Jour 6 EBEZENER / BENTONIA

Publié le 11 mai 2017 par Bayou

Cette journée est à marquer d’une pierre blanche ! Après un petit arrêt à Water Valley pour le Casey Jones Railroad Museum fermé. Puis nous partons plein sud, direction Jackson, avec l’espoir de trouver enfin (après deux essais infructueux en 2014 et 2016) la tombe d’Elmore James. Dispositif lourd avec des indications de l’ami Black Jack, d’un plan trouvé sur Internet et les infos du précieux guide Blues Traveling de Steve Cheseborough.

Nous arrivons au panneau Ebenezer, en face se trouve une épicerie qui semble dater de la Grande Depression. Quand on demande si on peut y faire des photos la patronne nous regarde d’un air bovin, son mari nous dit OK.

Bref on reprend la route et quelques miles plus loin, enfin, la fameuse église, et la tombe du guitariste ! A proximité celle de Lonnie Pitchford

On repart et avant d’arriver à Jackson nous faisons un arrêt au Blue Front Cafe à Bentonia. Jimmy Duck Holmes est assis devant la porte et sirote sa Bud Light.

Nous rentrons dans le juke joint, il nous dit de signer le cahier puis comme je regarde un amoncellement de CD sur son comptoir il me dit c’est 2$. Je mets de l’ordre dans le stock j’en prends 4 et lui dit que nous sommes déjà venus, que nous l’avons écouté en 2016 à Clarksdale…Il nous répond qu’il joue ce soir à 18 heures. Tu parles on ne va pas louper cela.

Dans Farish Street

On bouscule notre programme, on file à Jackson, un petit tour dans Farish Street toujours en piteux état malgré le programme de réhabilitation affiché, qui a pris la  poussière. On pousse jusqu’au Heart of Queen, le juke joint est fermé mais une voisine nous dit qu’elle va contacter le gérant. Au bout d’une demi-heure ne voyant personne on repart, on a rendez-vous à Bentonia !

Jimmy nous accueille d’un simple « oh vous êtes revenu », jusqu’à 19 heures il ne se passe rien, puis on aperçoit des dames qui s’agitent dans une cuisine. Alors, McKinney Williams prend sa guitare et interprète quelques chansons tirés de son CD que nous achèterons, Jimmy le rejoint et nous allons assister quasiment à un concert privé, nous sommes cinq dans le club… C’est magique, certainement un des moments les plus forts, les plus intenses de tout ce que j’ai pu voir et entendre de toute ma vie musicale.

Incroyable ce toucher, cette simplicité, cette force dans les mots, « Broke and hungry » « What I am » …. Ils feront plusieurs petits shows de trente minutes avec des pauses entre 19 et 23 heures, Jimmy interpelle son compère « Hey McKinney it’s for you », puis les serveuses, il se marre. On peut admirer sa façon particulière de jouer de pincer les cordes de sa main droite comme faisaient les vieux bluesmen…Et puis tout naturellement son épouse apporte sur une grande table, des plats de poissons et poulet frits, des pommes de terre des fruits, du thé glacé.

Simplement nous sommes invités à manger !

Chez Jimmy Duck Holmes !

Dans le Blue Front Cafe !

Et à chaque pose Jimmy nous dit, vous ne partez pas on rejoue, de toute façon Jackson c’est à vingt minutes (un peu plus mais franchement on s’en moque). Des gens du coin vont et viennent et il nous présente à tout le monde. Certains passent juste chercher à manger. Vers 22 heures, un groupe de blancs de Jackson se pointe l’un connaît Jimmy, les autres ouvrent des yeux étonnés…Mais Jimmy lui il semble flotter dans un autre monde, sirote toujours des Bud Light passe par un petit garçon pour taper des cigarettes à Catherine (nous pensons qu’il essaie d’arrêter de fumer) et le plus incroyable est que on se sent presque de la famille (bon ce n’est pas toujours simple de comprendre ce qu’il dit).

La soirée se termine à 23 heures, on va le revoir samedi à Clarksdale, il nous dit au revoir, refuse que nous lui payons quelque chose, (on a mis un TIP mais quand même).

On rentre à Jackson la tête dans les étoiles, non ce n’est pas un rêve cela est bien arrivé !