Episode 3 Les coulisses du biz et visa E2 : la banque

Publié le 22 août 2017 par Sarah Papas

Après l’épisode 2 la création de la société LLC de la saga « les coulisses du biz et visa E2« , parlons maintenant de la banque…

Je crois bien que créer un compte bancaire professionnel n’est pas forcément obligatoire pour une LLC, puisque la déclaration d’impôt de la société se fait sur l’individu, comme je l’explique dans l’article différence entre une LLC et un INC. Cependant, il est TRES conseillé de le faire pour faciliter le travail de votre comptable.

Avoir un compte bancaire professionnel devient obligatoire dans le cas où vous souhaitez faire la demande du visa E-2, et/ou vous avez des investisseurs, et/ou vous souhaitez monter une équipe… Bref, tout ce qui me concerne. Donc c’est parti pour de loooooongues heures passées à la banque (3 bonnes après-midi).

Parce que ce n’est pas un compte professionnel que j’ai dû ouvrir, mais 3, arg, en essuyant 3 refus de carte de crédit professionnel au passage…

Ouverture du (premier) compte bancaire professionnel

Une première chose à faire attention, c’est le choix de la banque !!

Le truc, c’est que quand on ne sait pas, eh bien on ne sait pas ! Quand j’ai dû choisir ma banque, j’ai fait quelques recherches sur Internet sans grands résultats. Et j’en ai parlé à mes amis ici. SAUF QUE, mes amis ici sont citizens… Ils ne pensent donc pas que ça puisse être différent pour une Française basée aux Etats-Unis seulement depuis quelques années.

Donc naïvement, je me suis tout simplement dirigée vers ma banque personnelle actuelle pour ouvrir mon compte professionnel, la Chase.

J’ai pu ouvrir mon compte professionnel sans problème, mon nouveau conseillé a été très sympa. Et toujours dans ma naïveté la plus totale, je fais dans la foulée, ma demande de carte de crédit professionnelle (temps passé à la banque : 1h30).

Ha ! Le PIEGE !! Vous vous souvenez de ce que la carte de crédit représente aux Etats-Unis ? Si vous ne savez pas, je vous arrête TOUT DE SUITE et vous invite à lire cet article avant de continuer celui-ci ! C’est fondamental pour vous de savoir de quoi je parle afin de biiieeeenn comprendre ma souffrance prochainement expliquée dans cette article.

Première demande de carte de crédit dans MA propre banque… refusée

5 jours plus tard, je reçois un appel de mon banquier qui m’annonce que ma demande de carte de crédit est refusée…

QUOI ??!! MA propre banque qui me refuse ma demande de carte de crédit alors qu’ils m’envoient toutes les publicités du monde (3 courriers par semaine) pour souscrire à une carte de crédit chez eux ?! Moi, pas comprendre   

Comment cela est-ce possible ? Bien sur, le banquier ne sait pas lui-même le pourquoi du comment. Il sait juste que ça a été refusé, et que je vais très prochainement recevoir une lettre pour me donner la raison de ce refus.

Je reste dubitative, et j’attends, j’attends. Ca m’a fait penser à la chanson « Elle attend que le monde change, elle attend que change les temps, elle attend que ce monde étrange, se perde et que tournent les vents, inexorablement elle attend » de Jean-Jacques Goldman. C’était moi !

Pourquoi un tel refus ? Est-ce parce que c’est la première fois que je démarre un business ? Ou bien parce que mon credit score personnel qui est plutôt bon, n’est pas vérifié ? Mais alors sur quoi se basent-ils ?

Après plusieurs coups de fils avec le banquier, 3 ou 4 promesses de renvoie de ce fameux courrier, un changement d’adresse (suite à notre déménagement à Santa Monica), je n’ai jamais reçu le fameux courrier. J’ai aussi tenté d’appeler le fameux service du fameux courrier, mais ils n’ont pas pu me renseigner.

Mystère…

Le banquier lui-même désespéré, me propose alors d’aller voir d’autres banques. C’est donc ce que je fais.

Deuxième demande de carte de crédit dans une deuxième banque… refusée

Je tape alors à la porte de Citibank, et j’explique ma situation. Le banquier me confirme que pour une demande de carte de crédit professionnel, mon credit score personnel est bien vérifié. Je lui donne mon credit score actuel, et il me répond qu’il n’y a pas de raison pour que ce soit refusé. Il est aussi très étonné que je ne reçoive pas la fameuse lettre avec les raisons de mon refus.

Alors allons-y ! Je fais ma deuxième demande de carte de crédit (encore 1h passée à la banque). Cette fois, c’est le banquier qui met les chiffres spécifiques dans les champs pour que la demande passe.

Et re-belotte !!! 5 jours après, je reçois, dans ma boite aux lettres cette fois, la fameuse lettre de Citibank qui m’explique pourquoi ma deuxième demande de carte de crédit a été refusée…

Et voici donc la fameuse raison de ce refus :

« You have a lack of established revolving credit references on your personal credit file. »

Ce que ça veut dire exactement ? Ca veut dire que je suis encore TROP française dans l’âme !

Ici pour exister, il faut consommer.

Pour ne pas être refusée, il aurait fallu que, comme tout le monde, j’ai minimum 5 cartes de crédit avec un plafond de 10 000$ chacune, et un crédit sur le dos, comme un lease de voiture (c’est pour ça que c’est très populaire ici).

Malheureusement, on a décidé avec Maxime de payer notre Mustang en une fois (d’ailleurs, je me souviens de l’effet de surprise de l’assistante du garage quand on lui a dit qu’on réglait en une fois, pas de crédit avec nous). Et je n’ai qu’une carte de crédit dans mon portefeuille, parce que je considère ne pas avoir besoin de m’endetter jusqu’à 50 000 $ par mois alors que je touche 10 fois moins.

Ben oui, on m’a appris à ne surtout pas prendre de crédit à la consommation en France. Ça m’a marqué le jour où ma mère m’a montré un courrier de pub Cofidis, et m’a expressément averti en déchirant l’enveloppe : « surtout ça, jamais !! » .

Donc certes, je rembourse mes dettes en temps et en heure (c’est pour ceci que j’ai un bon credit score), mais mes dettes, ben elles sont toutes petites !

Alors les gens de la banque ont considéré que ce n’était pas suffisant comme preuve pour évaluer mes capacités de consommatrice dans le cadre professionnel. *Soupir*

Ca me rappelle les bons vieux souvenirs des débuts aux USA, quand on vous refuse tout (vous savez surement déjà ce que c’est, ou bien vous allez bientôt le découvrir), et ça ne m’avait pas manquer. Je l’avais même presque oublié ! Heureusement que je publie tout sur ce blog, ça me permet de me rappeler.

Ouverture de 2 autres comptes, troisième et quatrième demandes de carte de crédit dans une troisième banque

Accrochez-vous !

Après avoir essuyé mes 2 premiers échecs, et surtout maintenant que je connais la raison, je décide alors de faire comme au bon vieux temps quand on n’a pas de credit score, faire une demande de secured credit card. C’est une carte de crédit, sauf qu’elle est sécurisée en bloquant 1 500$ dessus, ce qui constitue donc ma credit limit. Mais ça, vous le savez déjà !

Malheureusement, toutes les banques chez lesquelles je suis passée jusqu’à présent n’offrent pas ce type de carte. Jamais 2 sans 3, c’est à la Bank of America que je me dirige alors, cette fois « armée de Maxime », traité, lui, « aux petits oignons » chez eux.

Et ce sont 2 GROSSES après-midis qui s’enchaînent ensuite à cette banque… Car :

  • Bank of America, ce n’est pas comme Citibank, c’est mieux d’ouvrir aussi un compte chèque professionnel chez eux en plus de la carte de crédit – 1h
  • Il nous fallait aussi ouvrir un compte personnel joint (demandé expressément par mon avocat en immigration, je vous raconterai par la suite pourquoi) – 1h
  • Avant de faire une demande de Business secured credit card, il faut faire une demande de Business Credit Card (c’est la procédure, dit-il) – 2h
  • Attendre 5 jours plus tard que celle-ci soit refusée, pour qu’ils me proposent ensuite la Secured credit card
  • Et retourner à la banque ensuite pour faire la demande de Secured Credit Card – 2h

Pour que je finisse avec une carte de crédit professionnel entre les mains ENFIN, comportant une erreur de frappe dans le nom de ma société ! 

Mon banquier vient de renommer la société de USponsor me, par USponsEr me. BAD!   

Pour avoir donc le grand privilège de bénéficier de cette carte USponser me, il m’aura fallut ouvrir 2 autres comptes bancaires, passer la moitié de ma semaine à regarder mes banquiers pianoter sur leur clavier, et à bloquer 1 500$ sur la carte de crédit pendant minimum 6 mois…

Avec les temps d’attente (rappelez vous, « elle attend, elle attend » de Jean-Jacques Goldman), j’ai eu ma première carte de crédit (erronée) en 6 mois ! J’espère avoir ma première carte de crédit non erronée avant la fin de l’année, avec un peu de chance…

C’est ça le rêve américain ?

Au jour d’aujourd’hui, je suis en processus de correction du nom de société auprès de ma banque (il faut 10 jours apparement). Et je me demande quand est-ce que le calvaire banque sera terminé. Ah oui, parce qu’après la correction du nom, il faut que j’y retourne encore une fois pour mettre en place l’auto payment 

La vision noire : pour vous rassurer (ou pas), l’histoire de la banque reste une des affaires les moins compliquées du montage business avec visa E-2 jusqu’à présent, je vous laisse imaginer le reste… Vous allez vite le découvrir dans les épisodes « les coulisses du biz et visa E-2 », dont le prochain qui est le business plan (plan d’affaire) !

La vision rose : on habite un super appartement à Santa Monica à 15 minutes à pied de la mer, où on va se baigner tous les weekends, j’exerce tous les jours mon nouveau métier dans lequel je suis complètement épanouie, et on fait des sorties de « ouf »au volant de notre Mustang décapotable, comme rafting à Sequoia Parc le weekend dernier.

Même avec un challenge de taille sur les épaules, je n’ai jamais été aussi zen, épanouie, et bourrée d’espoir de ma vie !! Comme quoi, c’est ça qu’il me fallait. Et ça, ça n’a pas de prix. C’est ça, le rêve américain !

Donc 2 leçons à tirer de cet article :

  • Si vous n’avez pas minimum un crédit sur le dos et 5 cartes de crédit à votre nom aux USA, ouvrez votre compte professionnel dans une banque qui propose aussi la secured credit card
  • Le rêve américain, il existe vraiment, mais il a un prix. Vous venez d’avoir dans cet article, un minuscule aperçu du prix à payer : échec, persistance, sacrifice, déception, hard work. A vous de voir si vous souhaitez payer le prix !

Avez-vous déjà eu un refus pour une carte de crédit ? Quelle est votre opinion sur le système et les banques américaines ?