Dans le Far West du Canada, des villes fantômes, vestiges de la Ruée vers l’or

Dans le Far West du Canada, des villes fantômes, vestiges de la Ruée vers l’or

La Ruée vers l’or évoque peut-être plus spontanément les Etats-Unis, en même temps que l’inexorable et brutale conquête du Far West. Pourtant, des œuvres notoires comme le roman de Jack London L’appel de la forêt ou le film La Ruée vers l’or de Charlie Chaplin, rappellent que le Far West canadien n’a pas été moins marqué par ce phénomène d’envergure.

Parallèles l’une à l’autre, les Ruées vers l’or des territoires les plus occidentaux actuellements étasuniens et canadiens débute au mitan du XIXe siècle. Dans les années 1850-1860, plusieurs découvertes sur le territoire de l’actuelle province de Colombie-Britannique, tout à l’ouest du Canada, lancent diverses gold rushes. S’ensuit, tout le long de la seconde moitié du XIXe siècle, une succession de découvertes et de ruées vers l’or sur ce même territoire et, plus au nord, sur le territoire du Yukon – un même phénomène frappant le territoire voisin de l’Alaska étasunien.

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Migrants de la Ruée vers l’or : ascension du col Chilkoot (1898). Photo de George G. Cantwell (Commons Wikimedia)

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Camp de mineurs le long du fleuve Yukon, à l’époque de la ruée vers l’or du Klondike (1896-1899). Source : Archives nationales canadiennes (Commons Wikimedia)

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Vue aérienne de travaux miniers près d’Atlin, actuelle Colombie-Britannique, en 1899. La ruée vers l’or d’Atlin est un effet collatéral de celle du Klondike. Photo d’Eric A. Hegg (1867–1948), Commons Wikimedia

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Travaux miniers durant la ruée vers l’or du Klondike. Source : Archives nationales canadiennes (Commons Wikimedia)

C’est ainsi que, conséquence de la ruée vers l’or du Klondike, où affluent des dizaines de milliers de personnes. Exemple symptomatique, la ville de Dawson, par les migrants de l’or en 1897, et qui aujourd’hui ne compte qu’environ 1300 habitants, comptait l’année suivant sa fondation… 40 000 résidents. De fait, c’est une caractéristique marquante de la gold rush en général que l’installation de villes-champignon poussant çà et là, pour quelques saisons, attirant quelques centaines, quelques milliers d’individus, installant là un théâtre, une banque, une prison, un bar, un bordel… avant d’être laissées à la décrépitude, livrées aux vents, aux pluies, à la curiosité de bêtes rôdeuses, lorsque les déçus, mesurant leur illusion et leur erreur, s’encourent. Le cas de Dawson est frappant : 40 000 résidents en 1898, plus que 8000 en 1899… puis 615 en 2011 ! Elle conserve d’ailleurs des monuments en très bon état depuis l’époque.

La ville de Dawson et la rivière Klondike, vers 1898. Photo de Goetzmann (Commons Wikimedia)

La ville de Dawson et la rivière Klondike, vers 1898. Photo de Goetzmann (Commons Wikimedia)

Dawson City en juin 2007. Photo de Michael Edwards (Commons Wikimedia)

Dawson City en juin 2007. Photo de Michael Edwards (Commons Wikimedia)

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De l’appel d’air vers le Far West, de l’étoile filante d’une illusion après quoi ont couru des milliers d’individus, de la conquête barbare et confuse de l’ouest, il reste une trace – et c’est la ville fantôme. Aux Etats-Unis, du Kansas à la Californie, du Texas au Montana en passant par le Colorado, le territoire est constellé de ces villages et villes rongées par le temps. Au Canada, la géographie de la Ruée vers l’or est surtout localisée dans l’ouest et le nord-ouest. Ce sont surtout deux provinces qui abondent en villes et villages fantômes : la Colombie-Britannique et le Yukon. Même topo que chez les voisins du sud : beaucoup de ces installations précaires se sont vidées, puis détériorées au gré des aléas climatiques, devenant peu à peu des villes et villages fantômes, pourrissant peu à peu, jusqu’à disparaître tout à fait, le plus souvent.

De fait, certains sont totalement ruinés et les vestiges n’y sont, au mieux, que très résiduels ; d’autres, ayant bénéficié de la faveur d’un investissement pour leur restauration, sont devenus des attractions touristiques. Témoignages désolés – ou rajeunis par la restauration – d’une folle croyance en l’Eldorado, vestiges historiques racontant un mouvement de l’histoire de l’Amérique du Nord qui, au-delà des contes et légendes, fut souvent tragique, cruel et barbare, ils dressent face à l’érosion des décennies, un cimetière et des structures minières (Ainsworth), un hôtel à l’agonie (Ashcroft Manor), ETC.

Pourquoi ne pas vous lancer sur les traces de Jack London ou de l’oncle Picsou, enrichi au Klondike (plus au nord, donc), mais surtout pour découvrir les villes fantômes de la Colombie-Britannique, à l’occasion d’un road trip au Canada? Vous pourriez, par exemple, partir de Vancouver, principale ville de la province, puis allez visiter les ghost towns du Far West canadien. Nous vous en présentons quelques exemples.

Barkerville : le ghost town le plus emblématique

Autrefois la ville la plus grande au nord de San Francisco et à l’ouest de Chicago, Barkerville n’a jamais véritablement été un ghost town au sens strict d’un abandon total des lieux. Fondée en 1862, cette ville qui ne compte plus à présent que 5000 habitants environ, est entrée très tôt dans la liste des lieux historiques nationaux du Canada (1924), ce qui a garanti son entretien. L’état exceptionnel de conservation des lieux en font un témoignage précieux de l’architecture de ces villes-champignon qui poussèrent en quelques semaines lors.

Bradian, une ville fantôme… à vendre !

D’après le site GhostTowns.com, cette ville (ou village) fantôme fut fondée dans les années 30 pour les travailleurs miniers de la proche ville de Bralorne ; lorsqu’elle fut tout à fait abandonnée en 1971, elle comptait une soixantaine de maisons. Elles ne sont plus, à présent, que 22… et ce village fantôme situé à plus de 1100m d’altitude est à présent à vendre pour la somme d’1,3 million de dollars canadiens (870 000€ environ), selon le site SouthChilcotin.ca.

The Town of Bradian from John Lovelace on Vimeo.