Vanuatu #7 – Le bonheur est dans le village de Botco

Vanuatu #7 – Le bonheur est dans le village de Botco

Il existe un endroit extraordinaire sur l’île de Mallicolo. Cet endroit, c’est le village de Botco, un lieu hors des sentiers battus, où le temps s’est tout simplement arrêté. Avec des rencontres authentiques qui nous ont profondément touchés, je ne pouvais rêver d’un meilleur endroit pour clore cette série d’articles sur notre voyage au Vanuatu. Retour sur deux petits jours inoubliables.

Village de Botco

Le mystère du village de Botco

Jamais nous n’aurions connu l’existence de ce village sans Zaza. « On veut aller dans un endroit authentique », lui a t-on dit, « un endroit préservé du tourisme où l’on peut aller à la rencontre des Ni-van ». C’est comme ça que Zaza nous lâche les mots magiques : « le village de Botco ».

Après des heures de recherches intenses sur Internet pour voir à quoi ressemblait cet endroit mystique, nous ne trouvons que deux informations pertinentes, deux articles écrits par la même journaliste et parus dans Le Monde et Le Devoir.

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Ainsi, on apprend que cet endroit serait connu pour avoir hébergé le lieu de rituels cannibales jusqu’en 1960. Aujourd’hui, malheureusement, toute trace ou presque de ce site aurait disparu. Il ne resterait que le village et ses quelques habitants. Banco ! Il ne nous en fallait pas plus pour se décider à aller passer un peu de temps dans ce fameux village de Botco, éloigné de toute civilisation moderne !

Village de Botco

Rencontre avec la plus belle fillette au monde

Village de BotcoPendant que nous assistions aux danses traditionnelles des Small Nambas et qu’Erima nous attendait patiemment, une petite fille s’est assise à ses côtés sur le bord du chemin.

Cette petite fille, toute de bleu vêtue, c’est Aniella. Elle a huit ans, et un regard à faire fondre n’importe qui.

Elle a entendu dire que des touristes allaient passer deux jours dans le village de Botco, à plusieurs heures de marche d’ici, et elle demande timidement si elle peut venir avec nous. Elle explique qu’elle vit chez sa grande sœur sur la côte de l’île, et ses parents, qui habitent à Botco, lui manquent car elle ne les voit pas souvent. Impossible de lui dire non.

Aniella, petite ni-van

L’expédition de l’équipée sauvage

Après avoir enfilé nos sacs à dos, nous voilà partis dans une véritable expédition afin de rejoindre ce fameux village : une longue marche en direction du centre de l’île qui devrait durer entre cinq et six heures. Fort heureusement et assez rapidement, un pick-up accepte de nous prendre en stop et nous fait gagner trois heures de marche en plein soleil. Il nous dépose au début d’un sentier sinueux qui pénètre dans la forêt.

Nous nous enfonçons dans les entrailles de l’île sans croiser personne pendant des kilomètres. Nous sommes épuisés, les sacs à dos sont lourds, et nous transpirons beaucoup. De son côté, la petite Aniella est pleine de vie, chantonne, et marche pieds nus depuis des heures sans se plaindre. Je développe une vraie admiration pour elle.

Petit à petit, nous commençons à sortir de la forêt et traversons d’immenses cocoteraies où sont installés des fours artisanaux permettant d’extraire l’huile de coprah.

Village de Botco

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Tellement heureuse à l’idée de revoir sa maman, la petite fille commence à courir et à appeler sa famille à travers les montagnes. Les voix résonnent et au bout d’un moment, un écho lointain se fait entendre. Ça y est, elle venait d’annoncer en bislama notre arrivée au village.

Village de Botco

Immersion dans le village de Botco

Après trois heures d’intense transpiration et une dernière côte bien raide,  nous arrivons sur la « place centrale » du village. Nous sommes accueillis par Rachel, 55 ans, la doyenne de la famille chez laquelle nous allons passer la nuit. Malheureusement, nous ne ferons pas la connaissance de Gilbert, son mari, parti chasser durant plusieurs jours.

Village de Botco

Damarys et Rachel

Pour nous remettre de cette longue marche et se laver un peu, on nous indique la rivière en contrebas dans laquelle se trouve une sorte de baignoire naturelle utilisée par les habitants.

Village de Botco

Puis, nous profitons de notre temps libre pour visiter les alentours. Les habitants du village vivent dans des maisons de bois éparpillées au sommet d’une colline, complètement isolées de tout. Il y a cependant un lieu de culte, une sorte d’église construite en tôles pliées, ainsi qu’une toute petite école qui donne l’impression de pouvoir s’effondrer à tout moment.

Village de Botco

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Village de Botco

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Vanuatu #7 – Le bonheur est dans le village de Botco

Les quelques habitants semblent plutôt timides mais n’oublient jamais d’échanger avec nous leurs plus beaux sourires quand nous les croisons. Heureusement, il nous restait encore des sachets de bonbons dans nos sacs à dos, et les quelques enfants qui résident dans le village sont encore une fois devenus nos meilleurs amis.

Village de Botco

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En fin d’après-midi, nous essayons de faire plus ample connaissance avec Rachel et sa famille, tous assis sur une natte, au milieu des cases du village. Ce n’est pas évident puisque nous ne parlons pas la même langue, mais rien que le sourire de Rachel, sa façon de rire ou de nous taper sur les cuisses comme une grand-mère attentionnée, nous ont permis de très bons moments d’échanges. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Rachel, elle est vraiment trop marrante. (Elle ne se souvenait jamais des prénoms de ses petits-enfants, donnant lieu à des situations très drôles, de quoi bien nous faire rire !).

Village de Botco

Repas familial autour du lap lap, le plat traditionnel

Pour le diner, Rachel nous a concocté le plat national du Vanuatu, le lap lap. Des racines de manioc ou de tarot râpées, puis malaxées dans du lait de coco frais afin d’en faire une sorte de pâte, le tout est agrémenté de porc, de poulet, de poisson ou même de chauve-souris puis empaqueté dans des feuilles de tarot ou de bele (une sorte d’épinard du Pacifique). Cette préparation est ensuite cuite à l’étouffée : elle est mise dans le four traditionnel, un trou creusé dans le sol, avant d’être recouverte de pierres brûlantes. Ce soir, notre lap lap sera aux crevettes pêchées le jour-même dans la rivière, spécialement pour notre venue. Un grand luxe.

C’est dans leur cuisine qu’ils nous invitent à prendre notre repas en leur compagnie. Entendez par cuisine, une minuscule case où un feu de bois à été allumé dans un coin afin de faire cuire le reste des aliments. Nous sommes pratiquement dans le noir, uniquement éclairés par deux petites lampes solaires.

Village de Botco Vanuatu #7 – Le bonheur est dans le village de Botco

Nous nous installons en cercle, assis en tailleur sur les nattes posées au sol, autour de ce gargantuesque plat. Inutile de préciser qu’ici, tout le monde mange avec les doigts.

Vous ne verrez aucune photo de ce moment partagé avec eux pour plusieurs raisons. D’une part, nous ne souhaitions pas les mitrailler de photos, les mettre mal à l’aise et faire les touristes « de base ». D’autre part, nous avons trouvé ce moment tellement surréaliste et intime, que nous avons voulu simplement le conserver dans un coin de notre tête. Pour la première fois, nous posons appareil photo, caméra, et téléphone, pour profiter pleinement dans ce moment d’échange.

Bien entendu, cela aurait été trop beau si tout s’était déroulé sans encombre ! Timidement et quelque peu gênés, les membres de la famille de Rachel nous regardent, et semblent attendre quelque chose… Avec mon tact légendaire, pensant qu’ils souhaitaient que l’on commence à manger, je décide de briser ce silence sortant avec mon plus beau sourire un superbe « should I start? ». Ils me répondent alors « oui », je commence donc à mettre ma main dans le plat. Mais en voyant leurs regards effarés, je comprends une fraction de seconde trop tard, qu’ils attendaient en fait que je commence à réciter… la prière ! Grand moment de solitude… Mais les ni-van sont, sans aucun doute, les gens les plus gentils du monde, et personne ne m’en a tenu rigueur 🙂

Une nuit… seuls au monde !

La case qu’ils nous ont aménagé pour la nuit est totalement isolée, située à plus de cinq minutes de marche du village, juste à côté de leur champs de plantation ! Dépaysement garanti.

Village de Botco

En tout et pour tout, le bungalow contient un très fin matelas de mousse installé juste pour nous. Avec le drapeau kanak en guise de drap, on ne pouvait pas rêver mieux 😉

Village de Botco

On ne vous cache pas que l’on n’a pratiquement pas fermé l’œil de la nuit, allongés quasiment à même le plancher… Et dès l’aube, les hommes du village se sont attelés à préparer un grand feu juste à côté de notre cabane. Envie de faire une grasse matinée à Botco ? Passez votre chemin !

Un petit déj’ plutôt… atypique !

Village de BotcoManger des racines de tarot grillées au feu de bois dès le matin, ça peut rapidement devenir indigeste. Pour diluer tout ça, Rachel nous a préparé de l’eau chaude du thé aromatisé avec des feuilles fraîchement cueillies. On se rendra vite compte qu’ils n’achètent pratiquement rien : ils mangent ce qu’ils chassent, pêchent ou cultivent, et se servent de tout ce que la nature offre. Beaucoup d’igname, de tarot et de choux local. En trois repas, le seul aliment ingurgité sortant d’un magasin d’alimentation aura été une boîte de thon.

Nous passerons le reste de la journée à nous promener et à discuter ensemble assis sur les nattes. J’en profite pour donner à Rachel des médicaments. Elle me demande également si elle peut garder les deux bouteilles d’eau vides que nous avions emmenées avec nous… Ces choses totalement insignifiantes pour nous, étaient extrêmement précieuses aux yeux de Rachel : ces bouteilles allaient servir à rapporter de l’eau de la rivière jusqu’au village.

Deux bouteilles d’eau vides et une boîte de paracétamol ont fait le bonheur de Rachel.

Des adieux déchirants

Je ne vous cache pas que cela a été dur émotionnellement de quitter cette famille si authentique, complètement détachée de tout besoin matériel, à des années lumières de ce monde qui peut être parfois si superficiel.

Avant de repartir, Rachel tient à nous remercier et nous prend dans ses bras. Elle ira même jusqu’à dire « Merci beaucoup, pour les bonbons, pour les stylos, pour les bouteilles d’eau et les médicaments, vous nous avez beaucoup aidé ». Mais non Rachel, c’est moi qui te remercie. Le peu de temps passé en ta compagnie a été incroyablement enrichissant, et nous a permis une nouvelle fois de mettre le sens de notre vie en perspective. Au moment quitter le village, j’ai les larmes aux yeux et je me retiens de toutes mes forces de ne pas pleurer. Côtoyer les habitants de Botco, c’est une vraie leçon de vie et d’humilité.

Pour le retour, la petite troupe s’est encore agrandie : Erima redescend du village avec ses deux fils Carlos et Fernando, Aniella est également de la partie car elle doit rentrer chez sa grande sœur, et nous prenons en charge la petite Damarys, 4 ans, afin de la déposer chez ses parents, à mi-chemin au beau milieu de la forêt. Une fois revenus sur la côte de l’île, en fin de journée, nous les quitteront également le cœur serré.

Sous le signe de la spiritualité

Pour notre dernier jour au Vanuatu, nous sommes invités par les habitants à assister à la messe catholique, au sein de l’église perchée en haut d’une colline offrant une vue magnifique.

Eglise

Ile de Malekula

Par un heureux hasard, nous apercevons Aniella qui vient immédiatement nous dire bonjour. Beaucoup d’habitants curieux viennent nous voir, pour se présenter, nous serrer la main et nous souhaiter la bienvenue. Il s’agit sans aucun doute de l’accueil le plus chaleureux reçu pendant nos voyages. A mes yeux, la sortie de la messe est une belle façon de résumer le Vanuatu : un accueil chaleureux, des habits colorés, des rires et des sourires. Et une profonde générosité.

Après la messe

Après avoir dit au revoir à tout le monde, c’est Stephano qui est chargé de nous ramener au petit « aéroport ». Stephano est un militant activiste pour l’indépendance économique de son pays. Son discours est passionné et touchant. Et c’est de tout cœur que je lui souhaite bonne chance dans son combat.

Aéroport de Malekula

Épilogue

En disant au revoir à cette famille ni-van d’une sincérité touchante, je savais pertinemment que je ne les reverrai jamais. Deux mondes nous séparent, mais de notre côté, impossible de reprendre le cours de notre vie et de faire comme si de rien n’était. Je n’oublierai jamais le village de Botco et ses habitants, perdus au fin fond de la forêt. Des rires, des discussions interminables sur les nattes, des poules en liberté, des champs de plantations, des cases faites de feuilles de pandanus, un feu de bois et une rivière : nul besoin de plus, l’essentiel est là.

Aniella, petite ni-van

INFOS & ASTUCES

#1 : Nous nous sommes rendus sur l’île de Botco grâce à Zaza qui a, une fois de plus, tout organisé. Si vous souhaitez partir découvrir les tribus Nambas, je vous conseille de faire appel à elle !

#2 : Si vous souhaitez Erima comme guide locale, demandez à Étienne et Lynn, ils arrangeront tout pour vous. Prix par jour : 2.000 vt.

#3 : Une nuit au sein du village de Botco coûte 3.000 vt. Les repas, parfois très sommaires (on vous prévient !), coûtent 500 vt. Gardez en tête que le confort au sein du village est rustique et s’adresse à des voyageurs prêts à sacrifier ce critère au profit de l’expérience !

#4 : Si vous avez la chance de passer quelques jours au village de Botco, prenez des fournitures scolaires ou des bonbons pour les enfants. Tout ce que vous pourrez leur rapporter leur sera d’une grande utilité.