D’où vient la tradition du Nouvel An ?

Publié le 16 novembre 2017 par Mon Grand-Est
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Il existe plusieurs moyens de braver le froid de l’hiver en France… un manteau, une paire de gants, de la soupe, le chauffage central… et surtout les fêtes ! Et pour cela, l’hiver en possède à foison. Commençons par Noël, la première opportunité que nous avons de réchauffer l’âme. Une célébration reposant sur les traditions chrétiennes, la famille et les cadeaux. Puis vient le réveillon de la Saint-Sylvestre : la fête de la nouvelle année rendue populaire dès la fin du 19e siècle. J’ai voulu en savoir plus sur les origines du Nouvel An et voici le fruit de mes petites recherches…


Les différentes dates du Nouvel An

Bonne année au champagne ! (photo début 20e siècle)

Aussi surprenant que ça puisse paraître, le 1er janvier n’a pas toujours été le premier jour de l’année en France. La date inaugurant la nouvelle année était différente en fonction des pays, de l’Église et des époques. (Imaginez le travail des historiens !)

  • Dans l’Antiquité romaine, Romulus avait fait commencer la nouvelle année le 1er mars. En 45 av. J.-C., Jules César fixa la date au 1er janvier. Le mot “janvier” fait référence à Janus, le dieu romain à deux visages, protecteur des Portes. Les portes par lesquelles on entre et on sort. Les visages de Janus, l’un regardant le passé, l’autre le futur. Tout comme l’image du réveillon : la transition entre deux années !
  • Aux 6e et 7e siècles, la nouvelle année commençait le 1er mars. On l’appelait le “style vénitien“.
  • Au 9e siècle, sous le règne de Charlemagne, le jour de l’an était fixé à … Noël ! Il s’agissait du “style de la Nativité de Jésus“.
  • Au 10e siècle, sous les Capétiens, le royaume de France choisit le samedi de Pâques pour Jour de l’an. C’était le “style de Pâques“. Pas très pratique pour dater l’histoire car Pâques n’a pas lieu le même jour suivant les années !
  • Dans certaines provinces au Moyen-âge, le 25 mars marquait la nouvelle année. C’était le “style de l’Annonciation” ou “style florentin“.

L’édit de Roussillon harmonise au 1er janvier

Il a fallu attendre le 9 août 1564 pour que le roi de France Charles IX remette de l’ordre dans les dates grâce à la promulgation de l’Édit de Roussillon. Cette loi visait enfin à harmoniser au 1er janvier les pratiques dans le royaume. L’article 39 de l’Édit stipule :

“Voulons et ordonnons qu’en tous actes, registres, instruments, contracts, ordonnance, dicts tant patentes que missives, et toute escripture privée, l’année commence dorénavant et soit comptée du premier jour de ce moys de janvier.”

En fait, Charles Quint, l’empereur du Saint-Empire romain germanique (dont dépendait à cette époque l’Alsace), avait déjà fixé le début de l’année au 1er janvier quelques décennies plus tôt, en 1544.

En 1582, le pape Grégoire XIII généralise l’usage de la date du 1er janvier pour l’ensemble de l’Europe catholique. C’est le calendrier grégorien qui est toujours en vigueur aujourd’hui !

Les derniers changements de la date du Nouvel An ont eu lieu à la Révolution française. De 1792 à 1806, le calendrier républicain fixe le début de l’année au jour où le soleil franchit le point équinoxial d’automne (source : Le Point). Ce sera le 1er vendémiaire, ce qui correspond au 22 septembre. Le premier jour de l’an I de la République fut donc le 22 septembre 1792. C’est Napoléon qui abrogea le calendrier républicain le 22 fructidor de l’an XIII (9 septembre 1805) pour un retour au calendrier grégorien à partir du 1er janvier 1806. Puis, pour une très courte durée, le calendrier républicain est rétabli en 1871 par la Commune de Paris.

C’est un arrêté du Conseil d’État du 23 mars 1810 qui décida que le 1er janvier serait un jour férié légal en France.


Pourquoi la Saint-Sylvestre ?

Vous l’aurez deviné, la Saint-Sylvestre n’a rien à voir avec un chat délirant à la poursuite d’un canari ! Sylvestre, c’est le nom de ce 33e pape dont le pontificat connut l’établissement de l’autorité de l’Église dans l’Empire romain et la construction des premières églises à Jérusalem, Constantinople et Rome. Né en 270, le pape est l’un des premiers saints canonisés sans être mort martyr. On date son décès au 31 décembre, d’où le nom du Réveillon – la Saint-Sylvestre. Il s’agit donc d’une coïncidence dans les dates du calendrier !


Le Réveillon du Nouvel An

Le Réveillon du Nouvel An se célèbre généralement à plusieurs, chez soi ou à l’occasion d’événements privés. Certains bravent même le froid pour se rassembler dans des lieux publics comme aux Champs-Élysées ou à la Tour Eiffel à Paris, place Kléber à Strasbourg ou place Stanislas à Nancy.

“Qu’est-ce que tu fais pour le Réveillon ?”

Une fois Noël passé, la question que l’on se pose est “Qu’est-ce que tu fais pour le Réveillon ?“. Car la Saint-Sylvestre est rarement fêtée au même endroit et avec les mêmes personnes. Même si chacun célèbre la dernière nuit de l’année comme il l’entend, il existe un même dénominateur : le plaisir de faire la fête !

Une fête d’abondance

Le second dénominateur commun est l’abondance. L’abondance de nourriture (souvent délicieuse) et l’abondance de boissons, notamment de champagne. C’est le moment privilégié pour déguster des fruits de mer, du caviar, du foie gras… sans oublier les huîtres auxquelles Apollinaire et Casanova prêtaient des vertus aphrodisiaques.

Quant aux desserts, on est pas en reste. Les pâtisseries rivalisent dans la confection de délicieuses bûches de Nouvel An similaires à celles de Noël.

Cotillons et autres coutumes

Le Réveillon fait la part belle à la musique, notamment rythmique, et l’on y dance beaucoup.

En ce qui concerne la décoration, l’atmosphère colorée est généralement préférée et peut impliquer des cotillons: confettis, serpentins, chapeaux fluo… Pour peu, il s’agirait d’une répétition du carnaval à venir !

Certaines personnes préfèrent célébrer la nouvelle année dans une ambiance plus calme et feutrée… ce qui n’empêche pas un peu de folie et quelques excès gastronomiques…

La Tradition du baiser sous le gui par Karl Witkowski

L’enthousiasme du Réveillon s’exprime habituellement suivant quelques coutumes : on s’embrasse sous une boule de gui, et après le compte à rebours qui annonce minuit, on s’échange les vœux en se souhaitant “Bonne année et bonne santé !“, en clinquant les verres de champagne. Plusieurs appellent ou textent leurs amis et membres de leur famille ce qui explique que le réseau téléphonique soit souvent saturé vers minuit !

Au passage, voici comment on se souhaite la nouvelle année en Alsace (selon les dialectes) :

E gueti Wïnâchte – E gleckika Wïnachta – E glecklichs Nej Johr

Pourquoi fait-on du bruit au Réveillon du Nouvel An ?

Feux d’artifice du Nouvel An © French Moments

Une des coutumes les plus suivies est celle de faire du bruit. Beaucoup de bruit ! Elle provient probablement d’une ancienne croyance. Faire du bruit éloignait les démons et les mauvais esprits, qui menaçaient d’être plus actifs en cette nuit marquant la transition entre deux années.

On tape sur des percussions (des congas par exemple), on sonne dans des klaxons ou on lance des pétards bruyants.

D’ailleurs, la tradition de lancer des feux d’artifice pour la nouvelle année est récente en France. Elle a été initiée à l’occasion du passage à l’an 2000 mais a progressivement été délaissée suite au risque d’attentats terroristes. Contrairement à Londres, Sydney ou New York, il n’y a pas de feux d’artifice publics organisés à Paris. La France privilégie la célébration du 14 juillet pour lancer de magnifiques feux et spectacles pyrotechniques.

En 2015, la municipalité de Paris a créé la surprise en lançant un feu d’artifice de l’Arc de Triomphe… il n’est pas certain que cela devienne une coutume… à suivre dans les prochaines années.


Les bonnes résolutions de la nouvelle année

C’est également à minuit que, dans la plupart des cas, les invités annoncent leurs bonnes résolutions pour la nouvelle année : travailler plus ou travailler moins, perdre du poids, voyager, commencer à apprendre une langue, à faire de la peinture… et réduire sa consommation d’alcool suite à la gueule de bois du 1er janvier.

Le 1er janvier marque également une transition à de nouvelles pratiques ou règlements, comme par exemple :

  • l’entrée en vigueur du Marché unique européen le 01/01/1993.
  • l’introduction de l’euro le 01/01/1999 suivie des pièces et billets le 01/01/2002.
  • la revalorisation annuelle du SMIC.

Les vœux du Nouvel An

Le 1er janvier, une fois réveillés d’une longue nuit de célébration, les fêtards doivent encore accomplir une tâche : celle de l’envoi de cartes de vœux à leurs proches et amis. Si la coutume d’envoyer une lettre par la poste s’essouffle à l’ère d’internet, on continue de se souhaiter une heureuse année, une bonne santé et de la réussite. La coutume veut que les vœux soient formulés (par écrit ou à l’oral) avant le 31 janvier.

Les vœux présidentiels

Souvenez-vous : les Voeux Présidentiels de 2011 souhaités par Nicolas Sarkozy à l’Elysée !

On ne sait si le Président souhaite la bonne année à ses proches, mais une chose est certaine : il s’adresse à la nation à 20h le 31 décembre pour transmettre ses vœux aux citoyens français. Les vœux présidentiels sont retransmis par les grandes chaînes télévisées depuis le palais de l’Élysée puis sont abondamment commentés par la presse.

Pendant une dizaine de minutes, le Président fait le point sur la situation économique, politique et sociale de l’année écoulée. Il y a parle du contexte européen et mondial avant de formuler ses souhaits pour l’année à venir.

Cette tradition est établie pour de bon en France depuis le mandat de Charles de Gaulle, au début de la Ve République.


Les dictons du Jour de l’An

La croyance populaire a nourri plusieurs dictons, plus ou moins superstitieux. En voici quelques uns glânés ici et là :

  • « Beau jour de l’an, beau mois d’août.
  • « Nuit du nouvel an sereine, signe d’une année pleine. »
  • “Au premier de l’an, fais deux crêpes pour avoir de l’argent.”
  • “Santé au nouvel an, c’est en donner abondamment.”
  • “An de nouveau, tous nous est beau.”

Les Étrennes du Nouvel An

La tradition veut qu’au début de la nouvelle année, les employeurs distribuent un petit bonus à leurs employés. Les résidents d’un immeuble offrent un pourboire aux concierges, aux gardiens ou au personnel de maison. Ces petites sommes d’argent récompensant la qualité du service rendu au cours de l’année écoulée s’appellent des étrennes.

Leur usage remonte au Moyen-Âge. En latin, le mot « étrennes » fait référence aux strenae. Il s’agissait d’une fête qui se déroulait aux calendes de janvier, c’est-à-dire les premiers jours du mois. La fête honorait Strenia, la déesse romaine de la santé. La tradition voulait que les étrennes soient offertes par les familles aristocratiques et bourgeoises aux domestiques et aux classes sociales inférieures aux leurs. Ce n’est qu’à partir du début du 20e siècle que les étrennes ont été remplacés par les cadeaux de Noël.

Toutefois, encore aujourd’hui, la tradition demeure dans certains corps de métiers. Le facteur vous amène l’almanach de la nouvelle année (avec des petits chats dans leur panier en osier, un classique !), les éboueurs et les pompiers font de même. A vous de donner une petite pièce pour l’effort fourni. (ceci dit il m’est arrivé de recevoir à trois reprises des soi-disants pompiers dans une même année, méfiance donc ! )


Pour en savoir plus sur le Nouvel An

Pour en savoir plus sur le Nouvel An, son origine et ses traditions, voici quelques sites intéressants :


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