Palermo solo de Philippe Fusaro

Roman.
Philippe Fusaro, Palermo solo. La fosse aux ours, 2007. 187 p.

Le signore Barone, 92 ans, vit depuis plus de cinquante ans dans la suite 204 du luxueux Grand Hôtel et des Palmes, à Palerme. Il a été forcé de quitter sa ville natale C., une petite ville de Sicile, condamné par la mafia à l’exil afin de payer une dette de sang. A l’approche de la mort, le vieil homme aujourd’hui serein se remémore sa vie à l’hôtel, son ennui profond, ses peurs, sa solitude et son bonheur.

Le Grand Hôtel et des Palmes à PalermeLe Grand Hôtel et des Palmes à Palerme

Incapable de se débarrasser du visage de son ennemi, le baron a passé les premières années de son emprisonnement terrifié à l’idée d’être assassiné. Terrifié mais aussi las d’attendre en vain son tueur. Au bout de 10 ans, le baron ose finalement sortir de sa chambre. Dans le couloir tout d’abord, puis au restaurant et au bar de l’hôtel.

Pour la première fois depuis mon exil au Grand Hôtel et des Palmes, j’avais repris possession de ma liberté. Je n’étais plus confiné à mes trois pièces. Désormais, des milliers de mètres carrés se déroulaient derrière la porte de la suite 204 et cela me suffisait pour me sentir un homme libre.

Débute alors pour le baron une vie d’enfermement riche en rencontres avec des personnes ordinaires et des célébrités (Dalida, Leonardo Sciascia, le juge Giovanni Falcone, Maria Callas, Al Pacino…), mais aussi avec une mystérieuse femme ressemblant à Ava Gardner. Ou peut-être était-ce réellement elle ? Peu importe pour le baron, ce fut sa plus belle rencontre, le grand amour de sa vie.

Au moins, je n’ai pas dû quitter la Sicile et l’air de Palerme m’emplira les poumons jusqu’à ce que je sois trop fatigué pour le retenir. Au moins, j’aurais vécu un exil qui, même s’il m’a fallu du temps pour l’accepter, aura été doré, intense en solitude, en lectures et en rencontres, dont celle qui fut la plus belle de ma vie.

Avec Palermo solo, j’ai découvert l’auteur Philippe Fusaro, un libraire français d’origine italienne, des Pouilles plus exactement, et ce premier livre lu me donne envie de découvrir les autres très vite. Je suis tombée sous le charme de son style sobre et élégant, de l’atmosphère mélancolique et mystérieuse qui se dégage de ce roman. L’auteur aborde avec délicatesse les thèmes de la liberté, du sens de la vie et des racines, thème qui m’intéresse tout particulièrement. Car qu’est-ce qui empêchait le baron de mener une existence libre dans un pays lointain ? Son amour, son attachement pour la Sicile, plus fort que tout, que n’importe quelle liberté.


Je participe au challenge Italie : Il viaggio organisé par Eimelle.

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