Culture australienne (Vidéo) : Denis, le fermier du South Australia réponds à nos questions

Culture australienne (Vidéo) : Denis, le fermier du South Australia réponds à nos questions

Temp de lecture approximatif : 9 minutes et 15 secondes

Notre première interview bouillon de culture, c'est celle de Denis, le fermier qui nous a accueillis une semaine pour un HelpX. Il nous parle de façon vraie et authentique de la nourriture australienne typique, des kangourous qu'il a élevés, des expressions australienne, mais aussi de ce qui lui plait en Australie et de ce qu'il pense de la situation avec les aborigènes.

L'Australie que l'on découvre est composée de beaucoup de gens très différents. On s'est beaucoup demandé comment montrer cette partie de notre voyage et puis on a eu l'idée d'interviewer des Australiens. On a réfléchi à des questions, certaines viennent, d'ailleurs, de vous, et voilà le résultat : un gros concentré de culture australienne !

L'interview est en anglais, bien sûr. Mais, pour que ça soit accessible à tout le monde, j'ai traduit (le plus fidèlement possible) les paroles de Denis. Les sous-titres sont, presque, du mot à mot, le texte de cet article est dans un français plus correct. J'ai malgré tout mis la priorité sur le sens de ses paroles plutôt que sur la forme...
En plus, comme ça, c'est l'occasion de découvrir l'accent australien, si tu ne le connais pas encore... 😉

C'est parti !

Et voila la traduction :

1. Qui es-tu et que fais-tu en Australie ?(0:04)

Je suis Denis, je suis né à Adélaïde et je suis fermier. Je l'ai été toute ma vie en Australie.

2. Qu'est-ce que la vraie Australie pour toi ?(0:21)

Pour moi, l'Australie, c'est dans le bush (le maquis, la campagne australienne). Ce sont les arbres, le sec, l'humidité, le vert, le feu... Toutes ces choses pour moi, c'est l'Australie.
Comme dans les terres aborigènes, il y a quelque chose qui est dans ton cœur, quand tu vas là-bas. C'est un sentiment, quelque chose dans ton esprit.

Donc l'Australie, c'est quelque chose de spirituel et une sorte de paradoxe ?

Oui, tout à fait. Pour nous, le vrai monde, c'est le contraste.

3. Quel est ton plat favori ?(1:07)

Oh mec, j'aime tellement la nourriture que ça serait trop dur de choisir un plat favoris...
J'aime l'agneau grillé traditionnel : des légumes grillés et de l'agneau grillé.
Mais j'apprécie aussi beaucoup (je peux aussi être transporté par) la nourriture d'autres pays.

Quels pays par exemple ?

Les épices asiatiques, les currys indiens... J'ai un palet international.
Le canard de France, aussi...

Mais s'il fallait en choisir un, ce serait l'agneau, alors ?

Oui, tu sais, c'est l'enfance, le plat favori de mon enfance.

4. Quel est le plat australien le plus typique ?(2:00)

Barbecue !
Tu sais, quelques amis, de la bière, quelques côtelettes, des saucisses...
De la viande basique sur le barbecue et quelques verres avec des amis. Avec un feu.

Le feu et la viande, alors...

Oui, tout ça, il faut le tout ensemble.

5. Manges-tu de la Vegemite ?(2:32)

Oui ( Bronwin sa femme répond en même temps.)

Comment la manges-tu ?

Finement étalée sur du pain, sur un toast avec des œufs pochés au-dessus. C'est une recette secrète.
Mais oui, bien sûr, nous mangeons tous de la Vegemite depuis tout petit.
Ma mère coupait des coins de pain et les donnait au bébé avec de la Vegemite. Dans certains pays, il pense que c'est de la maltraitance d'enfant...
( rire)

Je comprends ça...

Et à quel moment en manges-tu ?

Principalement, pour le déjeuner, mais quand j'étais jeune, nous n'avions pas beaucoup d'argent alors la Vegemite pouvait être sur un sandwich pour le déjeuner, ou sur du pain quand tu rentres à la maison. C'est facile et pas cher.

Donc tu peux manger de la Vegemite à toutes les heures de la journée ?

Oui ! et encore maintenant. Quand le pain sort du four et qu'il est encore chaud, c'est la première chose à laquelle je pense. Mmmh, je vais manger la croute avec de la Vegemite...

6. Quelle est ta boisson favorite ?(3:40)

Whisky !

Quelle sorte de Whisky ?

J'aime un bon scotch ou un whisky irlandais.

7. Quelle est ta meilleure bière australienne ?(4:02)

Mmmm... Je bois beaucoup de " Cascade ", la bière de Tasmanie. Parce que je bois principalement des bières légères et qu'elle est bonne !

8. Quel est le plus fameux chanteur ou groupe australien ?(4:25)

Oh, je suis... un désert musical !

Non, je ne peux même pas penser à un nom. Il y a juste certaines chansons, quand je les entends, je me dis que je l'aime bien, mais sans plus.

Je n'écoute pas la radio.

J'aime la nature. Quand je conduis un tracteur, j'écoute le tracteur. Je n'ai pas de musique.

Alors les eucalyptus sont les meilleurs chanteurs ?

Oui, c'est ça, le vent et les arbres... et les oiseaux...

9. Qu'aimes-tu faire pendant tes temps libres ?(5:19)

Eh bien...
Ma passion c'est aussi mon travail. Alors le jardinage est mon truc, faire pousser des fleurs est probablement mon désir secret.

Donc quand tu ne travailles pas aux champs...

Je travaille dans le jardin.

C'est vrai que c'est une bête question pour un fermier.

Oui, mais tu sais, certains font d'autres choses comme... couper du bois, ou des choses comme ça. Mais ça fait partie du travail. Certains jours, c'est bien de couper du bois, et certains jours, c'est bien d'être dans le jardin.

C'est une belle vie...

Oui, nous avons fait de bons choix !

10. Sais-tu surfer ?(6:14)

Non, c'est un de mes grands regrets. J'aimais beaucoup l'eau quand j'étais jeune, mais j'ai déménagé de la ville quand j'avais 15 ans et j'ai passé, au moins 10 ans, à seulement travailler dans des fermes. Je n'avais pas d'accès à la mer et pas d'argent pour voyager. Donc je restais simplement sur la ferme. C'était une période sans sport, rien... Et si j'allais à la plage, j'y allais pour nager et puis je rentrais la maison.

11. La question suivante est peut-être un peu bizarre, mais elle vient d'ami en Europe.
Est-ce que tu as déjà adopté un koala ou un kangourou ?(6:53)

Oui, nous avions des kangourous...

À la maison ?

Oui, nous en avons eu plusieurs kangourous...
On les élevait...

Bronwin, la femme de Denis demande pour répondre :
On les élevait à la bouteille.
Denis : ça prenait probablement un an ou quelque chose comme ça.

Donc vous les nourrissiez avec du lait et après il restait autour de vous ?

Ils étaient toujours autour de la maison, car nous n'avions pas de cage...
Et puis il arrivait à un certain âge et, un jour, on ne les voyait plus...
Ils retournaient à la nature.

Y a-t-il des koalas autour de Bordertown ?

Non, il n'y a pas de koalas ici, mais s'il y en avait, nous en aurions probablement élevé aussi.

12. Donc tu apprécies de vivre en Australie, pourquoi est-ce agréable ?(7:54)

On appelle ça la culture " easygoing " ( littéralement, la culture sympathique. Je traduirais plutôt par la culture relaxe). Les gens n'ont pas une grande histoire de combat avec d'autres cultures à travers les frontières ou quelque chose comme ça. C'est juste une grande région ou les nouvelles cultures, dans la majorité, deviennent " easygoing " parce que c'est attractif.

" Qui s'en soucie, mon pote ? Prends juste une bière, rajoute quelques crevettes sur le barbich, rassieds-toi et relaxe, tu sais. Ne t'inquiète pas de tous ces trucs... "

(" Who cares mate? Just have a beer, put another prawn on the barbie and sit back and relax... You know, don't worry about all that stuff... ")

C'est l'attitude à laquelle on aime revenir !

13. Alors, quel est l'opposé, quelle est la mauvaise partie de la vie australienne ?(8:43)

Bronwin : la Distance...
La plage est tellement loin !
(rire)
La distance...

Denis:
Non, je pense que c'est comme partout. Le système politique. Tu sais, ça semble trop compliqué et...
Mais je n'ai pas beaucoup à me plaindre de l'Australie, parce que j'ai été dans tellement de mauvais endroits alors je pense que tout est bien.

Tu n'es pas la première à nous parler de la distance. En fait, tout le monde nous dit ça.

Denis : Je n'y pense même pas, parce que c'est quelque chose de normal...

Pour toi, c'est normal ! Pour nous, quand nous sommes arrivés, c'était très... différent !

14. Quelle est la plus typique expression australienne ?(9:37)

" No Worries mate! "
" She'll be right, no worries mate "
(rire)

Je l'envoie souvent aux nouvelles personnes qui viennent d'arriver et je mets la traduction au verso : " Tout est OK ".
(NDLR Pendant ses temps libres, Denis est bénévole pour une association qui aide des réfugiés qui viennent d'arriver dans le village.)

(Mettre le fait que Denis travaille dans une asso avant ou après la phrase suivante ?)

C'est (cette phrase) une philosophie, ici...

15. Nous sommes beaucoup de personnes à venir dans le pays et à penser que les Australiens sont ouverts et aidant ? Qu'en penses-tu ? As-tu une explication ?(10:15)

Je ne suis pas sûr pour les villes, mais dans la compagne, il y a beaucoup de menaces alors les gens s'entraident (passage difficile à traduire, mais le contenu est là).
C'est quelque chose de normal pour les personnes rurales d'être comme ça et parce que vous voyagez principalement dans des régions rurales, vous rencontrez ce genre de personnes.

Mais pourquoi ?

Je pense que c'est une culture qui s'est développée pour la survie. Quand les choses sont dures, les gens doivent s'aider entre elles sinon personne ne survit.

Ça parait si naturel, ici !

Ça doit venir de la pauvreté d'autrefois, quand les gens s'entraident pour survivre, ça devient une partie de la culture.

Mais l'Australie est un pays riche depuis de nombreuses années maintenant, non ?

En tant que pays, généralement, oui. Mais ce sont les investissements dans les mines qui ont amené l'Australie à ce niveau de richesse. Mais dans le secteur agricole, le développement des terres et tout ce genre de chose, c'est toujours une survie personnelle. C'est là que les problèmes étaient !
Les gens ont déménagé dans des régions difficiles et s'ils ne s'entraident pas, tu sais, tu dois t'entraider avec les machines, le travail et le reste. Personne n'a d'argent à dépenser et c'est probablement d'où vient cette culture.
Et parce que c'est facile, car nous n'avons pas cette agression de s'inquiéter de ce que pensent les gens ou de ce qu'ils font.

16. Que penses-tu des backpackers ? Penses-tu qu'ils apportent quelque chose à votre pays, et quoi ?(12:20)

Ils nous apportent quelque chose d'essentiel !
La cueillette des fruits ou la récolte des légumes... Beaucoup de régions sont perdues sans les backpackers qui y passent. Parce que les backpackers viennent, ce n'est pas un bon travail, mais c'est de l'argent.

Ils doivent juste être là pour 2 ou 3 mois pendant la saison et ils sont contents de travailler dur pour prendre leur argent et aller ensuite sur l'opportunité suivante.

Et ces industries sont aujourd'hui dépendantes d'eux. Parce que les gens qui vivent confortablement dans les villes avec les allocations de chômage ou ce genre de chose ne veulent pas sortir de leur zone de confort pour prendre ce genre de travail. Donc ces endroits ne fonctionneraient pas sans backpackers !
Le travail des backpackers est essentiel pour le pays et pour l'agriculture !

17. Quelle est ta position par rapport aux aborigènes ? (13:27)

J'ai une opinion universelle à propos des autres cultures. Si quelqu'un me parle et discute avec moi, je discute avec lui !
Mais, si quelqu'un part en croisade contre quelque chose et que je ne suis pas d'accord, alors nous avons un problème.
Je pense que beaucoup d'aborigènes ne s'aident pas eux-mêmes. Ils cherchent plus d'argent du gouvernement sans travailler, mais cet argent vient des autres gens d'Australie.
Donc en général, je n'ai pas de problème avec eux. Il n'y a pas que des gens qui veulent des choses sans rien faire. C'est un problème de l'humanité en général, ce n'est pas juste des aborigènes !

Connais-tu la culture aborigène ?

À un certain niveau oui. J'étais très intéressé quand j'étais jeune et quand j'avais 18 ans, je ramenais un groupe d'aborigènes chez eux le vendredi soir, après le travail. On allait au pub, on buvait des coups ensemble puis je les ramenais.

Mais je pense qu'aujourd'hui, la majorité d'entre eux ont perdu leur culture originelle. Ici dans le sud en tout cas.
Je pense que ces dernières années, ils reconstruisent leur culture à partir d'autres régions.

Pour la plupart, la culture a disparu à cause des missionnaires. Aujourd'hui, ce n'est plus vraiment leur culture d'origine, mais un grand mélange.

Alors, tu penses qu'une nouvelle culture renait ?

Oui, ils la reconstruisent et en faisant ça, ça la rend vraie pour eux. Alors, pour moi, c'est une bonne chose !

Et voilà, c'est la fin de notre première interview !
Heureusement, Denis n'a pas un accent australien trop prononcé...

Alors, que penses-tu de la culture australienne comme Denis nous la montre ?