Londres, c’est un peu différent. Les fonctionnaires du consulat ont l’air absolument persuadé qu’il n’y a pas de vie intelligente hors de Londres. Passer la M25 (un peu comme le periph à Paris) et c’est forcément la jungle. Il ne peut pas y avoir de français vivant dans ces contrées hostiles et primitives. Et si il y en a, ce sont des sauvages et ils n’ont que ce qu’ils méritent si ils sont obligés de se lever à 5 heures du mat pour se taper une heure de train et une demi heure de métro, parce que le seul rendez vous que les fonctionnaires ont consenti à leur accorder, dans leur grande mansuétude est à 9 heures.

A Dublin, on rentrait dans l’ambassade comme dans un moulin, le policier de service nous accueillant avec de grands sourires et des considérations météorologiques d’où il ressortait qu’il faisait meilleur chez lui, à Montpellier, mais c’est bien agréable aussi l’Irlande, ma bonne dame, et qu’il est mignon votre bébé. C’était une grande maison comme les autres de la rue, et le consulat était dans le garage, aménagé en salle d’attente, où il n’y avait jamais personne et avec deux guichets et donc deux employés pour nous aider aimablement ( » il fait pas chaud ce matin, mais c’est bien agréable aussi, oh qu’il est mignon votre bébé » ). A Londres, ça ne rigole pas. Non seulement il faut prendre rendez vous à peu près 6 mois à l’avance, mais on ne rentre pas comme ça! Il faut faire la queue sur le trottoir, passer le policier aussi réjoui que Arsene Wenger après avoir pris 6 buts et lui montrer votre passeport. La dernière fois qu’on y était, ce râleur professionnel charmant bisounours refoulait une famille devant nous à grands moulinets de bras, et d’abord c’est lui qui décide qui rentre, si vous avez l’air instable, il ne vous laisse pas passer (c’est sûr, une mamie, une maman et un bébé, elles avaient l’air beaucoup plus instable que lui), c’est lui qui commande et c’est comme ça. Il n’a pas rajouté « appelez-moi dieu », mais c’était l’idée. Maricheri m’a retenu, j’allais mordre. Du haut de ses 6 m 08, il a dit bonjour très poliment au caniche hargneux garde dévoué, et on a pu rentrer sans problème. C’est évident, c’est un tel bonheur d’aller se fossiliser dans la salle d’attente du consulat, où on est toujours accueilli à bras ouverts, il doit forcément y avoir des gens qui sont là sans rendez-vous, juste pour le plaisir.

On passe ensuite le deuxième garde et son joli portique comme dans les aéroport. A 7, et avec Wizzboy encore bébé, on encombrait tout le sas. Il faut enlever tous les bijoux, ceintures et tout ça, et passer un par un. Et donc on fait quoi avec la poussette? Il faut laisser le bébé dedans madame. D’accord, mais comme il ne peut pas passer avec moi, ni faire avancer sa poussette tout seul, surtout assis dedans, on fait comment? J’ai cru que le cerveau du garde allait exploser…il ne faut pas poser ce genre de problème métaphysique à un agent de sécurité de l’ambassade. Marichéri, qui rhabillait les filles de l’autre côté, a proposé de repasser dans l’autre sens pour venir chercher la poussette. Non, visiblement, ce n’était pas bon non plus. En désespoir de cause, le garde s’est dévoué pour faire passer Wizzboy, du coup, il n’y avait personne devant son écran de contrôle on aurait pu planquer ce qu’on voulait dans la poussette (alors que j’avais juste une bouteille d’eau, des goûters pour tous, des lingettes et des couches. Si j’avais su…).

Le parcours du combattant ne s’arrête pas là. Il faut ensuite se présenter au guichet d’accueil, (si, ça s’appelle comme ça. C’est de l’humour administratif) montrer ses papiers pour la troisième fois en 10 minutes sur un espace infini d’au moins 2 mètres (sas de sécurité compris), prouver encore une fois qu’on a bien rendez-vous et qu’on est bien les parents de nos enfants (visiblement avoir le même nom, la même adresse, le même livret de famille, et dans le cas de Marichéri, la même tête, ça ne suffit pas). Ils revérifient aussi les passeport, au cas ou soudainement on aurait changé d’identité ou de nationalité. Enfin, enfin, on pénètre dans la salle d’attente, avec six rangées de chaises en plastique inconfortables, modèle spécial scoliose, soit une trentaine de places pour 150 personnes. On peut apprécier la décoration soviétique grâce aux lumières pimpantes des néons, la gentillesse des fonctionnaires qui passent et repassent en ignorant sauvagement la foule…tout ça pendant environ 4 heures! Si en plus, vous venez pour déclarer un bébé, c’est très bien organisé, il n’y a absolument rien de prévu pour réchauffer un biberon ou changer une couche. En habitués, on avait commencé à installer un vrai campement, j’avais distribué les provisions aux enfants, Wizzboy avait renversé un portant à dépliants…et là miracle…Enfin, ils ont appelé GeekAdo, en précisant qu’un seul Parent a le droit de l’accompagner. On s’est tous levé, dans une envolée de miettes de cookies au chocolat (triple pépites de chocolat, je sais que ça vous intéresse), embarquant 4 chaises avec la poussette. Wizzboy s’est mis a pleuré en réclamant son papa que le méchant fonctionnaire voulait enlever, du coup, PrincesseChipie a hurlé aussi. Le pauvre homme avec son listing nous a regardé, totalement effondré… »bon, ben venez tous, on va faire vite ».

Soyons clair, c’est par pure bonté d’âme qu’il nous reçoit, alors qu’il est évident qu’on dérange au plus haut point. Déjà, pourquoi on tient à être français? Si on était croate ou chinois, au moins on embêterait les employés d’une autre ambassade, avec notre manie de vouloir faire refaire notre passeport juste parce qu’il est périmé. Si c’est pour un enfant, c’est pire. Déjà, il est né à Dublin celui là, ahaha, il n’est pas français. Et toc, dégagez! Vous n’avez pas honte de faire perdre un temps précieux à l’administration française? Ben non. Parce qu’il est né de parents français, il est inscrit sur un livret de famille français, il a un certificat de naissance français émis par l’ambassade de France de Dublin, et il a un passeport expiré, certes, mais français. Cela dit, effectivement, vu comme on est reçu, on regrette aussi d’être français! Devant notre mauvaise foi évidente, l’employé consent alors à jeter un œil dégouté sur nos formulaires et nos papiers. Sa mauvaise humeur augmente au fur et à mesure, malgré ses efforts, il ne trouve rien à redire! Et donc, il va bien falloir faire un nouveau passeport, on sent que ça lui fend le cœur.

Bon cela dit, la dernière fois, ça s’est relativement bien passé. On a eu droit à un fonctionnaire consulaire sympa. Je me suis confondue en remerciements, c’est dommage de ne pas avoir noté le nom de ce monsieur, j’espère qu’il me lit. Il a été aimable, compétent, efficace, poli et patient. Il m’a même proposé avec un certain tact de refaire ma photo d’identité. C’est gentil, mais je pourrais recommencer 25 fois, j’aurais toujours l’air d’une pomme de terre mal coiffée, ce n’est pas la peine. Je me dis qu’on finira bien par tombé sur des types comme ça en France aussi. Il nous a juste fallu un dizaine d’année ici pour avoir un fonctionnaire sympa.