Quiet time

Publié le 22 février 2017 par Pomdepin @pom2pin

Ceux qui suivent les États d’esprit du vendredi savent que je suis un chouïa stressée à cause de Zaza et de son brexit en ce moment, et que donc je dors comme un bébé c’est à dire pas du tout. Du coup, dans la journée, je suis un peu beaucoup embrumée. Beuh. J’ai les neurones qui refusent de s’enclencher, je soupçonne un mouvement revendicatif pour protester contre leurs conditions de travail. Bref, je ne suis pas contre me poser sur le canapé, si WizzBoy est un peu crevé en rentrant de la preschool. Comme quand il faisait encore la sieste. J’en avais déjà parlé, et bien c’est une erreur. 


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Il arrive donc exceptionnellement que WizzBoy arrête de sauter partout et s’assoit gentiment pour regarder un dessin animé débile du style ninjago, qui est une plaie une émission culturelle pour améliorer son anglais (et toc, le premier qui critique, je lui balance le bilinguisme et tout ça, non mais). Du coup je me dis que j’ai à peu près 23 minutes pour souffler aussi, éventuellement même fermer un oeil (pas deux, avec WizzBoy c’est dangereux). C’est là que les ennuis commencent. Ça débute en douceur, par le crissement mélodieux des griffes de Capucine sur la vitre, à mi chemin entre la fraise du dentiste et les cris d’agonie d’un violon entre les mains de L’Ado. Elle veut rentrer, pas par la porte fenêtre qui est grande ouverte, mais par celle d’a côté, beaucoup plus jolie visiblement, et bien sur fermée. En fait non, c’était une ruse. Après avoir hésité pendant 5 minutes, elle repart. Pour mieux revenir et reprendre sa manucure sur la vitre. Et faire à nouveau semblant de rentrer. Toute cette activité a excité Penelope qui suit les opérations avec d’autant plus d’intérêt qu’elle n’a pas encore le droit de sortir. Elle saute littéralement de joie sur Capucine qui s’est enfin décidée à avancer un coussinet prudent dedans. Je ne comprends pas complément le language chat, mais il semblerait que la grande couvre la petite d’insultes, avant de se décider à rester dehors, pour la narguer par la fenêtre, style, tralalèreuh, moi je peux aller jouer dehors et pas toi-euh. Du coup, Penelope chouine plaintivement. Ce n’est pas forcément  bruyant, mais très très agaçant. Et je rappelle que pendant toutes ses opérations, je suis restée bêtement plantée à ouvrir et fermer la porte en continu. Sales bêtes. 

Bon ça va bien comme ça, il me reste 16 minutes 32 de ninjas débiles paix,  je me remets sur le canapé, ça va le faire. C’est à ce moment que retentit un grand bruit sourd, ça vient de la porte d’entrée! C’est une attaque médiévale à coup de bélier? Les indiens? Un chauffard qui est a dérapé jusque dans la porte? Un éléphant échappé du zoo? Non, c’est L’Ado qui a oublié ses clés et essaie de défoncer la porte pour rentrer. Ça l’a d’ailleurs mis de mauvaise humeur, il grommelle bruyamment, balance ses chaussures dans le mur, met la musique à fond, ressort de sa chambre en claquant la porte, et se poste devant le frigo. Il est contrarié, vocalement parlant, parce qu’il n’y jamais rien pour se nourrir ici, et il est au bord de l’inanition. Il prend une pizza, y rajoute des frites, des nuggets de poulet, et après réflexion, du maïs et une tomate, pour rester healthy, et un peu de gruyère râpé pour le calcium bien sur. Il enclenche le micro onde dans un torrent de jurons bilingues. Puis il s’endort la tête appuyée dans le frigo ouvert.

Heureusement, le téléphone le réveille juste à temps pour sortir sa pizza du four, dans une traînée de fromage fondu. Pas d’affolement, c’était juste un vendeur qui voulait savoir si je songeais à faire refaire la toiture, puisque je viens de changer le canapé. Ah. Pas de soucis, les tuiles ne fuient pas, et on a bêtement installé le canapé dans le salon, pas sur le toit. Et depuis quand les magasins d’ameublement vendent mon numéro aux couvreurs? Mais ça a mis en forme le téléphone, qui veut jouer aussi. Alors qu’il ne reste que 13 minutes 41 aux serpents pour bouffer une bonne fois pour toute ces fichus ninjas qu’on en parle plus  de dessins animés. J’ai ensuite droit à l’enquête d’opinion, menée depuis un call center en Inde. Les indiens ont un accent charmant, certes mais quand même particulier en anglais. Moi aussi. C’est l’incompréhension totale de part et d’autre. Au bout de cinq minutes de dialogue de sourds, je raccroche. Ouf, il était temps, j’aurais pu manquer l’appel du « no win no fee » du jour (ce sont des franchises de cabinets d’avocats qui proposent de monter des dossiers de compensation pour tout et surtout n’importe quoi). Aujourd’hui, c’est pour les erreurs médicales, hier, c’étaient les accidents du travail. Si je les croise un jour, ils risquent effectivement l’accident du travail. Je dis ça comme ça. Dans 7 minutes 38, les ninjas vont encore se mettrent à beugler leur générique…(ils sont nuls les méchants, ça ne doit pas être compliqué de démonter des héros en legos quand même! Déjà, ici ils perdent direct leur perruque) et revoilà l’Ado, flanqué de la chatte, qui retourne le salon en tout sens à la recherche de son i-phone. Il entame de déplacer les meubles dans un boucan d’enfer. Je lui demande gentiment de la fermer et d’arrêter son p*tain de bordel. Ça suffit comme ça! Je veux mes 3 minutes 07 de paix. 

C’est d’ailleurs ce que me propose l’illuminé religieux qui vient de sonner, la paix et la joie avec Jésus. Attention, je vais mordre. Manque de chance le harceleur voisin m’a vu ouvrir la porte (ça fait deux heures qu’il désherbe un massif de trois centimètre carré d’où il a une vue imprenable sur notre jardin devant). Ah. Non mais là, je n’ai pas le temps de discuter, ça va être l’heure d’aller chercher PrincesseChipie à l’école, le dessin animé est fini. D’ailleurs WizzBoy refuse de mettre son manteau, il recrée l’action. Vocalement. Avec Pénélope dans le rôle du méchant et lui dans celui d’une tornade vrombissante. Raté pour le quiet time. C’est la faute des ninjas tout ça. Aaargh.