Au cœur des Causses du Sud Quercy

Publié le 14 mars 2017 par Ailleurstoujours @TjsEtreAilleurs
Mes articles sur la France s'épuisent petit à petit, en attendant que j'y retourne plus longuement, l'été prochain. Mais il me reste encore quelques balades à vous conter, comme celle effectuée l'été dernier, au cœur du parc naturel régional des Causses du Sud Quercy. Nous nous y étions retrouvés, après Cahors, avec des amis, pour une journée prétexte à effectuer quelques visites : c'était le lieu de rendez-vous idéal, à mi-chemin entre Limoges et Toulouse, regorgeant de merveilles n'attendant qu'à être découvertes.

Château de Cénevières

Pour notre premier arrêt, nous avons rejoint le château de Cénevières, impressionnant château Renaissance bâti sur les bords du Lot, au creux de l'un de ses méandres. Nous sommes accueillis à la porte par le propriétaire en personne, le comte de Braquilanges, qui sortait justement faire quelques emplettes au village plus bas. S'engage une conversation amicale avec ce sympathique arrière-grand-père, passionné par cette bâtisse dans sa famille depuis des générations : il nous raconte son histoire, les personnages illustres qui se sont succédé au sein de ses murs... Bref, nous avons le droit à une pré-visite guidée avant qu'il nous laisse aux bons soins du jeune guide, un étudiant en histoire présent pour la saison, qui nous fera découvrir l'endroit. Une rencontre aussi émouvante qu'inattendue.   Le château est un mélange de diverses architectures : on retrouve des traces du Moyen Âge, comme le donjon à droite, mais il a été modernisé à la Renaissance, avec l'ajout de la toiture en pente remplaçant la terrasse avec créneaux.En fait de famille, ce sont trois d'entre elles qui ont successivement occupé le château : pour commencer, les Gourdon, les fondateurs, qui commencèrent par fortifier la grotte naturelle sur laquelle est construit le château, au XIe siècle, avant de faire édifier le donjon au XIIIe. À la mort d'Antoine de Gourdon en 1616, la famille passe aux La Tour du Pin Gouvernet par le remariage de sa veuve. La troisième passation a lieu après la Révolution française, alors que Jean Frédéric de La Tour du Pin vend le château à Louis Naurissart quelques mois avant d'être guillotiné. Depuis, le château est toujours dans la famille : il est ouvert au public depuis 1957, année où il obtint le classement aux Monuments historiques, entraînant par là même le début des rénovations.Cette riche généalogie nous est décrite dès le porche où sont accrochés les blasons des différentes familles liées au château (on vous laissera la surprise de découvrir la place d'Antoine de Saint-Exupéry dans ce large arbre généalogique), puis on arrive dans la cour et là... impossible de ne pas marquer une pause émerveillée de par la situation du château, surplombant le Lot. On ne se rend pas bien compte, en arrivant par la route, de sa position... Et on ne s'attend, surtout pas, à un tel spectacle. La campagne s'étend à nos pieds, à perte de vue. Quelle vue ! Quand on se retourne, on fait face à l'imposante galerie Renaissance, d'influence italienne. Celle-ci a malheureusement souffert pendant la Terreur, quand des villageois eurent la bonne idée de vouloir piller et incendier le château... Les dégâts furent évités grâce à la présence d'esprit du gardien qui conduisit les intrus vers la cave à vin...
Après avoir profité du panorama, on accède aux intérieurs : le château ne se visite en effet que sur visite guidée. On découvrira tour à tour le donjon, dont les étages ont été réaménagés à la Renaissance, ainsi que le bâtiment central. La troisième aile, où se situe notamment la chambre du roi (Henri de Navarre y séjourna durant la reconquête de Cahors), n'est pas ouverte à la visite, des travaux de restauration étant nécessaires pour rendre les pièces entièrement sûres. La première salle du parcours est l'une des plus intéressantes par ses peintures murales : on y aperçoit des vues d'Istanbul datant du XVIe siècle, une rareté. Autrefois recouvertes par un enduit, elles furent mises à jour il y a quelques années, tout comme le plafond à caissons, qui lui fut découvert à la suite d'une infiltration d'eau. Autre curiosité remarquable, le cabinet d'alchimie et ses fresques représentant des scènes de la mythologie grecque, comme l'incendie de Troie (ci-dessous). On le doit à Flottard de Gourdon, responsable de l'édification du bâtiment central et de sa galerie, suite à son retour des guerres d'Italie. Il fit également réaménager le donjon pour y vivre plus confortablement.La suite de la visite se poursuit dans des chambres, dans le bâtiment central. Chaque pièce donne sur la galerie.      On emprunte ensuite de nouveau l'imposant escalier du donjon pour faire un nouveau bond dans le temps en pénétrant dans les parties les plus anciennes du château, qui sont restées intouchées durant les réaménagements et qui conservent leur atmosphère moyenâgeuse : les cuisines, la salle des gardes puis les oubliettes, la chapelle, désormais inutilisée, en sous-sol...Le château de visite d'avril à novembre ; l'été, de nombreuses animations ont lieu, notamment des visites nocturnes à la chandelle, en costume. Le lieu peut également être loué pour des événements, comme des mariages. Outre ses caractéristiques remarquables, le château de Cénevière mérite d'être découvert pour la passion et l'amour que ses propriétaires lui portent : un incontournable de la région !
Château de Cénevières46330 CénevièresEntrée : 7 €

Dans les alentours

Calvignac

L'heure du déjeuner approche et nous décidons de pousser jusqu'au village voisin, Calvignac. À défaut de trouver de quoi nous sustenter (le village ne comporte qu'un restaurant, aux tarifs un peu élevés – nous finirons par trouver notre bonheur à Limogne-en-Quercy où nous aurons le droit au service le plus long du monde mais bref, ce n'est pas le sujet), à défaut de trouver de quoi nous sustenter disais-je donc, nous tombons sur un petit village très mignon, presque entièrement désert, qui propose notamment un très beau point de vue sur le château de Cénevières, permettant de mieux apprécier sa position en surplomb du Lot et dominant tous les alentours.   Nous nous faufilons dans les petites ruelles en pente jusqu'à arriver de l'autre côté du village, sur un large promontoire derrière l'église qui permet une fois de plus d'apprécier le panorama sur le Lot en contrebas et les paysages alentour. J'ai vivement regretté que nous n'avions pas choisi l'option pique-nique ce jour-là car cela aurait été un lieu tout indiqué pour manger tout en profitant de la vue !

Château de Couanac

Le château de Couanac était notre deuxième visite sur la liste ce jour-là. Le site est complètement différent de Cénevières : perdu au milieu d'un vaste domaine boisé, dans un milieu beaucoup plus désertique, qui cette fois fait bien plus penser au causse d'après lequel le parc régional est nommé. Le bâtiment est également plus austère : il faut en faire tout le tour pour arriver à l'accueil. Malheureusement ce jour-là nous n'en verrons pas plus, par manque de notre part d'espèces sonnantes et trébuchantes. Plutôt que de faire l'aller-retour au village le plus proche, nous mettons finalement cap sur Saint-Cirq-Lapopie pour la fin de la journée, que mes amis ne connaissez pas.

Et le reste ?

Les alentours ne manquent pas d'autres lieux d'intérêt :
  • Pour une pause détente au bord du Lot, il y a la base nautique de Cénevières, liée au château, où il est possible de louer pédalo et kayak. Sinon, il y a une plage au pied de Saint-Cirq-Lapopie, non loin du camping.
  • Encore plus au sud de Couanac, presque à la limite du parc régional, se trouvent les Phosphatières du Cloup d'Aral, des mines de phosphates à ciel ouvert où prolifère une végétation tropicale.
  • Non loin de Limogne-en-Quercy se trouve le prieuré de Laramière : l'entrée est payante mais vous pouvez rentrer dans l'église gratuitement.