Australie : émotion la Grande Barrière de Corail

Voir la Grande Barrière de Corail de dessus faisait partie de mes rêves les plus anciens et plus chers. Tu me diras, il me suffisait d'ouvrir n'importe quel livre ou page Internet sur le sujet et j'aurais alors eu droit aux classiques photos aériennes. Oui, mais non : je voulais bien évidemment vivre cette expérience moi-même ! Quel intérêt sinon... Voyant une quantité inquiétante d'articles récents sur le blanchissement de la Grande Barrière de Corail, j'ai compris que ce rêve, c'était peut-être maintenant ou jamais que je devais le réaliser...

Rapide présentation de la Grande Barrière de Corail

Comme son nom l'indique, il s'agit de récifs coraliens, qui s'étendent sur une surface de plus de 344 000 km carrés. Elle est située proche des côtes du nord est australien, approximativement de Bundaberg à la pointe du Cap York. Il s'agit de la plus grande structure vivante sur Terre, constituée d'une multitude de colonies de coraux.

Australie : émotion la Grande Barrière de Corail

La Grande Barrière de Corail est facilement accessible, soit par voie aérienne (petit avion ou hélicoptère, pour un survol), soit par voie maritime pour observer les coraux à partir d'un petit bateau à fond vitré ou en plongeant pour l'observer de plus près et nager au milieu des diverses espèces animales qui la peuplent. Les départs se font principalement de Cairns et Airlie beach. De très nombreuses agences de voyage sont présentes dans ces deux villes et te proposent des offres équivalentes pour y aller. Tu n'as que l'embarras du choix !

La Grande Barrière de Corail présente malheureusement une forte détérioration, visible notamment par son blanchissement, causé par le réchauffement climatique. D'autres menaces pèsent sur la pérennité de la Grande Barrière de Corail. Le tourisme de masse dans cette région en fait partie, de même que la pollution des eaux par les produits chimiques issus de l' agriculture ou de l' industrie. L'altération de l'état des coraux engendre un déséquilibre marqué de l'écosystème local, ce qui favorise le développement d'espèces invasives comme l'étoile de mer acanthaster qui est un prédateur des coraux. La Grande Barrière de corail telle qu'elle est aujourd'hui n'existera peut-être plus demain si rien n'est fait (comme par exemple une réduction significative des gaz à effet de serre). Une chose est sûre, elle n'est déjà plus aujourd'hui ce qu'elle était hier ... Ceux qui sont allés y nager avant 1998 doivent se sentir extrêmement chanceux : les coraux n'avaient pas encore subi de grosse vague de blanchissement comme ça a été 3 fois le cas depuis... et ils ont dû voir des couleurs qui n'existent qu'en de rares endroits de la Barrière désormais !

Ma découverte de la Grande Barrière de Corail

Dès mon arrivée à Cairns, la première chose que j'ai faite a été de réserver mon vol au-dessus de la Barrière de Corail en petit avion. C'était LE truc que je ne voulais surtout pas rater parmi la multitude de choses possibles dans cette région. Je n'ai pas vraiment pris la peine de comparer les offres un peu partout, n'étant présente que quelques jours seulement sur place. J'ai donc directement réservé auprès l'auberge où j'étais hébergée (de très nombreuses auberges de jeunesse font également office d'agences de réservation d'activités). J'aurais voulu faire le vol en hélico, mais c'était hors de prix pour une durée très modérée. J'ai donc opté pour un vol en petit avion de 40 minutes pour 189 dollars (environ 130 euros). Le transport aller/retour vers l'aéroport était inclus, ce qui était bien pratique !

Mon vol est programmé à 8h45 le matin de ma dernière journée sur place. À 8h pétantes, un mini van passe me prendre directement à l'auberge, et s'arrête également dans d'autres auberges prendre d'autres personnes pour la même activité. Nous allons être 3 pour ce vol. Arrivés à l'aéroport, on nous fait rentrer dans un petit bureau où on nous fait visionner une vidéo sur les règles de sécurité pendant le vol. Si tu ne flippais pas encore, là tu commences à flipper !!! C'est mon cas, tu te doutes bien... À cet instant, j'ai commencé à me haïr... je me suis demandé ce que je foutais là, je me suis remémoré le vol que j'avais fait au dessus du Québec en 2015 , vol dans un minuscule avion dans lequel j'avais littéralement broyé le bras de mon ami brésilien... Mais ici, pour la Barrière de Corail, je suis seule, pas de mari, pas d'ami, juste deux parfaits inconnus en couple desquels je me vois mal m'emparer d'un bras ou d'une jambe pour apaiser mon stress pendant le vol ! Puis je me suis focalisée sur le fait que j'allais réaliser un rêve de gosse, et ça a pris le dessus...

Avant nous, il n'y a eu qu'un seul vol effectué pour cette journée. Quand le pilote revient de ce premier vol, il nous informe que du fait de la marée haute, les couleurs ne sont pas aussi spectaculaires que ce que nous pouvons attendre, et il nous propose alors de revenir (tous transferts inclus bien sûr) à l'heure du déjeuner pour profiter de la marée basse et ainsi ne pas être déçus. Après concertation avec les deux autres personnes qui vont voler avec moi, nous avons accepté la proposition... et nous avons bien fait ! J'y reviens de suite...

Rebelote donc à midi et quelques. Transport. Salle. Règles de sécurité. Puis le moment T arrive : celui qui sera notre pilote d'avion vient nous chercher dans le petit bureau... Merde, il a genre 25 ans, grand maximum... On sait piloter un avion à 25 ans ?? Est-ce qu'il a fait la fête hier soir ? C'est con, ça devrait me rassurer d'avoir quelqu'un de jeune et vaillant aux commandes, je devrais davantage flipper de voir un pilote de 60 ans qui est plus à risque d'avoir un AVC en plein vol par exemple (l'hypocondriaque qui parle...).
Deux personnes de plus vont voler avec les trois que nous sommes déjà, soit six personnes au total avec le pilote. Un avion pour 6 personnes... Ça sous entend un très petit avion... et ça sous entend que c'est hyper sensible au moindre coup de vent, et que vu le vent du jour, ça va secouer... Peut-être pour m'apaiser un peu, j'ai d'office prévenu avec beaucoup d'humour (si si, j'ai de l'humour...) les deux autres couples que j'étais une grosse froussarde en avion et que si ça bougeait, j'allais paniquer ! D'en rigoler avant le départ fait du bien... on verra ce que ça donne en vol.

Le pilote nous dispose dans l'avion de façon à ce que les deux couples ne soient pas séparés... ce qui implique que je me retrouve à côté du pilote lui-même, tout devant. Place de rêve me diras-tu. Oui, en soi, c'était la place idéale pour profiter pleinement des paysages... mais à cette place, on se retrouve face aux commandes aussi. Pédales, manettes, boutons de partout... Tout ce que le pilote a devant lui, j'ai la même chose devant moi... Quand le pilote m'a dit de me mettre là, je me suis dit qu'il n'a peut-être pas bien compris que j'étais on ne peut plus sérieuse quand j'ai prévenu que je pouvais paniquer en plein vol si ça bougeait trop. Imagine que sur un coup de panique je me crispe et appuie sur les pédales ou m'agrippe aux manettes devant moi......... et l'avion se retourne, décroche, et PAF... !... Ouais, tous ces scenarii catastrophes ont défilé dans ma tête avant même qu'on ne décolle :-D... Mais très franchement, pour des raisons de sécurité, j'ai failli demander à changer de place quand même, ce qui aurait été franchement dommage compte tenu de la suite... !

Le pilote démarre l'avion, et contrôle tout plein de paramètres. Il a l'air de savoir ce qu'il fait, me dis-je... Il nous annonce que nous allons nous mettre sur la piste et décoller très rapidement dès lors que deux avions commerciaux seront partis. Aussitôt dit, aussitôt fait... ! Je crois que je suis tellement stressée et euphorique à la fois que je n'ai même pas eu le temps de voir les deux avions commerciaux partir !! Voilà que le petit bolide dans lequel nous sommes se retrouve en début de piste, prêt à partir à son tour. Rapide échange avec la tour de contrôle, on roule à peine quelques secondes et on est déjà dans les airs !
Le pilote nous annonce que du fait des paysages vallonnés aux alentours, ça va secouer pas mal tant que nous serons dans l'anse que forme la côte devant Cairns. Il a bien fait de l'annoncer, car en effet, ça secoue, et pas qu'un peu ! Bizarrement, alors que je pensais lâcher appareil photo et GoPro et simplement me mettre en boule dans mon siège, j'ai réussi à maîtriser mon stress et simplement profiter, malgré les secousses pas très agréables de l'avion et de mon estomac. Rapidement, nous passons près de Fitzroy island puis Green island, et apercevons les couleurs vives des récifs, pour finalement nous retrouver au-dessus et voler de récif en récif... Et là, c'est l'extase... !

Ce paysage que je rêvais de voir de moi-même, il est juste là, littéralement sous mes yeux. Les couleurs sont à la hauteur de ce que j'attendais, des couleurs qu'on n'imagine même pas exister en vrai. Quand on voit des photos, on ne peut s'empêcher de se dire que c'est retouché, mais non, c'est bel et bien réel...
Le pilote prend soin de positionner l'avion de façon à ce que chacun de nous puissions profiter à 100% de la vue. De temps à autre, au milieu des eaux claires, et en faisant bien attention, nous pouvons apercevoir des tortues, des raies, des requins...

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Les mots me manquent pour décrire l'émerveillement provoqué par la beauté de ce paysage... Des larmes se sont échappées de mes yeux à cet instant, de la même façon que quelques unes coulent au moment-même où j'écris ces lignes... Et je crois qu'un sourire béat ne m'a pas lâchée de tout le vol ! J'étais ravie d'être là, de vivre ça, et également, d'avoir réussi à surmonter une peur panique qui me tétanise dans pas mal de vols habituellement... La seule petite ombre au tableau : j'étais seule, et j'aurais rêvé pouvoir partager ça avec une personne qui m'est chère... À un moment, je me suis retournée pour regarder les autres personnes de ce vol, comme à la recherche d'un regard complice. J'avais envie, voire besoin, de partager cette joie avec quelqu'un, et là, je me suis sentie frustrée de devoir juste garder ça pour moi et laisser les 2 autres couples savourer cet instant magique entre eux. Ceci m'a juste confirmé ce que je savais déjà, et que je développerai dans mon premier vlog à venir ! 😉

Conclusion

Est-ce que je recommande cette activité ? Oui, oui, et re-oui ! Je suis on ne peut plus ravie d'avoir pu vivre cette expérience, et d'en avoir pleinement profité. De voir cette merveille de la nature m'a rappelé une fois de plus ô combien notre planète est belle, et qu'elle mérite toute notre attention pour être protégée et permettre aux générations futures d'évoluer dans un environnement magnifique et non une poubelle dévastatrice... Mais qui suis-je pour dire ça quand je n'ai pas eu la moindre hésitation à grimper dans un petit avion, objet motorisé polluant, pour aller survoler un édifice naturel dont l'existence est justement mise en péril par l'utilisation de ces engins (entre autres...) ? L'être humain est décidément plein de contradictions, et je n'échappe visiblement pas à la règle...

Un grand merci à GSL aviation, de leur honnêteté. J'ai apprécié qu'ils nous disent clairement que nous risquions d'être déçus si nous faisions le vol initialement prévu, et qu'ils nous offrent la possibilité de reporter. Non seulement ce fut une expérience magique, mais en plus, nous sommes restés une bonne heure en vol au lieu des 40 minutes prévus.

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