Thursday Thunder: maternity veterans

Publié le 22 septembre 2016 par Pomdepin @pom2pin

Maintenant que WizzBoy va a la preschool 4 matinées par semaine, je parle beaucoup avec les autres mamans, enfin j’assiste à leurs discussions. On se croisait bien l’année dernière, mais comme on ne savait pas trop qui étaient chez les petits et qui chez les grands, les conversations s’arrêtaient à des considérations sur la météo. Ça m’allait très bien. Maintenant, on sait. Les petits n’ont pas encore commencé. Donc, les mamans avec qui on attend devant la porte de la preschool, on va se les coltiner pendant 7 ans de primaire aussi. Il n’y a qu’une classe par niveau, c’est un village, nos enfants vont faire leur scolarité ensemble. On va se revoir tous les jours comme ça pendant une éternité. Youpidoo. Du coup, on essaie d’être sociable. Enfin, j’essaie d’être sociable, les autres y arrivent. Elles sont donc passées à des sujets de conversation un chouïa plus intimes que les évolutions pluviométriques locales. Et vous allez voir, ça me contrarie  vivement (je sens que je ne vais pas me faire que des copines sur ce coup là…).En toute logique, ces mamans qui se connaissent à peine plus que de vue se racontent leurs accouchements en attendant que les résultats de la chose sortent de la preschool. Et elles y vont des moindres détails sanguinolents. Rhaaa, mais pourquoi? Est-ce que c’est normal d’aller étaler ses histoires d’épisiotomie comme ça  sur la place publique (enfin, en l’occurrence c’est devant le cimetière. C’est pas mieux)? Sous prétexte qu’on a pondu, on perd tout sens de l’intimité? 


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Ça m’horripile, mais ce n’est malheureusement pas la première fois que je me retrouve coincée au milieu de ce genre de discussions gores à vomir. J’ai remarqué que ça ne rate jamais dès qu’on met plus de deux mères ensembles, même si elles ne se connaissent absolument pas. Surtout si elles ne se connaissent absolument pas.  Je ne sais pas si c’est pareil ailleurs, mais avec les anglaises, on n’y échappe rarement. Des femmes qui ont l’air normal se lancent tout à coup dans un récit extrêmement détaillé de leur accouchement dès qu’elle se rendent compte que vous avez aussi un gosse. C’est gentil merci, mais maman, c’est pas une confrérie non plus. Vous pouvez garder vos histoires pour vous, si c’est un rite d’initiation, c’est bon je passe mon tour. On va dire que je suis dispensée, avoir 5 enfants devrait suffir à me qualifier de mère, pas besoin de détailler. En plus elles éprouvent le besoin de faire des comparaisons, avec descriptions précises des opérations. C’est  carrément glauque. L’Exorciste à côté, c’est du pipi de chat. Évidemment on me demande comment ça c’est passé pour WizzBoy. Ben c’était une césarienne. Avec complications? Euh non….il faudrait? Ahaha. Je passe donc pour une mauviette. Visiblement, il y a un classement des accouchements. Il y a les bons accouchements qui déchirent tout (ce n’est pas une image) et les mauvais accouchements pour chochottes…c’est fou, moi qui croyais que le but c’était d’avoir un bébé à la fin, je n’avais pas compris que c’était en fait un sport de compétition. Et on gagne une médaille à parti de combien de points de suture alors? 

Sérieusement, je l’ai déjà dit, mais il n’y a rien de plus banal que de faire un gamin, sinon, l’espèce humaine aurait disparu depuis longtemps. Il faut arrêter de se prendre pour une sainte martyre parce qu’on a accouché. Et surtout, il faut arrêter de m’en parler. Est-ce que je vous raconte mon opération de l’appendicite, moi? Non, ben c’est la même logique. Pourquoi des mamans, qui peuvent être polies et réservées en individuel se prennent soudain pour des vétérans du Vietnam dès qu’elles sont en groupe et se mettent à étaler leurs souvenirs  de guerre les aventures de leur placenta? Qu’est-ce qui peut bien vous faire croire  que je m’intéresse à l’état de votre utérus alors que je ne sais même pas comment vous vous appelez? Je sais bien que c’est justement parce qu’on ne se connait pas que vous vous raccrochez à la seule chose qu’on a visiblement en commun, c’est à dire avoir fait un gamin, mais c’est bon, on peut parler des bricolages radieux qu’ils ont ramenés mardi par exemple. Ou ne pas parler du tout plutôt que d’étaler vos abats comme ça dans la conversation. Je vois bien que vous avez un enfant, pas la peine de me raconter l’historique de sa sortie, sinon mon café va faire pareil. Être maman, ce n’est pas uniquement avoir un utérus en état de marche, ça n’empêche pas d’avoir aussi un cerveau et de s’en servir. On peut très bien parler de physique quantique ou de la situation géopolitique en attendant que nos gamins sortent (de la preschool je veux dire…). A la limite, je suis même prête à émettre une opinion sur la coiffure de Kate Middleton si ça peut m’éviter un récit de votre hémorragie post natale. Encore une fois, on ne se connait pas! Parce que là, j’ai effectivement  l’impression d’être carrément pote avec vos ovaires mais je ne sais toujours pas comment vous vous appellez. Je suis sûre qu’en cherchant bien,  vous avez autre chose de captivant à raconter. Les mères sont des gens comme les autres,  elles ont une vie aussi. Je ne sais pas moi, vous avez un boulot, un hobby (à part donner naissance à des gamins)? Si vous tenez absolument à discuter avec moi, on pourrait commencer par là, on verra plus tard, si effectivement on devient amies pour le récit grandiose de votre accouchement!

Bref je ne participe pas. Je n’ai pas du tout envie de parler de la naissance de mes enfants à des inconnues, encore moins de leur donner des détails sur comment j’ai accouché. J’en ai un peu parlé ici, mais c’était pour expliquer comment ça se passe en Angleterre, c’était plus administratif qu’anatomique. Je ne dois pas être normale… En tout cas, je suis au minimum asociale et je me suis déjà grillée auprès des mamans des futurs camarades de classe de WizzBoy. Je le vis bien.