À l’assaut du château de Kaysersberg

Publié le 20 avril 2017 par Mon Grand-Est
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Les ruines du château de Kaysersberg surplombent la petite cité depuis le 13e siècle. Pour atteindre le remarquable donjon circulaire, il faut emprunter un joli petit sentier en escalier serpentant au milieu des vignes. Sur le promontoire rocheux du Schlossberg (la montagne du château), vous bénéficierez d’une vue imprenable sur Kaysersberg, la plaine d’Alsace et les Vosges. Vous comprendrez le rôle militaire de la forteresse au Moyen-Âge, surveillant la route reliant la Haute-Alsace à la Lorraine.


Bref historique du château de Kaysersberg

Vue générale de Kaysersberg © French Moments

Il semble que le château ait été construit vers 1200 par les seigneurs de Ribeaupierre. En 1227, le bailli impérial Albin Woelflin acheta le château pour le compte de l’empereur Henri VII (de la dynastie Hohenstaufen). Le souverain avait compris l’importance stratégique du site, qui verrouillait la vallée de la Weiss le long de la route transvosgienne reliant la Haute-Alsace au duché de Lorraine.

L’acte du rachat des droits fonciers du château impérial est la première mention écrite de Kaysersberg, la « montagne de l’empereur ». En contrebas, dans la vallée, un bourg se développa et fut peu à peu ceint de remparts.

Frédéric II de Hohenstaufen, le fondateur de Kaysersberg

Une plaque commémorative nous renseigne davantage sur les origines du château, rendant hommage à Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250), fondateur de Kaysersberg :

Petit-fils de Frédéric I dit « Barberousse », il était Empereur du Saint-Empire romain germanique, roi des Romains, de Sicile, de Chypre, de Jérusalem, duc de Souabe et duc d’Alsace. Surnommé le « stupor mundi » par Mathieu de Paris, il fut l’un des princes les plus cultivés de son temps. En Alsace, il chargea son fils Henri VII et le bailli Woelflin de consolider la puissance des Hohenstaufen. C’est ainsi que naquirent Sélestat, Colmar, Rosheim, Kaysersberg et d’autres villes.
A Kaysersberg, Woelflin fit élever le château vers 1227, donnant ainsi naissance à notre cité qui prendra de l’importance jusqu’à devenir une ville impériale en 1293. Frédéric II mourut en 1250 et, avec lui, s’éteignit une prestigieuse dynastie sous laquelle le duché de Souabe-Alsace a connu son siècle d’or.”

Dans la seconde moitié du 13e siècle, le château fut assiégé à de nombreuses reprises : en 1248 par le duc de Lorraine, l’évêque de Strasbourg en 1260. Il fut repris par l’empereur du Saint-Empire Rodolphe de Habsbourg. L’empereur en fit sa résidence et modernisa le château en érigeant une enceinte autour du donjon.

Kaysersberg vu du château © French Moments

Les heures de gloire du château

La puissance du château impérial fut renforcée en 1293 lorsque la ville de Kaysersberg devint ville libre d’Empire. Une quarantaine de chevaliers assureraient la défense de la forteresse. Mais à la création de la Décapole (une ligue de dix villes prospères en Alsace en place jusqu’en 1679), l’importance stratégique du château diminua.

De 1293 à 1408, le château servait de résidence au bailli impérial (ou prévôt). Ce représentant de l’autorité impériale sur le territoire de Kaysersberg assurait aussi une fonction de voué pour les terres alsaciennes de l’abbaye de Saint-Dié (notamment à Ingersheim).

Pendant la seconde moitié du 15e siècle, le château fut modernisé pour adapter ses défenses au progrès de l’artillerie, notamment à l’usage des armes à feu.

Les malheurs du château

En 1525, le château fut pillé par Wolf Wagner lors de la guerre des Paysans. Il fut restauré en 1583 par le bailli impérial Lazare de Schwendi.

La guerre de Trente Ans n’épargna pas le château. En 1632, les mercenaires de l’armée du roi de Suède assiégèrent et bombardèrent la forteresse qui prit feu.

Le 24 octobre 1648, à la signature du Traité de Westphalie, Kaysersberg et son château furent rattachés au royaume de France. Le roi de France n’entreprit aucune réhabilitation du château.

A la Révolution française, il fut vendu avec les biens nationaux. En 1796, le domaine passa par les mains de François Joseph Boecklin de Boecklinsau, maire du village voisin de Kientzheim, qui y planta des vignes.

Kaysersberg et l’Alsace furent annexés par l’Allemagne en 1871 et, en 1899, la forteresse devint propriété du Reichland d’Alsace-Lorraine.

En 1919, le château fut acquis par l’État français et classés monument historique en 1930.

Château de Kaysersberg © French Moments

En 1955, une grande campagne de restauration a été menée pour valoriser les ruines du château de Kaysersberg, notamment les remparts et le donjon. Depuis, les visiteurs peuvent découvrir les ruines du Schlossberg et monter au sommet du donjon pour jouir d’une vue imprenable sur les alentours


La légende du trésor du château

Le château vu du vignoble © French Moments

À la fin du 18e siècle, une légende se propagea dans les alentours. Un fabuleux trésor aurait été caché dans le château par l’empereur Barberousse. La fausse rumeur attira des bourgeois cupides qui réalisèrent des fouilles sauvages. Ils dynamitèrent au passage de nombreux rochers et, pour ainsi dire, taillèrent dans la masse. Le château fut gravement endommagé (inutilement !) par cette chasse au trésor qui ne mena les hommes avides de richesse.


La visite du château de Kaysersberg

Château de Kaysersberg © French Moments

Situé à 295 mètres, le château surplombe la ville de Kaysersberg de 50 mètres. On accède à la cour du château par une porte en plein cintre. Remarquez à gauche une canonnière à fente cruciforme et une bouche de tir circulaire.

Le plan du château

Le château de Kaysersberg a été édifié selon un plan triangulaire. Il est dominé par le donjon s’élevant dans la pointe supérieure et enchemisé dans un mur bouclier. Hormis le donjon et les courtines, il ne reste plus rien des logis, ponts-levis, écuries et autres structures d’origine médiévale.

Le donjon

Le donjon du château de Kaysersberg © French Moments

La tour cylindrique du donjon est le seul vestige encore debout du château de Kaysersberg. Elle est de plus la partie la plus ancienne du château… et un des donjons les plus vieux d’Alsace. Il partage les mêmes caractéristiques que le donjon du château du Pflixbourg au débouché de la vallée de Munster.

Le donjon est situé du côté de l’attaque, le point le plus vulnérable de la forteresse. Il s’agissait d’une tour de défense passive et active : on n’y résidait donc pas. Ses murs atteignent une épaisseur de 4,42 mètres et son diamètre de 11 mètres. La puissante tour crénelée, haute de 22 mètres, est visible depuis de nombreux endroits de la ville.

Quant au logis, il se situait contre la courtine Est. On remarque encore aujourd’hui des fenêtres en arc brisé.

Cliquer pour visualiser le diaporama.

L’accès au sommet se fait par un escalier à vis en béton de 100 marches qui remplace (heureusement !) les échelles du Moyen-Âge. En 1866, on avait percé la base du donjon pour le rendre accessible au public. On y découvre une vue magnifique sur la ville de Kaysersberg, la vallée de la Weiss, le vignoble du grand cru Mamberg, la plaine du Rhin puis, à l’horizon, la ligne bleue de la Forêt-Noire.

Les courtines du château

Les remparts de Kaysersberg rattachés au château © French Moments

Le donjon est entouré d’une muraille selon un plan en bec (on dit que celui-ci est enchemisé). Vous pouvez encore observer les courtines à chemin de ronde du château qui dévalent la pente en direction de la ville. Elles y rejoignent les anciens remparts de Kaysersberg.


Quelques conseils de visite

Cliquer pour visualiser le diaporama.

La visite du château, propriété de l’État, s’effectue sous l’entière responsabilité du visiteur.

Surveillez les enfants et évitez d’escalader les murs : les ruines restent fragiles et des chutes de pierre sont toujours possibles.

Le sommet du donjon est accessible et ouvert pendant la journée.

Pour en savoir plus Kaysersberg, suivez le lien !

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