Découvrir les Laurentides à travers ses Belles-Histoires

Publié le 18 juillet 2016 par Entre 2 Escales @entre2escales
Si vous êtes Canadien français, vous avez sans doute déjà entendu parler des Belles Histoires des pays d’en haut, ce téléroman culte diffusé de 1959 à 1970. Bien qu’on soit trop jeune pour avoir connu la série originale (en fait, c’est en partie faux, car avec le nombre de rediffusions qui passent toujours à la télé on en a tous vu un épisode ou deux), nous avons bien connu l’adaptation cinématographique de 2002! Et pour les plus jeunes, une version revisitée du téléroman vient d’ailleurs tout juste d’être mise en onde sur la chaîne de Radio-Canada.
Les Belles histoires des pays d’en haut, c’est l’histoire de Séraphin Poudrier, un homme avare et sans scrupule. C’est aussi l’histoire de la colonisation des Pays d’en haut (des Laurentides) à la fin du 19e siècle.
Reprenant l’idée des Belles histoires, tourisme Laurentides à lancé en novembre 2015 une route historique qui retrace, en 284 km, les moments marquants de la région.
Après 2 jours de randonnées et de glamping, on est donc partie à la découverte des Pays-d’en-Haut!


Reliant Saint-Jérôme à Mont-Laurier, la Route des Belles-Histoires, lancée en 2015, traverse les Laurentides sur plus de 284 km.

Suivant le « P’tit train du Nord », elle vous fera découvrir l’histoire de la colonisation de la région. Vous pouvez vous procurer l’itinéraire aux divers offices de tourisme ou suivre les petits panneaux bleus (comme celui à la gauche) le long de la route. Un audioguide est également disponible pour la portion allant de Labelle à Mont-Laurier.

Faute de temps, nous avons dû limiter notre visite à la portion « MRC des Laurentides » de la Route, portion qui relie Val-David à Labelle!


Mais quelles sont ses belles histoires?

C’est d’abord l’histoire d’un curé qui rêvait grand! 

Créer un chemin de fer qui lierait les Pays d’en Haut à Montréal:  voilà ce dont rêvait le Curé Antoine Labelle, figure emblématique de l’histoire des Laurentides, à la fin du 19e siècle.  Le but? Peupler le «nord» afin de freiner l’exode des Canadiens français vers les États-Unis. Son rêve devient réalité lorsque le premier tronçon du chemin de fer, reliant Montréal à Saint-Jérôme, est inauguré en 1876. Il faudra ensuite plus de 30 ans pour rejoindre la ville de Mont-Laurier (1909), le dernier arrêt.  Durant son âge d’or, le chemin de fer a largement contribué au développement économique et touristique de la région.
Aujourd’hui, l’autoroute a remplacé le train et le chemin de fer, le « P’tit train du Nord », a été converti en piste cyclable. Reliant Bois-des-Fillions à Mont-Laurier (232 km), il s’agit du plus long parc linéaire au Canada. Si le train du Curé Labelle, que l’on surnommait le « Roi du Nord », n’existe plus, son rêve persiste toujours:  140 ans après son inauguration, son « chemin de fer » attire toujours des dizaines de milliers de visiteurs dans les Pays d’en haut!
Gare de Labelle
Les magnifiques gares patrimoniales ont également été préservées et servent aujourd’hui d’offices de tourisme, de bureaux de poste ou encore de charmants petits restaurants!
Et si vous cherchez un hébergement insolite, pourquoi pas passer la nuit dans les anciens quartiers des travailleurs du Canadian Pacific Rail à l’Auberge La Gare de Labelle? Faute d’y avoir dormis (nous avions déjà notre yourte!), nous avons testé le resto qui nous a charmé tant par son emplacement que par sa nourriture!
***Si vous êtes passionnés de trains, ne manquez pas le petit Musée ferroviaire situé dans la vieille gare.
Gare de Labelle construite en 1924.

Gare de Sainte-Agathe-des-Monts construite en 1902 La petite gare d’Arundel construite en 1925

C’est l’histoire d’un patrimoine religieux bien présent! 

Caché au sommet du mont du petit village d’Huberdeau se trouve l’un des plus beaux chefs-d’oeuvre religieux du Québec: le Calvaire d’Huberdeau. Je ne sais pas à quoi on s’attendait en montant la route qui mène jusqu’au Calvaire. En fait, on y allait un peu à reculons… Nous avons donc été surpris d’y trouver un impressionnant chemin de croix constitué de 27 statues de fer bronzés faisant chacune plus de 2 mètres de hauteur!
Classé patrimoine culturel du Québec, le Calvaire d’Huberdeau témoigne d’une autre époque, d’une époque où la religion occupait encore une place centrale dans la société québécoise. Construit entre 1910 et 1920, le site servait de lieux de pèlerinage, une pratique fort populaire à l’époque.
Que vous soyez croyant ou non, le Calvaire d’Huberdeau mérite que l’on s’y arrête ne serait-ce que pour admirer les vues exceptionnelles sur les vallées avoisinantes et sur la rivière Rouge.

 

Profitez-en également pour vous arrêter le long de la magnifique rivière Rouge qui cache elle aussi une histoire fascinante!

C’est l’histoire d’une région qui a gardé son air d’antan! 

Si je pouvais choisir un pouvoir magique, ce serait de voyager dans le temps (j’aimerais aussi la téléportation… Imaginez comment il serait facile de voyager si on pouvait se téléporter, mais je divague!). Ma première destination? Le Moyen-Âge parce que c’est une période qui me fascine. Ensuite, je partirais pour les années 1920, ma période de prédilection!
Comme c’est plutôt difficile de voyager dans le temps(!), j’adore trouver des endroits où l’on a l’impression d’être plongé dans une autre époque. Même toute jeune j’aimais fermer les yeux et imaginer tous ces gens qui étaient passés avant moi (ok, je vous l’avoue, j’imaginais plutôt des princesses en longues robes… c’était mon époque Disney!).  Disons, que ça n’a surpris personne lorsque j’ai décidé de devenir historienne. Heureusement, j’ai trouvé mon prince charmant et il aime l’histoire (presque) autant que moi!
Lors de notre visite dans les Laurentides, on a parfois eu l’impression de se retrouver ailleurs, comme suspendu entre deux époques. Chaque ville, chaque petit village gardent des traces de sa période de colonisation. À certains endroits, on a l’impression que le temps s’est figé au début du siècle dernier.
En plus des jolies gares qui à elles seules en valent le détour, les Laurentides regorgent de trésors architecturaux rappelant l’histoire de la région!
À Sainte-Agathe-des-Monts par exemple l’arrivée du « P’tit train du Nord » ne marque pas uniquement l’aboutissement d’un rêve pour le Curé Labelle. Il s’agit du début de l’essor touristique de la petite ville qui devient rapidement une destination privilégiée des Montréalais en quête de plein air.
La salubrité de l’air, l’ensoleillement et la proximité du Lac des sables en font un endroit reconnu pour le traitement des maladies respiratoires. On voit donc se construire plusieurs hôtels et villas luxueuses à proximité du lac. Encore aujourd’hui, on en retrouve des traces un peu partout dans la ville!
Lac des Sables, Sainte-Agathe-des-Monts
À Sainte-Agathe comme à Val-David, nous avons été particulièrement charmés par les édifices de style « Boom Town », style  fort populaire dans les années 1910-1920.

 Les édifices de style Boom Town sont très populaires au Québec au début du 20e siècle, particulièrement dans les villes qui connaissent une explosion démographique liée au développement industriel.

On les reconnait par leurs toits plats et leurs façades verticales souvent munies de balcons ouverts.

On les appelle également « maison à façade postiche » en raison de leur ressemblance aux décors du cinéma western !


En voici quelques exemples repérés lors de nos promenade:
Rue Principale, Sainte-Agathe-des-Monts Rue de l’Église, Val-David

À Val-David, le Magasin Général Val-David est un incontournable!

A photo posted by Marie&Michaël (@entre2escales) on Jun 27, 2016 at 5:17am PDT

Magasin Général Val-David, rue de l’Église
À Huberdeau, ce joli village aux abords de la Rivière rouge, on a aussi l’impression de plonger vers une autre époque, de faire un saut dans le temps.  Il y a quelque chose d’agréable et même de réconfortant dans ce retour en arrière. À Huberdeau, c’est à la station d’essence tout droit sortie des années 50 que se réunissent des ados,  c’est à l’église qu’on organise une vente de pâtisserie pour fêter la Saint-Jean-Baptiste et c’est grâce à des affiches peintes à la main que l’on  s’oppose au transfert des enfants vers une autre école.  Ce doux portrait témoigne de l’esprit de communauté qui semble régner dans ce petit village où l’on remarque sans doute rapidement que nous sommes étrangers!
Comme pour confirmer notre voyage dans le temps, on retrouve en plein coeur du village une enseigne de la chaîne de magasins 5-10-15. Cette chaîne qui a révolutionné le monde de la vente au Québec dans la première moitié des années 1900  n’existe plus depuis des décennies!

Quelques kilomètres plus loin, le village de Bréboeuf offre un scénario similaire. Mais ici, ce qui fascine, c’est le magnifique pont couvert Prudhomme, un pont de bois construit en 1918. Appelé à l’époque Pont de l’Armistice – rappelons que la Première Guerre mondiale vient de se terminer au moment de sa construction -, il prend le nom de Prudhomme en 1957 en l’honneur de l’une des familles souches de la municipalité.
Il s’agit d’un réel chef d’oeuvre architectural et son rouge vibrant semble se marier parfaitement avec le paysage qui l’entoure.

A photo posted by Marie&Michaël (@entre2escales) on Jun 26, 2016 at 5:37pm PDT

Notre (trop court) parcours à travers la Route des Belles-Histoires nous a permis de découvrir plusieurs coins moins connus des Laurentides, mais qui ont su nous charmer par leur simplicité et leur beauté. On a appris que les Laurentides c’est la nature certes, mais c’est aussi une histoire longue et riche, remplie de personnages plus grands que nature, de rêves et de fierté!
Et si le reste de la Route des Belles-Histoires  ressemble à ce que nous avons pu voir entre Val-David et Labelle, il est clair que nous en avons encore beaucoup à découvrir! Mais ce sera pour un prochain voyage…
Sur ce, à très bientôt chers Laurentides!

Vous avez aimé? N’hésitez pas à partager sur Pinterest! 
Vous pouvez également consulter nos autres articles sur la région des Laurentides: 
  • Randonnée au Mont-Tremblant
  • Expérience glamping dans les Laurentides: 2 nuits dans une yourte
  • Carte postale de Tremblant