Crapahuter sur les routes argentines, c'est apprendre à retenir (et à prononcer) plein de noms sympas. Sache que Jujuy par exemple, se prononce Rourouille. Bon à savoir si tu demandes ton chemin.

Après une nuit faiblement réparatrice dans la bruyante ville de Jujuy, nous prenons la route pour le désert blanc des Salinas Grandes. Moins célèbre et joli que son confrère bolivien d'Uyuni, ce désert de sel permet de s'habituer en douceur à l'altitude et au goût de la coca, cette célèbre feuille médicinale à machouiller pour lutter contre le mal de la montagne.

La route nous mène jusqu'à 4 170 mètres de hauteur. Un exploit que nous ne manquons pas d'immortaliser sur un bon nombre de clichés. Les jambes sont lourdes, le souffle est court. Ce n'est pas le moment de faire les malins en sautant sur les photos.

Quelques minutes plus tard, l'étendue immaculée apparait enfin derrière le pare-prise pour le plus grand bonheur de nos yeux qui réclament en vitesse des lunettes de soleil. Plusieurs parking permettent de faire une halte et de se balader à même le sol sel. Il y a même des bâtiments construits à base du condiment.

Peut-être auras-tu la chance comme nous, de tomber sur une kermesse locale et te faire inviter à déjeuner (poulet et patates au four) par les gentils organisateurs. Pour cela, il faudra traîner dans les parages à la fin du mois d'octobre et convaincre les locaux que tu es très sympa. Testé et largement approuvé.

Pour que tes nuits soient douces (et fun) à Punamarca : Mama Coca - Rivadavia s/n esq. Libertad, Punamarca
(en cas d'hôtels overbookés, trouve ton nid douillet en Argentine parmi les 6 900 logements dispos sur Likibu, un comparateur qui pourra peut-être t'aider)

Le jour se lève sur le joli (mais touristique) village de Punamarca où nous avons passé la nuit. Les rues pavées et la montagne reprennent des couleurs. Sept pour être précise. Nous partons voir de plus près ce miracle local de la nature qui attire chaque année des milliers de personnes. Personne n'arrive véritablement à nommer les couleurs mais tout le monde s'en fout, tant le spectacle est saisissant.

Lorsque nous débarquons à Tilcara, la journée est entamée, les touristes arrivés et le soleil levé, tous trois depuis un bail. Village routard par excellence, Tilcara se visite surtout pour sa forteresse Pucará de Tilcara. Postée sur une colline de 60 mètres qui surplombe le Rio Grande, elle règne sur le village depuis presque un millénaire. Si une bonne partie des bâtisses sont en ruine, une partie a été restaurée afin de se faire une idée de la vie des indiens Omaguacas. Je te conseille donc de ne pas la louper, même si tu as déjà visité le site de Quilmes.

Sur la route, ne manque pas de te balader sur le Tropique du Capricorne. Une horloge solaire a été posée sur les lieux afin d'immortaliser son passage. Ce n'est pas tous les jours que l'on traverse le méridien.

Pour que tes nuits soient douces (et surtout bon marché) : Humahueca Hostal - Buenos Aires 447, Humahuaca. Tel. : +54 (388) 15500-1726.

Débarquer sur cette lagune perdue au milieu de nulle part se mérite. Comme se taper un paquet de kilomètres de piste poussiéreuse et callouteuse, crever une roue, déglinguer le circuit de refroidissement, casser un coffre et devoir trouver une solution pour terminer le trajet avec le dit-coffre ouvert. Un 4X4 peut parfois être utile dans la région, en particulier durant la saison des pluies.

Mais quelle récompense à l'arrivée. Le genre d'endroit qui n'existe que dans les bouquins, où l'on se balade seul au monde, entouré de guanacos (et/ou d'alpagas) sauvages, d'oiseaux par milliers et de pas moins de trois espèces de flamands roses. Afin de préserver les lieux, les véhicules ont récemment été relégués dans le parking du gardien, à une vingtaine de minutes à pied de la laguna. Il était temps, le sol abîmé témoignant des anciens allers et venues d'engins motorisés. En plus des bonnes chaussures, prévoir son casse dalle, les boutiques étant tout bonnement inexistantes dans le coin.

L'un de nos plus beaux souvenirs d'Argentine s'achèvera quelques heures plus tard dans la tristounette ville d'Ambra Pampa, aux portes de la Bolivie, sans voiture pour aller admirer la Montagnes aux 14 couleurs, mais avec mille fois plus de souvenirs dans la tête.

Photos J. Marran et Solcito.