5 fois où être historienne m’a permis de voyager

Publié le 01 août 2016 par Entre 2 Escales @entre2escales
Quand je dis aux gens que je suis historienne, on me regarde souvent avec un drôle d’air. Je suis la première à l’admettre, ce choix de carrière n’est pas particulièrement en vogue en ce moment. Si plusieurs personnes s’empressent de me dire qu’ils adorent l’histoire, dans la majorité des cas je me heurte à la même question: « Devenir historienne? Mais pourquoi? »  Quelqu’un m’a même déjà dit carrément « Wow, that sounds boring! ». Eh, bien… merci! 
Pourtant j’adore être historienne.
Mettons d’abord les choses au clair. Non, je ne passe pas mes journées à mémoriser des dates! Oui, j’adore les livres et les bibliothèques! Et oui, j’éprouve un réel plaisir à fouiller les archives et à tomber par hasard sur une lettre privée signée par Marie Curie ou Albert Einstein (oui, oui, ça m’est déjà arrivé).
Aujourd’hui, je veux vous parler d’une autre facette de la vie d’historienne, d’une facette qui cadre parfaitement avec le thème de ce blogue. Je veux vous raconter comment être historienne m’a permis de voyager. Et, je ne parle pas ici de voyager dans le temps grâce à mes archives. Non, non! Je parle de 5 vrais voyages qui m’ont fait vivre des expériences inoubliables!

1 – La fois où j’ai passé une semaine à l’Office des Nations unies à Genève

Quand on est historien, on visite souvent des centres d’archives. À première vue, ça peut vous paraître ennuyeux, mais laissez-moi vous dire que certains de ces centres se trouvent dans des endroits plutôt cool!  En fait, c’est comme ça que je me suis trouvée à passer une semaine à l’Office des Nations unies à Genève.
Depuis mon petit bureau dans le Palais des Nations, je pouvais apercevoir le Mont Blanc au loin. À cette époque, j’étais encore une jeune doctorante et cette expérience à elle seule à été suffisante pour me convaincre de poursuivre mes études!
Ce qui m’a le plus impressionnée? Non, ce n’est pas toute l’histoire qui se cache derrière cette institution. Non, ce ne sont pas les paons, cadeaux de l’Inde et du Japon, qui se promènent librement dans le parc. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est la cafétéria qui n’a rien d’une cafétéria ordinaire. C’est là, dans la cafétéria, qu’on prend conscience du caractère international de l’institution dans lequel on se trouve. Si j’étais presque seule dans mon petit centre d’archives, ici, ça bourdonne de monde. On y entend parler toute une diversité de langues. On y propose des plats français, italiens, mexicains, japonais, américains et j’en passe… Bref, on y fait un réel tour du monde!

2 –  La fois où j’ai visité l’une des plus vieilles universités d’Europe 

Être historienne, c’est aussi participé à de nombreuses conférences et certains on lieu dans des endroits particulièrement intéressants. C’est comme ça que j’ai eu la chance de me retrouver à l’Université de Coïmbra au Portugal. Il s’agit non seulement de l’une des plus anciennes université en Europe, mais également la plus ancienne du pays. Et laissé moi vous dire que j’ai eu le coup de foudre!
Fondée en 1290 à Lisbonne par le roi Dinis I de Portugal, l’université sera transférée à Coïmbra en 1308. Quand on pense que les universités où j’ai étudié datent de la fin du 19e siècle et des années 1960, il y a de quoi être impressionné par la magnifique Universidade de Coimbra. 
Derrière ses murs se trouve d’ailleurs l’une des plus belles bibliothèques d’Europe, la bibliothèque Joanine. À elle seule, elle vaut le détour vers Coïmbra! Malheureusement, les photos sont interdites à l’intérieur, mais il est possible d’en faire une visite lors de votre prochain séjour au Portugal!

3 – La fois où j’ai passé 3 mois à courir les centres d’archives français 

En tant qu’historienne, il m’arrive parfois faire de longs séjours de recherches. Et comme mes travaux portent sur la France, cela signifie de longs séjours ce magnifique pays. Pas facile la vie d’historienne! 
C’est d’ailleurs ce qui nous a permis de passer 3 mois à faire le tour des centres d’archives français. En fait, moi je faisais le tour des centres d’archives. Michaël lui, s’était donné comme mission de trouver les meilleures boulangeries françaises (malheureusement, il était trop occupé à se régaler pour noter le nom de ses coups de coeur!). Nous en avons donc profité pour visiter la France, pays que je connais bien pour y avoir déjà vécu, mais que Michaël découvrait pour la première fois.
Passer quelques heures par jours à fouiller les archives en échange d’un voyage inoubliable, c’est un compris que je referais n’importe quand!

4 – La fois où j’ai donné une conférence dans un palais à Venise

On a tous déjà rêvé du Grand Canal à Venise et de ses somptueux palais. Faute d’avoir pu me faire inviter au mariage de George Clooney (je ne comprends toujours pas pourquoi je n’ai jamais reçu mon invitation!), j’ai tout de même passé quelques jours dans l’un de ses magnifiques palais.
Imaginez-vous un instant donner une conférence dans une grande salle avec vue sur le Grand Canal. Difficile de ne pas être distrait par la beauté qui nous entoure. C’est justement ce qui m’en arrivée lors de mon passage au Ca’Foscari, un palais du 15e siècle qui sert maintenant de siège pour l’Université Ca’Foscari de Venise.
La salle Aula Baratto est impressionnante non seulement par son décor que l’on doit à l’architecte italien Carlo Scarpa (1956), par ses fresques par l’artiste Mario Sironi (1936-1937) et par sa vue panoramique sur la plus grande boucle du Grand Canal, qui s’étend du Pont Rialto jusqu’à l’Académie des Beaux Arts.
C’est moi!! La deuxième depuis la droite! :)

5 – La fois où j’ai dormi dans un château du 15e siècle 

Et oui, être historienne veut aussi dire qu’on couche parfois dans des hébergements hors de l’ordinaire. C’est ce qui m’est arrivée lors d’une conférence organisée à La Flèche dans le Pays de la Loire en France. En effet, j’ai eu la chance de coucher dans le Château des Carmes, un château qui n’a rien d’un hôtel ou d’une auberge, mais qui renferme un petit appartement appartenant à l’Hôtel de Ville.
Si l’édification de la première forteresse date du 11e siècle, le château du Carmes date plutôt du 15e siècle. Il accueillera des invités de marque comme la grand-mère du roi Henri IV et le roi Louis XIII, qui le cèdera à la communauté des Pères de Carmes.
En 1919, le château est largement endommagé par les flammes. Seule la tour du 15e siècle située en bordure du Loir est préservée. Et c’est justement là que j’ai dormi, dans une grande chambre qui, selon une légende urbaine, serait hantée (par qui, je l’ignore!).  
Les fenêtres du deuxièmes étages sont celles de la chambre que j’occupais. Le Château des Carmes – La Flèche

Lors de notre séjour à La Flèche, nous avons également été accueillies par le Prytanée National militaire qui nous a offert un spectacle haut en couleur!

Au final, être historienne ce n’est pas trop mal n’est-ce pas? Bon, n’allez pas croire que ces voyages sont des vacances et que la vie d’historienne n’est que glamour!   En fais, je passe la majorité de mon temps dans une salle de conférence plutôt qu’à jouer à la touriste. J’ai toutefois la chance de faire carrière dans un domaine que j’adore et qui me permet de voyager et de vivre des expériences souvent hors du commun!
Pourquoi je vous raconte tout ça? Et bien, c’est parce que je veux partager avec vous une bonne nouvelle que j’ai reçue il y a quelques semaines. À partir du mois de septembre, je serai professeure adjointe au département d’histoire du Collège Royale Militaire du Canada, une université canadienne située dans la ville de Kingston (à environ 2 heures d’Ottawa). Être professeur est un rêve depuis plusieurs années! Je suis donc incroyablement heureuse d’avoir obtenu ce poste. En plus, l’endroit où je vais travailler est plutôt idyllique. Préparez-vous à être bombardé de photos sur nos médias sociaux! 
Le Collège Royal militaire du Canada

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