Maurice, une île multiculturelle entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie

Maurice, une île multiculturelle entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie

L’île Maurice, toujours redécouverte

L’histoire des successives « découvertes » de l’île laissait déjà entrevoir un destin multiculturel. Bien qu’ils ne laissèrent pas de trace sur l’île Maurice, on suppose que les Austronésiens furent les premiers à découvrir l’archipel des Mascareignes. En effet, ce sont eux qui peuplèrent la voisine Madagascar entre 2000 et 1500 av. J.-C. Les Romains l’auraient, ensuite, découverte à l’occasion de la première circumnavigation de l’Afrique, soit vers -600. Puis, vint le tour des Arabes, probablement au Moyen-Âge, qui donnèrent à l’île le nom de Dina Arobi. Les Européens n’y arrivèrent qu’au début du XVIe siècle et lorsque les Portugais visitèrent l’île, ils la nommèrent Cirné. Mais, il fallut attendre 1598 pour que les premiers colons hollandais ne s’y installent. De 1715 à 1810, l’île Maurice passa sous domination française, avant que ne vienne la période anglaise, qui dura jusqu’en 1986.

De l’importance de l’économie

Pour compléter le panorama démographique de l’île, il faut ajouter à cette histoire politique et militaire, un récit économique. Les premiers colons, des Hollandais, débarquèrent avec leurs esclaves africains. Ils introduisirent la canne à sucre et s’en furent en 1710, après de graves problèmes climatiques. Les colons français, quant à eux, importèrent, dès la première moitié du XVIIIème siècle, plusieurs centaines d’esclaves venus du Sénégal et de la Guinée. Ensuite, des esclaves pris en majorité sur l’île de Madagascar et en Afrique orientale arrivèrent par milliers. À la fin de l’occupation française, 80% de la population était constituée d’esclaves qui ne connurent pas les bénéfices de la Révolution française et durent attendre l’abolition de l’esclavage dans toutes les colonies britanniques, en 1835. Face au besoin de main-d’œuvre pour les plantations sucrières, l’administration anglaise recourut alors à des travailleurs indiens. Entre 1835 et 1865, ce sont plus de 200 000 immigrants indiens et chinois qui arrivèrent à l’île Maurice, en changeant radicalement la composition ethnique.

Une île, plusieurs communautés

La population de l’île Maurice d’aujourd’hui est ainsi le résultat de cette histoire. On y trouve une communauté blanche, composée des descendants des colons français et anglais, une communauté créole, issue des esclaves africains, des communautés indiennes hindoues, tamoules et musulmanes, et une communauté chinoise. Si les habitants issus de l’immigration européenne sont minoritaires en termes de population, ils conservent une grande partie du pouvoir économique. La communauté créole, par contre, pâtit toujours du difficile héritage de l’esclavagisme et forme la population la plus pauvre de l’île. Remarquons aussi que la majorité des Mauriciens, à savoir 65,8%, sont aujourd’hui d’origine indienne.

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Différentes origines, différentes religions

Cette mosaïque d’origines et d’ethnies implique une grande diversité religieuse. En effet, dans le pays cohabitent pacifiquement hindous et tamouls (50%), musulmans (20%), chrétiens (15%) et bouddhistes (2%). Pour faire honneur à cette diversité, l’État a mis en place des jours fériés pour chaque grande communauté religieuse. Ainsi, les hindous ont quatre fêtes, les tamouls une, les chrétiens fêtent Noël et Pâques ou la Toussaint selon les ans, les musulmans l’Aïd à la fin du Ramadan et les Chinois leur Nouvel an.

« You parle créole ? »

Sur le plan linguistique, en plus de faire partie de la francophonie, certains Mauriciens parlent des langues indiennes telles que le bhojpuri, tandis que tous ont comme langue commune le créole. Né du besoin de communication entre les esclaves et leurs maîtres, le créole est nourri du français, de l’anglais, de plusieurs langues africaines, ainsi que de l’hindi et constitue la base de l’identité culturelle des populations venues d’Afrique. Si le créole commence à peine à être enseigné à l’école, d’autres langues le sont aussi : les enfants des différentes communautés linguistiques peuvent suivre leur scolarité en hindi, marathi, tamoul ou encore mandarin.

Et dire que tout ce petit monde d’à peine plus d’un million d’habitants tient sur moins de 2000 km2 ! Aussi, si vous prévoyez des vacances à l’île Maurice, n’oubliez pas de profiter des plages paradisiaques, telle que celle de Trou-aux-Biches, de visiter le jardin de Pamplemousse, de faire un tour par le village de Calodyne et de vous promener dans les réserves naturelles. Mais, ne manquez pas de vous imprégner de l’ambiance multiculturelle unique qui règne sur l’île!