Ma famille, mon île…

Autant j’aime voyager et m’ouvrir aux autres, autant je suis parfois profondément sédentaire et sauvage. Cette semaine, c’est cette deuxième version de moi qui prend le dessus. Ma fille de (bientôt) deux ans a été hospitalisée mercredi pour une laryngite qui a dégénéré rapidement. Alors qu’elle était fiévreuse et qu’elle respirait avec grande difficulté, j’ai dû me résigner à l’idée de me rendre à l’hôpital. Une fois sur place, elle a été vue très rapidement par un médecin qui a confirmé ce que je savais déjà : son état allait nécessiter une hospitalisation en pédiatrie.

J’ai immédiatement fondu en larmes.

Ça vous semble sans doute un peu extrême comme réaction et vous avez raison. Tout comme vous, j’entends parler chaque jour d’enfants malades et je lis leur histoire qui me fend le cœur. Je remercie alors la vie d’avoir trois enfants en santé. Je suis consciente que c’est une chance immense de les voir grandir et s’épanouir. Je sais que cette chance peut m’être enlevée à tout moment, sans préavis. Et si cette peur m’habite parfois, comme c’est le cas cette semaine, c’est que j’ai pensé un jour perdre mon enfant.

Née à 31 semaines de grossesse, ma fille est une grande prématurée et elle a passé ses deux premiers mois à l’hôpital. Sa vie ne tenait alors qu’à quelques fils… Voir son enfant lutter pour sa vie, jour après jour, est une expérience extrêmement déstabilisante. Sera-t-elle là demain lorsque je reviendrai à l’hôpital après quelques heures de sommeil? Aura-t-elle à vivre avec des séquelles liées à sa prématurité? Sera-t-elle un fardeau pour ses frères en vieillissant? Peut-elle aspirer à un avenir « normal »?

Vivre ce genre d’incertitudes laisse des traces dans le cœur et l’esprit d’une maman. Bien qu’à ce jour ma fille ne présente pas de séquelle de sa naissance prématurée, j’en garde des cicatrices. Elles ne sont pas visibles et j’arrive à les oublier de plus en plus souvent, mais elles demeurent présentes. Il suffit d’une journée comme mercredi pour que les plaies s’ouvrent à nouveau et que les douloureux souvenirs rejaillissent… Les inquiétudes, les nuits d’insomnie à répétition, les cauchemars peuplés de mort et de blouses blanches, les alarmes incessantes, les pleurs et les cris étouffés de ceux qui ont moins de chance et dont le regard est difficile à supporter…

Quand je sens ces souvenirs et ces peurs m’envahir, je n’ai qu’une seule envie : être avec mon mari et nos trois enfants pour m’enivrer de leur présence sans en perdre une miette. Ma famille, c’est l’île où je trouve refuge lorsqu’il fait tempête en moi et que je sens le naufrage m’envahir. C’est mon lieu de ressourcement, où le calme, l’amour et la tendresse dominent…

Ma fille a eu son congé de l’hôpital hier et je retrouve enfin mon île. Ne me cherchez pas ce week-end, je serai occupée à faire le plein d’amour et à recharger mes batteries en pyjama… Parce que voyager, ce n’est pas seulement multiplier les aventures au bout du monde; c’est aussi aller au bout de soi-même sans déserter l’essentiel…

Instagram Photo