The shuttle top 10

Publié le 12 novembre 2017 par Pomdepin @pom2pin

Je l’ai dit, on a été en France vendredi dernier. C’est à dire qu’on a pris le train à bestiaux la navette du shuttle sous la Manche. Ce n’est pas la première fois, loin de là. En plus de 11 ans en Angleterre, on a eu largement l’occasion de devenir des habitués du tunnel. Ces derniers temps, on multiplie même les allers et retours dans la journée tous les 4 matins (si, départ vers 5 heures, c’est tôt. Très tôt. Beuh). On passe un temps fou sous la Manche! C’est bien simple, les mouettes sur le parking nous reconnaissent maintenant, Wizzboy voulait même en adopter une. Et donc, les voyages en navette du shuttle, ça donne lieu à des tas d’aventures sympas. Ou pas.


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10-ça commence avec l’embouteillage pour passer les guichets d’enregistrement. C’est mathématique, le nombre de guichets ouverts est inversement proportionnel au nombre de voyageurs (c’est le célèbre théorème de l’emmerdement maximum du shuttle). Par exemple, vendredi à 6 heures du mat, il n’y avait personne et 4 guichets ouverts, on était tellement ému, on ne savait pas lequel choisir. Alors qu’un jour de grands départs, il y aura une queue de 25000 voitures devant le seul guichet ouvert, qui sera en panne, ou le type devant ne sera pas où appuyer, ou la barrière sera cassée (rayez la mention inutile). Ah ben c’est ballot, on va louper notre train avec tout ça. Il va falloir prendre le prochain dans lequel il y aura de la place. Dans deux heures. 

9-si par hasard on arrive sur le parking, devant le terminal rempli de hargneux désagréables et trop nombreux qui font bêtement la queue pour un café aussi  voyageurs aimables, c’est qu’on ne pourra pas en ressortir. C’est très simple, il faut faire 25 fois le tour, dans un parcours à faire passer le labyrinthe du Minotaure pour une promenade de santé en ligne droite, guidé par une signalétique installée par des gens bourrés ou pour un pari ou les deux, pour espérer trouver la sortie, la seule petite sortie. Il y a donc un embouteillage monstre sur le parking, où trois millions de voitures essaient de se faufiler dans un trou de souris, toutes en même temps. C’est pas grave, on prendra le train quand on arrivera à s’extraire de là. Dans 4 heures.  

8- de toute façon il y a le temps, puisqu’il y aura une panne juste quand on arrive, pour notre train. Ah ben, c’est pas de chance, vous étiez là 2 minutes avant on vous faisait passer dans le train précédent, il restait de la place. Maintenant, il faut attendre qu’on répare, non, mais ça va vite repartir. Dans 6 heures.

7- les conditions climatiques s’en mêlent aussi souvent. Les ingénieurs qui ont conçu le tunnel ont juste oublié que des fois, il pleut, ou il neige, ou il fait très chaud. C’est ballot. En même temps, il faut les comprendre, leur spécialité, c’est les transports ferroviaires, pas la météo. Comment pouvaient-ils deviner qu’en hiver, il fait froid? Bref, tout ça crée de légers retards sans qu’on sache exactement pourquoi (en tout cas, on ne le dit pas aux voyageurs). Il va falloir patienter un peu, juste 12 heures.  

6-si on arrive par hasard à être prêts à embarquer, on doit passer la douane, et donc faire la queue pendant 3000 ans devant le seul guichet ouvert, tenu par un douanier myope et tatillon qui passe deux heures sur chaque passeport. Deux douanes. La britannique et la française. Je n’arrive toujours pas à comprendre ce qui peut bien se passer sur les 20 mètres de macadam désertique où ne dépasse ni un brin d’herbe ni un gravier et où patrouillent policiers et militaires pour que les douaniers pensent qu’on puisse y changer soudainement de date de naissance ou d’identité, hop par magie. 

5- attention grand moment, on arrive enfin dans les vraies files pour l’embarquement, on va pouvoir…attendre. Si il n’y a pas de panne de train, ça va vite. Sauf si le type devant cale et n’arrive pas à repartir. Le temps qu’on dégage tout ça, il faudra prendre le train suivant. Je suis très calme. Wizzboy, où est ta mouette? On va la lancer sur les gens, elle devrait leur attaquer le crâne façon marteau piqueur, ça marche dans Gaston Lagaffe. Ça me détendra.  

4- et là, miracle, on va monter dans le train, on a déjà une demi roue avant droite dedans , youpidoo! Euh…pourquoi la voiture devant n’avance pas?  Parce qu’un crétin vient d’empaler son pare-chocs dans la cabine des toilettes. On arrête donc l’embarquement. Et je précise pour ceux qui pensent que j’exagère que c’est du vécu. 

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3-du coup, on fait passer toutes les voitures dans les wagons poids lourds qui sont très bien, beaucoup plus spacieux et hauts de plafond. Moi qui suis très légèrement claustrophobe (je passe la traversée en apnée, je finis vert fluo et entièrement congelée), j’ai adoré. Jusqu’à ce que les routiers déclenchent leur sono pour passer le temps. Je ne comprends pas qu’on n’organise pas plus de concerts dans les wagons du shuttle, l’acoustique est excellente. Je n’en dirais pas autant de la techno polonaise.  

2- je ne parlerai pas de la traversée elle-même, je vais me sentir mal (ça y est, j’ai la nausée, j’ai les mains qui gèlent et je n’arrive plus à respirer…claustro, moi?). Disons que ça se passe bien. On arrive, on est tout content (rhaa, laissez-moi sortir, j’étouffe). C’est là qu’on découvre qu’un sale gosse a coincé un jouet dans les rainures des volets métalliques entre les wagons qui sont bloqués et refusent de s’ouvrir de plus de 20 centimètres. Impossible de passer. C’est toujours du vécu. 

1- évidement pour éviter tout ça, on peut prendre le ferry, ça met juste 30 ans de plus, retards expliqués plus haut compris. Et je vous ai déjà parlé de mon mal de mer? La dernière fois, j’ai failli sauter à l’eau tellement je me sentais mal et finir à la nage, alors que j’ai l’aisance d’une enclume même en piscine. Alors qu’avec le shuttle quand ça marche, on est de l’autre côté en une heure (en comptant depuis le guichet d’enregistrement), on peut même passer en avance. C’est juste qu’il faut que je fasse 35 minutes en apnée…facile!