Le Vent des rêves de Cindy

Cindy Jeannon a fait un jour ce qu’on se dit parfois qu’on ferait. Quand on est plus jeune. Et qu’on ne fait pas toujours. Elle est partie. Seule. Elle est partie goûter le monde pendant près d’une décennie. Elle a quitté les hommes, qui font tant de bruit, pour retrouver la force vive des éléments. Et quoi de mieux que l’Islande et la Norvège pour s’imprégner longuement de la mer, du vent, de la pluie, de la terre… ?

Et puis elle a fait de cette quête un livre, qui mêle images et mots et qu’elle s’apprête à auto-éditer.

Le vent des rêves

Voilà 7 ans que tu te « questionnes sur ton propre lien avec la Nature, les Hommes, la société… »; quelles réponses as-tu obtenu au fil de cette existence nomade ?

cindy jeannonAu début de mon expérience, je ressentais le besoin vital de quitter mon travail et une société qui impose un rythme trop rapide pour partir respirer plus fort, donner de l’espace à ma pensée pour qu’elle devienne libre.

Ce livre est le témoignage de mes expériences et mes immersions. Je l’ai écrit comme une histoire, faisant vivre une immersion au lecteur. Par la progression des textes, on comprend le cheminement, mes questionnements, mes choix, les ressentis dans la nature, ce que dévoile l’espace et le silence…

Trouver un équilibre dynamique pour vivre en lien avec la nature, les hommes et soi-même est un long chemin sinueux et personnel. Plus j’avance, plus mes certitudes se sont effacées pour laisser place au plaisir de l’expérience, d’un nouvel apprentissage avec la nature. Plus j’avance, plus je me sens en harmonie.

7 années passées à travailler dans l’informatique, 7 années passées dans la nature norvégienne et islandaise… Es-tu parvenue à la frontière entre la fin d’un cycle et le commencement d’un nouveau ?

Il y a beaucoup de 7 dans ma vie, je suis née en 77… Je ressens réellement des cycles dans ma vie, tout comme les cycles de la nature. Chaque période m’a apporté quelque chose et aujourd’hui, je me rends compte, que ce que je pensais être « un mauvais chemin emprunté par défaut », était une partie de moi à révéler qui m’a permis de construire la suite. Je trouve même des parallèles entre les systèmes informatiques et ceux de la nature.

Quel fut le moment le plus fort de cette longue quête ?

Une connexion profonde qui ne me quitte désormais plus. À chaque étape, j’ai vécu des moments forts qui se sont marqués en moi et m’ont amenée vers la suite. Les mois de solitude, le silence profond, les grands espaces ont dévoilé ce qui sommeillait au plus profond de moi et résonne avec nos liens ancestraux. Les tempêtes violentes donnent un autre rapport aux priorités et nous montre à quel point nous sommes une petite pièce de cette nature et devons rester humbles.

Ma fascination pour la nuit m’a fait traverser des peurs ancrées, découvrir le chant de la nuit, m’a emmené vers un univers qui me parle tant, avec lequel je suis entrée en résonance. Notamment avec les danses du ciel, les aurores boréales. Lors de ma dernière immersion en Islande. Lorsque les nuits ont commencé à ré-apparaitre, j’ai pu observer et ressentir près de 25 aurores durant les 50 dernières nuits. En étant seule, dans ces grands espaces sauvages, je dialogue alors avec le vent, les aurores, l’océan, les montagnes…les éléments, car ils sont mes compagnons.

Ce lien ne me quitte plus et je le ressens au quotidien, même si je me trouve dans une ville…il suffit d’écouter le vent dans les arbres, de regarder le voyage des nuages…

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Lors de mes immersions solitaires, l’écriture et la poésie prennent une place encore plus importante. Pour la relecture des textes, j’ai travaillé avec Eric Boury, traducteur des auteurs islandais dont Jón Kalman Stefánsson dont la poésie a renforcée mes immersions, notamment dans les tempêtes.

Extrait du livre

Le temps s’étire. Le rythme des humains et de leurs horloges n’existe plus. Restent le jour et la nuit, les moments de pluie et d’éclaircie. Laisser couler le temps sur soi, non plus comme une contrainte, mais comme une caresse.

(…)

Je ne peux plus marcher mais la contemplation m’ouvre les portes du temps qui se dilate. Je me plonge dans l’immensité et m’imprègne du paysage. Je goûte les odeurs apportées par le vent, bois le ciel qui m’arrose, écoute le clapotis des perles de pluie qui viennent se baigner et le chant des arbres qui répond au vent dans le froissement de leurs feuillages.

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Lien vers les préventes du livre : https://www.kisskissbankbank.com/le-vent-des-reves

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