Portrait de Caro, expat à Dubaï

Ce billet s’inscrit dans une série d’articles dressant le portrait de femmes vivant aux Émirats Arabes Unis. Provenant de différents pays, ces femmes ont des trajectoires de vie différentes : certaines travaillent, d’autres sont femmes au foyer; certaines sont musulmanes, d’autres catholiques ou athées. Mais au-delà de leurs traits distinctifs, ces femmes ont une caractéristique commune : ce sont des mamans qui vivent ou ont vécu une expatriation en famille dans l’un des sept émirats.

Après les portraits de Lina et de Geneviève, expatriées respectivement à Sharjah et à Ras al Khaïmah, je vous propose celui de Caro. À la suite d’une expatriation à Dubaï, Caro vit aux États-Unis depuis un mois et elle tient aussi l’excellent blogue I’m not here, dans lequel elle parle de ses voyages et de ses expatriations. Elle a gentiment accepté de me parler de son expérience à Dubaï.

Bonjour Caro, peux-tu te présenter brièvement (âge, pays d’origine, profession, nombre et âge de tes enfants)?

Bonjour, j’ai 34 ans et je suis Française originaire de la jolie région d’Alsace. Webdesigner, j’ai quitté mon travail pour vivre à Dubaï avec mon conjoint. Deux semaines après notre déménagement, j’ai appris que j’étais enceinte. Depuis, je suis maman d’une petite fille de 17 mois, née au pays des mille et une nuits.

Pourquoi avoir choisi de t’expatrier aux Émirats Arabes Unis et, plus spécifiquement, à Dubaï? Est-ce que c’était ta première expérience d’expatriation?

Nous habitions à Paris depuis cinq ans et nous avions envie de changements. Sur ce plan là, nous avons été gâtés : une expatriation et un bébé dans la foulée. De plus, nous adorons voyager depuis très longtemps et lorsque mon mari a eu l’opportunité de partir à Dubaï pour son travail, nous avons saisi l’occasion. Nous avions déjà visité Oman, juste à côté de Dubaï, et nous avions beaucoup aimé l’ambiance et ses paysages entre sable et mer.

Dans un premier temps, nous avons choisi de nous installer à Dubaï, car l’entreprise de mon mari se trouve là-bas. La question d’aller dans un autre émirat ne s’est donc pas vraiment posée. De toute façon, nous n’étions pas vraiment attirés par Sharjah et Abu Dhabi (où pas mal d’autres français sont expatriés), qui sont beaucoup plus conservateurs. Et nous ne recherchions pas vraiment un endroit où il était possible de visiter des musées et de faire des sorties culturelles. Nous voulions juste quelque chose de moderne et de confortable pour notre petite famille.

Marina2Le quartier de la Marina, où Caro vivait à Dubaï – Crédit photo I’m not here

Tu as vécu à Dubaï combien de temps?

Nous y sommes restés deux ans. Quand nous sommes partis, nous savions que ce serait temporaire. Nous n’avions pas de durée précise en tête et nous serions bien restés encore, mais une nouvelle opportunité (celle que nous attendions depuis très longtemps) s’est rapidement présentée. Dubaï était pour nous une plateforme pour nous aider dans l’expatriation suivante, que nous vivons actuellement aux États-Unis.

Comment s’est passée ton installation?

Comme tout déménagement, ça n’a pas été de tout repos. Nous avons pris la décision d’emmener que le strict minimum avec nous et d’acheter de nouveaux meubles à Dubaï. Une partie des affaires est arrivée sur un container plusieurs mois après notre départ de Paris, le reste est dans un box de stockage pour notre retour en France. À Dubaï, le loyer se paie à l’année, difficile après les frais de déménagement et la location du box. Nous avons dû demander un peu d’aide autour de nous. Toutes nos économies y sont passées.

Nous avons fait un premier aller-retour pour chercher un nouveau logement, aidés par une agence de relocation sur place. En trois jours et une dizaine de visites, c’était quasiment réglé. J’ai la chance d’avoir un mari adorable qui s’est occupé de tout régler avant mon arrivée, pour que je puisse tranquillement me reposer pendant le premier trimestre de ma grossesse. J’aurais dû repartir avec lui, mais ce petit “contre-temps” m’a permis de profiter un peu plus de ma famille.

Peux-tu me décrire une journée typique de ta vie à Dubaï?

Mes journées étaient principalement rythmées par la petite. Le matin, nous sortions généralement sur la terrasse de notre immeuble au quatrième étage, qui donnait directement sur la marina et les bateaux. Il y avait un petit peu d’herbe, ce qui permettait à la petite de marcher pieds nus sur une texture différente. Sinon, nous faisions quelques courses à la supérette du coin sur Marina Walk. Après le repas de midi et la sieste, nous prenions le goûter à l’extérieur en allant parfois au Marina Mall avec le Water Bus ou à pied (quand il ne faisait pas trop chaud ou humide) le long de la promenade et de l’eau. En fin de journée, nous allions à la piscine de notre immeuble, mais le plus souvent nous nous dirigions vers les aires de jeux pour les enfants, aménagées sous les ponts de la promenade.

WaterbusLe Water bus menant au Marina Mall – Crédit photo I’m not here PlaygroundUne aire de jeu, le long de Marina Walk – Crédit photo I’m not here

Qu’est-ce que tu aimais le plus de ta vie à Dubaï?

J’adorais me lever le matin sans avoir à me préoccuper de comment j’allais m’habiller, la météo était quasiment tout le temps la même. Un t-shirt et un short et c’était fini. Même chose pour la petite, parfois elle sortait uniquement en body. Ne porter que des tongs, c’était vraiment le pied! Nous avions un superbe appartement (autre chose que les 50 m2 horriblement cher de Paris) avec tout le confort moderne, qui offrait une superbe vue sur la mer, l’Atlantis et le Burj Al Arab. Tous les jours, en regardant par la fenêtre, on se sentait comme en vacances.

Vue de notre appartLa magnifique vue de l’ancien appartement de Caro – Crédit photo I’m not here

Pouvoir voir la mer et le sable en un seul endroit, c’était vraiment super aussi. J’ai beaucoup aimé partir à Oman, à Zighy Bay, ou bien encore au Qasr Al Sarah, dans le désert d’Abu Dhabi. A Dubaï, il y a environ 90 % d’étrangers et 10 % d’émiratis. Pouvoir côtoyer tant de cultures juste en sortant de chez moi et goûter un peu aux traditions de chacun dans les magasins à l’approche des fêtes ou dans les restaurants étaient des expériences extrêmement enrichissantes. Et bien sûr, au risque d’en faire bondir plus d’un, la livraison du Mac Do à domicile est très sympa!

Desert d'abu dhabiEn famille, dans le désert d’Abu Dhabi – Crédit photo I’m not here

Quels chocs culturels (ou difficultés) as-tu rencontrés pendant ton expatriation?

La principale difficulté que j’ai rencontrée a été au moment de mon accouchement. A Dubaï, plus on met le prix, plus on a l’impression d’accoucher à l’hôtel dans une chambre 5 étoiles. Le futur papa peut être présent à chaque moment et les chambres sont parfaitement aménagées en conséquence. Ce qui est vraiment génial. Sauf quand on accouche en urgences, ce qui fut mon cas. Concernant les prix toujours, plus on a une bonne assurance, plus les médecins en profitent pour vous faire passer des tests à n’en plus finir et non justifiés. Et quand on ne maîtrise pas toujours la langue, on a encore plus de mal à comprendre.

Je ne dirais pas que j’ai été choquée, mais plutôt étonnée par le nombre impressionnant de “nanny” à Dubaï. Les appartements sont même équipés d’une pièce supplémentaire pour la maid.  Il faut dire que l’enfant est roi, on croise même des enfants à 22h00 le soir sur la promenade. Certains courent devant leurs parents à des kilomètres sans qu’ils s’en inquiètent. Tous les services : ménage, pressing et livraison de nourriture sont très peu cher. A Dubaï, tout est une question d’argent

En tant que femme dans un pays musulman, as-tu été contrainte de faire des changements dans tes habitudes de vie? Si oui, lesquels?

Au plan culturel, rien n’a été contraignant pour nous. Il suffit d’un peu de logique et de respect, tout comme Dubaï le fait pour ses expatriés, et au final tout se passe bien. Par exemple, ne pas porter de tenue trop dénudée, bien que plusieurs touristes persistent à le faire. Je trouve que c’est triste de voir une femme en tenue traditionnelle et, à côté, une autre en mini-short, le ventre à l’air. Mais le plus important, c’est que ça ne semble gêner personne. Personnellement j’ai toujours préféré porter un t-shirt plutôt qu’un débardeur en allant au centre commercial. Surtout qu’avec la climatisation, il ne fait pas très chaud.

Juste à côté de notre immeuble, il y avait une tour en construction où de nombreux Pakistanais et Indiens travaillaient. Lors de nos promenades quotidiennes en fin de journée en poussette, ils attendaient que leurs bus viennent les chercher pour retourner chez eux, à l’extérieur de la ville. Du coup, quand je passais, je sentais souvent leur regard insistant sur moi. Au bout d’un moment, on n’y fait plus vraiment attention, mais la sensation était très désagréable.

Quels sont tes trois lieux préférés à Dubaï?

Le restaurant français Pascal Pepper : Il s’agit d’un restaurant à la Marina, où il est possible de manger un steak tartare avec des frites, de la quiche, du bon pain à la française et, surtout, de vrais croissants. Tout est délicieux et les serveurs parlent même français!

Le parc de Média City : Situé à la Marina, c’est un véritable oasis dans le désert pour moi, avec un lac où on trouve des tortues, des canards ou des carpes koï. J’adorais m’y promener quand j’étais enceinte. Pendant les températures extrêmement chaudes, le lac fait office de climatisation naturelle.

L’Aquarium de l’Atlantis : Un des hôtels les plus connus de Dubaï! À l’intérieur, on peut visiter les Lost Chambers. Même si l’hôtel en lui-même est hyper super mega kitch, l’aquarium est vraiment joli. L’entrée n’est pas donnée, mais il existe plusieurs formules combinées qui permettent d’économiser un peu.

Media CItyUne tortue, au parc de Media City – Crédit photo I’m not here

Qu’est-ce qui te manque le plus de ton pays d’origine lors de tes expatriations?

Les membres de ma famille, mais au final, tout le monde est content, car c’est une occasion pour eux de venir nous rendre visite et pour nous d’aller passer des vacances en France. Le plus gênant est très certainement le décalage horaire qui n’est fort heureusement pas trop grand. Autrement, je pense que le bacon, le jambon et les vrais croissants me manquaient aussi à Dubaï. Mais malgré tous les produits halal, je trouve que Dubaï fait un sacré effort pour contenter les expats, car il est possible d’en trouver dans les pork shop.

Pour finir, quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux femmes qui souhaitent vivre une expatriation familiale à Dubaï?

Se renseigner sur les quartiers où habiter avant de commencer à chercher. Avant de partir, on ne se rend pas bien compte de la taille de Dubaï et, forcément, comme partout, il y a des quartiers plus sympas que d’autres. S’inscrire dans les groupes d’accueil (comme Dubaï accueil par exemple, l’adhésion est payante mais il y a pas mal d’activités) permet de rencontrer du monde. Ce que je n’ai pas fait et que je regrette, car on se sent très vite seule, surtout avec un mari qui travaille. Avec un enfant, il existe aussi des groupes “maman-enfant”. Je trouve aussi important de se renseigner sur les moeurs et coutumes du pays, car Dubaï est une ville extrêmement ouverte d’esprit. Beaucoup de personnes ont des “a priori”, qui ne sont pas du tout fondés. Dubaï est une très belle ville où vivre, surtout pour une maman au foyer.

Vue du burj khalifaUne vue sur Dubaï, du Burj Khalifa – Crédit photo I’m not here

Merci Caro d’avoir accepté de nous partager ton expérience d’expatriation à Dubaï. C’est un émirat dans lequel j’ai adoré vivre. Nous avons d’ailleurs plusieurs expériences en commun : des souvenirs d’enfance en Alsace, une expatriation familiale à Dubaï, un accouchement aux Émirats, ainsi que la naissance d’une petite fille prématurée.

Pour en savoir plus sur notre propre expérience d’expatriation à Dubaï, n’hésitez pas à consulter les articles suivants :

Vivre sur le Palm Jumeirah : entre quotidien, glamour et inégalités sociales (sur notre blogue).

Eve, expat en famille à Dubaï (sur Blog Expatriation).