Losing faith in humanity


Je voulais garder ça pour demain, pour une colère du jeudi, mais il faut que ça sorte. Désolée, je risque d’être très confuse (c’était très clair dans ma tête à trois heures du mat…bizarrement au réveil, beaucoup moins) mais bon, c’est ça aussi un blog. Ça sert à se défouler. Et je reconnais de suite que le titre choc est un peu fort… Enfin bon, encore une fois je vais parler du Brexit, parce que ça va mal. Ça tourne à Pomdepin in Nightmareland (le pays des cauchemars).

Losing faith in humanity
Source . J’ai mis le lien YouTube en bas du billet si ça vous intéresse. Je recommande vivement. 

Les britanniques votent demain pour rester ou sortir de l’union européenne, selon les derniers sondages…et bien selon les derniers sondages, on ne sait rien. Qu’est-ce qui va se passer en cas de Brexit ? On n’en sait rien non plus. Mais c’est pas grave, fonçons tête baissée dans le mur, pour voir ce que ça fait, youpidoo. Je précise aussi que je ne m’inquiète pas pour ma situation personnelle. Malgré le catastrophisme ambiant, et les croyances limites magiques de certains brexiters demeurés, je sais pertinemment  qu’on ne va pas nous flanquer dehors. Sérieusement, il y a des expats dans des pays qui ne sont même pas dans l’Europe, c’est fou non? Ça m’est même arrivé au Mexique. J’avais un visa sur mon passeport…c’est tout. Pas de quoi s’affoler. Par contre je vis ici. La crise économique  qui s’annonce en cas de Brexit  me fait peur, elle. D’après les experts, ça va faire très mal. Mais ce qui me désole encore plus, c’est ce qui sert de débat si on peut qualifier de débat la foire d’empoigne nauséabonde que nous servent les politiques. 

La haine, la peur de l’autre, l’intolérance, et la bêtise la plus abjecte sont partout, dégoulinent, envahissent toute la société de leurs relents pestilentiels. L’hystérie gagne. Et ce n’est pas beau à voir. Le racisme, les raccourcis, les mensonges et la peur s’insinuent, pénétrent toute la société, et finissent par régner en maître. Ils ont même tué. Attention, je ne veux pas sombrer dans un point Godwin*, parce que je trouve ce genre de comparaison lamentable, mais les politiciens ne s’en privent pas, eux. Des deux côtés. Cameron, le premier ministre et chef de file du remain (ceux qui veulent rester en Europe) a promis la troisième guerre mondiale en cas de Brexit. Rien que ça. En face, c’est pire. Boris Johnson a comparé l’Union Européenne à Hitler, et Farage, l’alcoolique fasciste du UKIP a sorti des affiches anti immigration qui reprennent exactement celles de la propagande nazi (je ne les mets pas, je vais vomir). On en est là. Les politiciens ont visiblement décidé que les électeurs étaient trop stupides pour utiliser leurs neurones et qu’il valait mieux débiter n’importe quelle insanité en gueulant plus fort que le camp adverse. S’adresser au plus bas instincts de la populace plutôt qu’à son intelligence. Et ça marche. 

Boris Johnson n’est pas un imbécile contrairement à ce qu’il veut faire croire. Il est passé par Eton et Oxford et est bardé de diplômes. Il a étudié la littérature classique et la philosophie et a une culture historique remarquable. Mais non. Il préfére remuer de la boue, de préférence raciste plutôt que de montrer qu’il a un cerveau. Et entraîner avec lui ses électeurs. En anglais on appelle ça « dumbing down « , abêtir en tirant vers le bas. Gove, qui fait également campagne pour le leave est aussi diplômé  d’Oxford (en littérature). C’est un type antipathique mais brillant intellectuellement parlant. Avant de se lancer en politique, il était éditorialiste au Times. Il y a d’ailleurs développé des idées souverainistes avec lequelles on peut ne pas être d’accord  (je ne le suis pas. Du tout) mais qui avaient le mérite d’être réfléchies et argumentées. Et bien, ce même type qui a donc vécu grâce à sa plume et son cerveau rejette  aujourd’hui d’un revers de main populiste tous les arguments intelligents et opinions d’experts autrement plus qualifiés que lui en matière d’économie. Devant un journaliste de la BBC sidéré par autant de mauvaise foi, Gove a déclaré qu’on s’en fiche des experts. On s’en fiche de mentir comme un arracheur de dents. On s’en fiche d’attiser la haine en jouant sur les instincts les plus pourris des connards de base. La banque d’Angleterre sort de sa réserve  pour prouver par A +B que  le Brexit serait une catastrophe? On s’en fout! À bas les experts, à bas les intellectuels, vive la bêtise. Surtout ne pas faire réfléchir le peuple…Et ça marche. 

On sombre dans l’abrutissement général. Et ça marche. Quand je  vois comment en à peine quelques semaines, un pays calme, modéré, pragmatique, poli a pu basculer là-dedans… C’est si facile de tomber dans la haine, l’intolérance et la bêtise? Je ne me fais aucune illusion, et je ne cherche pas à accabler les britanniques, ce serait pareil ailleurs. Pareil aux États-Unis, le pays du Tea Party et de Trump,  pareil en France où j’ai lu ici (en faisant des recherches pour ce billet-parce qu’avant d’écrire je me renseigne plutôt que de déverser n’importe quoi n’importe comment) qu’un habitant sur 5 est pour la torture, en Allemagne, où l’extrême droite progresse encore (ça vient de ) …attention, je ne cherche pas à critiquer  uniquement l’extrême droite, mais tous les populismes de quelques bords qu’ils soient. Et encore je  n’aime pas trop le terme populiste, c’est un espèce de fourre-tout réducteur. On peut très bien tenir un discours populaire au sens premier du terme sans tomber dans la bêtise et l’intolérance.  Je veux parler de toutes ces entreprises d’abrutissement général, de ces agités qui préfèrent toujours des slogans débiles à une pensée intelligente. C’est aussi simple que ça de faire basculer l’opinion? Sérieusement, les gens, vous savez que le truc là, dans votre boîte crânienne c’est un cerveau? Ça sert à réfléchir et vous avez le droit de vous en servir! Vous avez le droit de vous former votre propre avis, sans écouter  les braillements  hargneux de politiciens qui vous prennent pour des cons. Ça ne vous vexe pas un peu, qu’ils vous mentent sciemment, vous manipulent comme ils veulent parce qu’ils sont sûrs que vous n’êtes même pas fichus de vérifier en trois clics ce qu’il vous disent? Vous croyez vraiment qu’il suffit de s’attaquer aux immigrés ou aux patrons pour vivre dans un monde meilleur? Non, parce que ça a déjà été essayé, renseignez-vous… Mais j’ai dit que je ne ferais pas de point Godwin.

Je ne veux pas paraître prétentieuse, je ne dis pas que je sais mieux que le brexiter de base (partisans de quitter l’union européenne). Mais avant d’émettre une opinion, je me renseigne, je fais des recherches, je lis des avis contradictoires donnés par des experts qualifiés. J’estime aussi que le gouverneur de la banque d’Angleterre sait mieux de quoi  il parle en matière d’économie que Farage. Ce n’est pas parce que quelque chose est complexe que je préfére ne pas chercher à comprendre et me satisfaire des formules faciles et haineuses de politiciens alcoolisés. Quitte à me rendre compte que je n’y arrive pas et que ça dépasse mes compétences. Bref, je ne dis pas que je suis plus intelligente ou moins naïve que le brexiter raciste qui vomit sa haine sans réfléchir, mais au moins, j’essaie de faire marcher mon cerveau. Ce qui n’a pas l’air d’être une activité partagée par beaucoup en ce moment…Finalement, j’ai effectivement l’air prétentieuse. J’assume. Si ça peut me différencier du connard fascite de base, je prends! 

Quelque soit le vote demain, l’Angleterre a déjà perdu, l’intelligence et la tolérance ont perdu. Bien sûr, ce climat pourri finira par retomber. Mais après avoir fait combien de dégâts? Marichéri a deux phrases fétiches: ‘les gens sont cons’ et ‘ce n’est pas que je n’aime pas les gens, c’est que je n’en ai pas besoin’. Ça m’a toujours fait rire.  D’habitude, j’aime bien observer les gens, discuter , échanger…pas en ce moment. Demain je ne peux pas voter. Mais j’ai déjà perdu. Je suis en train de devenir misanthrope.

Heureusement il reste l’humour…anglais! À voir absolument, c’est juste génial et hilarant (et en anglais, désolée pour les francophones) .

*point godwin: « Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1″. Définition Wikipedia.