Ouvrons ensemble un nouveau chapitre de la vie passionnante des expatriés grâce à Farnaz ! Ce sont pas moins de 4 articles sur ses expériences à l'étranger, emplis d'anecdotes et de nostalgie qui vous attendent. Farnaz a commencé ses premiers pas de globe-trotteuse en réalisant un stage dans le cinéma en Iran. Destination incroyable qu'elle a redécouvert avec un œil nouveau...
1 - Pourrais-tu te présenter ?
Je m'appelle Farnaz, j'ai 24 ans. Je suis franco-iranienne : je suis née en Iran et j'ai grandi en France. J'ai fait des études en sciences politiques avec une spécialité dans la gestion de projets des ONG.
2 - Quelle a été la première destination où tu as travaillé ? Et pour quelle raison tu l'as choisie ?
Ma première expérience professionnelle à l'étranger s'est déroulée en Iran, plus précisément à Téhéran ! Ça me fait drôle maintenant que j'y pense.
J'étais alors en deuxième année de licence en LEA (Langues Étrangères Appliquées) et en première année de licence en Cinéma. Il me fallait trouver un stage pour passer en troisième année de LEA et je cherchais quelque chose qui puisse combiner les deux. Par ailleurs, il m'était inconcevable de le faire en France. Donc j'ai regardé les possibilités qui s'offraient à moi. Pour être honnête, je dirais que c'est plutôt la destination qui m'a choisie !
3 - Combien de temps tu as passé sur place ?
Deux mois (fin juin-fin août 2011) dont les ¾ du temps à Téhéran.
4 - Comment tu as trouvé ce stage et quelles étaient tes tâches ?
Trouver ce stage a été le plus dur. Mais ça m'a permis de comprendre que lorsqu'on souhaite quelque chose à tout prix, il faut se donner les moyens. J'ai envoyé des tonnes de CV et en ai parlé à tout le monde autour de moi. J'avais beaucoup de pression car tous les gens de la promo (à part une poignée d'irréductibles) avaient trouvé leur stage mais en France. Jusqu'au jour où je me suis tournée vers ma propre famille, celle qui est encore en Iran. J'avais cru entendre un jour, lors d'une conversation, qu'une cousine germaine de mon père était réalisatrice en Iran. Après de nombreuses tentatives (la plupart vaines) pour prendre contact avec elle, quelques conversations téléphoniques par ci et quelques mails par là, le stage a été validé et je me suis envolée pour l'Iran. J'ai donc travaillé dans sa société de production cinématographique. Au départ réalisatrice, elle avait décidé par la suite de se focaliser sur la production et d'accompagner les projets de jeunes réalisateurs à Téhéran (SABZ FILM, basée à Téhéran).
Mes principales missions ont été les suivantes :
- Sous-titrage (persan -> français) de trois films (un long et deux courts) ;
- Initiation au montage ;
- Participation à la préparation du tournage ;
- Représentation de la société de production lors de l'inauguration d'un festival national au nord-ouest du pays (un des films produits avait été nominé dans deux catégories et finalement remporté un des deux prix) ;
- Réalisation d'un mini-reportage sur le festival (photos, prise de son + quelques plans) qui m'a servi de complément à mon rapport de stage.
5 - Par quel moyen t'es tu logée ?
Ayant pas mal de famille en Iran, tout le monde se battait pour avoir la " petite française " à la maison quelques jours donc question logement, j'ai eu beaucoup de chance. Sinon, les prix des locations sont relativement faibles en comparaison avec les prix en France. Mais on demande souvent une belle avance (deux mois de loyer voire plus selon les quartiers et les proprios).
6 - Comment tu as vécu la différence des cultures ?
Je suis Iranienne et j'ai grandi en France dans une famille iranienne. Alors on peut penser que le retour en Iran a été très facile pour moi... Mais j'ai grandi en France et une bonne moitié de moi est un pur produit français. J'étais déjà allée en Iran avec ma mère, trois étés avant ce stage, mais je passais tout mon temps à jouer avec les cousins et à rendre visite à toute la famille. Cette fois, c'était différent, j'avais presque 20 ans (un peu plus rebelle et grande gueule que maintenant), j'y allais toute seule, chez un membre de la famille que je ne connaissais pas et pour couronner le tout, pour y travailler !
J'ai découvert un tout autre univers : des rapports Hommes-Femmes très différents de ceux auxquels j'avais été habituée, un État très présent dans la vie de tous les jours, le poids de la religion, les galères administratives (oui j'ai trouvé pire que la France), la place de l'Art dans la société et aussi le contrôle de l'Art... Mais la culture iranienne est là pour rattraper les choses : l'amour des Iraniens pour la poésie (lisez " L'usage du Monde " du grand Nicolas Bouvier, vous verrez qu'il répétera souvent cette idée que l'Iran est le pays le plus poète du monde), la générosité sans égale des Iraniens, leur envie incessante de faire la fête, un profond respect pour les anciens et plein d'autres choses... si bien que la balance retrouve vite son équilibre.
7 - Quels sont tes meilleurs souvenirs ?
Il y en a beaucoup mais je n'en garderai qu'un. Pour présenter le film de la boîte, nous devions nous rendre dans la ville d'Ardebil, au nord-ouest du pays. Le festival nous offrait les billets d'avion mais la cousine de mon père a insisté pour y aller en voiture. J'ai ensuite compris qu'elle m'avait concocté un super road-trip (nous sommes partis 10 jours avant l'inauguration et naïve que je suis, je n'ai pas vu le truc venir !). Nous sommes partis de Téhéran en traversant la belle chaîne de montagnes du nord, en faisant des escales par-ci par-là pour me faire découvrir de sacrées préparations culinaires. Nous sommes ensuite arrivés à la mer Caspienne, que nous avons longé jusqu'à la frontière avec l'Azerbaïdjan, avant de faire escale à Sareïn connue pour ses eau thermales.
La traversée en voiture, l'odeur enivrante qui émanait des rizières, les belles rencontres avec les différentes ethnies iraniennes, les pique-niques improvisés en pleine montagne, la générosité des locaux et la satisfaction de découvrir une si belle région de mon pays natal font de cette escapade mon plus beau souvenir.
9 - Qu'as tu retenu de ce pays ?
C'est un pays que je pensais connaitre à travers mes précédents voyages, ma culture et mes origines mais que j'ai complètement redécouvert. Depuis, j'ai décuplé mon intérêt (déjà grand) pour l'Iran. J'y suis retournée cette année 2016 en backpack pendant l'hiver et ça a été une expérience extrêmement enrichissante. L'Iran est un pays extrêmement varié avec des paysages et des populations d'une extrême diversité allant des turcos-azéris dans leurs belles vallées du nord-ouest, aux Afro-Iraniens du sud, fiers de leurs origines. C'est un pays qui a un patrimoine culturel extrêmement riche et qui mérite vraiment d'être connu davantage, et pas seulement à travers une lecture politique.
10 - As-tu des conseils à donner aux lecteurs ?
Du culot ! Il faut du culot pour réaliser ses rêves, je pense. Ça fait partie de la liste des ingrédients nécessaires en tous cas. C'est comme ça que j'ai obtenu ce stage. N'ayez pas peur de demander autour de vous. Une anecdote : pas plus tard qu'hier, une très bonne amie qui cherche un stage long dans un domaine très précis (la mode au Japon) m'annonce qu'elle vient de dégoter le stage de ses rêves ? Et vous savez comment ? En discutant avec l'un de ses supérieurs pendant un job d'été alimentaire, à des années lumières du secteur de la mode.
Pour ceux qui font des études post-bac, si partir travailler à l'étranger fait partie de l'une de vos priorités, saisissez les opportunités de stage (obligatoire ou non). J'en ai fait 4 en 5 années d'études. Vous trouverez toujours un moyen de vous financer, croyez-moi et c'est une merveilleuse façon de découvrir un pays et de tester vos capacités d'adaptation à l'étranger. Pour ceux qui ont décidé d'arrêter avant la fac ou les études sup en général, il y a pas mal de dispositifs (Service Civique, SVE et cie) pour partir. Vous n'avez plus d'excuses ! 😉