Le Tour de l’Ausangate au Pérou: la plus belle randonnée de la galaxie?

Publié le 27 mars 2016 par Aurélien

L’Ausangate… « Le plus beau trek du Pérou », « plus beau que le Torres del Paine », « des paysages à couper le souffle », « d’une variété incroyable », « le paradis des lamas », « sans aucun touriste », « des cols de 5000 mètres entre des pics de 6000 mètres ».

Ceux qui ont fait le Tour de l’Ausangate en parlent avec des étoiles dans les yeux. Il me reste cinq jours pour randonner dans la région de Cuzco avant de prendre mon vol de retour. Je pars faire le Tour de l’Ausangate en autonomie.

Choisir sa randonnée au Pérou

Avant de choisir je mène mon enquête. Le Pérou est, avec le Népal, la Mecque des grandes randonnées: le choix est pléthorique, mais je veux terminer mon voyage par une randonnée qu’on oublie pas. Alors j’interroge les backpackers que je rencontre pendant les deux premières semaines de mon voyage. En croisant leurs impressions, je me fais une idée des randos les plus (par)courues.

Il y a deux grandes régions de randonnée au Pérou:

  • Au Nord de Lima autour de Huaraz dans la Cordillère blanche: faute de temps j’ai fait l’impasse sur ce massif, mais il regorge de randonnée incroyables: la Laguna 69 à la journée (ou avec un bivouac d’une nuit), le Santa Cruz en 3-4 jours (que tout le monde fait…) ou, plus ambitieux, le tour de l’Alpamayo ou de la Cordillère Huayhuash, qui se font en une dizaine de jours. Mon prochain voyage au Pérou, ce sera pour faire l’un de ces deux grands treks…
  • Autour de Cuzco et du Machu Picchu: passage obligé du touriste, cette zone montagneuse regorge de randonnées pour tous les goûts. C’est là que je concentre ma petite enquête.

Je songe d’abord au Choquequirao, alléché par des récits enthousiastes sur des blogs (ici, ici ou encore ici). C’est un Machu Picchu en cours de déblayage, auquel on accède par deux jours de randonnée – et donc préservé des hordes de touristes. A ce qu’on me dit, le site est magique, mais la randonnée en elle-même est un peu pénible: une grosse dénivelée (il faut changer de versant: on descend mille mètres, on les remonte, et idem au retour), des versants où le soleil claque, des nuées de mouches des sables (on ne sent pas la piqûre mais ça gratte pendant une semaine). Le premier jour on descend dans la vallée. Le deuxième jour on monte jusqu’au site et les courageux le visitent. Le troisième jour il y a trois option: (i) visiter et redescendre sur ses pas (pour rentrer au point de départ le quatrième jour en remontant), (ii) descendre tôt le matin pour éviter la canicule et remonter l’après-midi (possible mais super pénible), et (iii) visiter et continuer en descendant vers le Nord et vers le Machu Picchu dans la vallée suivante pour remonter à nouveau le quatrième jour et prendre un bus « raccourci » pour le Machu Picchu.

Une petite carte trouvée sur internet (oublié le nom du site hélas…)

Si j’avais eu trois jours de plus j’aurais choisi cette dernière option: quatre jours de randonnée pour se rapprocher du Machu Picchu, ça me semble une approche sympa.

Il y a bien sûr le Chemin de l’Inca (Inca trail): quatre jours de randonnée ponctuée de ruines pour accéder au Machu Picchu. C’est le seul trek qui permette d’accéder à l’entrée du site du Machu Picchu sans prendre ni bus ni train. Il paraît que c’est magnifique, mais (i) ça se fait en groupe (donc pas de liberté ni de solitude…) et (ii) il faut réserver trois ou quatre mois à l’avance et payer dans les 400 dollars. Donc ce n’est pas une option pour moi…

L’autre option de repli dans le voisinage du Machu Picchu, c’est le trek du Salkantay. Comme le Choquequirao, il nécessite de prendre un bus à la fin pour accéder à l’entrée du site. A ce qu’il paraît, c’est assez joli, pas trop dur et ça prend 4-5 jours. Cela dit, personne ne m’en parle avec un enthousiasme délirant.

Le Tour de l'Ausangate

Et il y a le Tour de l’Ausangate. Une des plus belles randonnées du monde, mais surtout une randonnée qui donne les larmes aux yeux à ceux qui me la racontent. On me promet des paysages à couper le souffle, d’une variété époustouflante, des pics enneigés, des cols privés d’oxygène, des lacs aux couleurs irréelles, des camaïeux de roches volcaniques, des dénivelées modérées malgré l’altitude, et aucun touriste – surtout des lamas en fait.

J’avais peur qu’on ne me l’ait survendu… Eh bien non. Quatre jours après avoir pris le bus de Cuzco à Tinki – le point de départ à 3800 mètres – je suis dans le bus de retour.

Epuisé, pas rasé, pas lavé, je laisse les panoramas défiler dans ma tête avant de tomber de sommeil.

La lente montée le premier jour dans un air raréfié vers le premier camp près des sources chaudes.

La mauvaise première nuit à 4200 mètres, le premier « petit » col le lendemain monté à une allure de vieillard.

La bouille sympathique des premières vigognes en troupeau paisible. Les versants aux couleurs telluriques – jaunes, oranges, rouges, gris…

Les grands lacs d’émeraude à la surface calme.

La pointe abrupte de l’Ausangate à 6384 mètres et les glaciers qui couvrent ses pentes et s’effondrent en grands craquements sonores.

L’angoisse du « chemin » perdu puis retrouvé, l’essoufflement des cols à 5000 mètres d’altitude et ces panoramas de géant silencieux qui embrassent un massif entier.

Les petites fermes saupoudrées dans les vallées et les pâtres quechua qui les habitent.

Les chiens qui marquent leur territoire d’aboiements féroces.

Les plaines inondées « bofedales » où paissent les moutons alpaga et les vigognes et qu’on doit contourner pour ne pas s’y enfoncer.

Les ruisseaux d’eau claire qui dévalent les pentes depuis les glaciers.

Le froid soudain des crépuscules dès que le soleil passe derrière les montagnes et la chaleur vibrante des matins ensoleillés.

Les nuits mauvaises et sans fin.

Le goût amer des feuilles de coca qu’on recrache de côté.

L’immense descente finale, de 5200 mètre au plancher des vaches à 3800 mètres, entre des pierriers vertigineux, des sommets obliques à la Dali et des vasques à l’eau claire couleur d’émeraude.

Et le retour à l’humaine présence parmi les paysannes en habit traditionnel – couleurs vives des grands jupons, coiffes se balançant, tricot à la main et sourire aux lèvres.

L’Ausangate.

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