Le plateau d’Hardangervidda

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Jour 3, Entre montagnes et lacs

07 Juillet 2015

C'est une longue journée qui s'annonce aujourd'hui. On a prévu de traverser le plateau d'Hardangervidda pour atteindre le Hardangerfjord, puis, le longer sur toute sa partie Est pour dormir à Seljestad, plus au Sud. Lors de la préparation du voyage, cette journée et celle du lendemain furent difficiles à organiser. Cette région est très prisée en été et les hébergements sont pris d'assaut. Il fallait donc trouver le bon compromis entre hébergement abordable et itinéraire faisable / intéressant pour ces deux journées. Certes, ce jour là nous n'avons pas moins de 3h30 de route au total, mais avec beaucoup d'arrêts tout au long du parcours, dont deux randonnées.

La route n°7 traversant la Norvège d'Est en Ouest n'est pas vraiment la plus rapide pour rejoindre les fjords de l'Ouest depuis Oslo mais elle a le mérite de passer par de somptueuses régions. La veille nous avons sillonné la vallée de la Numedal, dans un vrai décor d'alpage et nous voilà aujourd'hui au cœur d'une station de montagne, entourée pas de hautes montagnes enneigées. À l'Ouest de la ville de Geilo se trouve le parc national d'Hallingskarvet où une grande population de rennes sauvages réside. Cette chaîne de montagne s'étend de Geilo à Finse et notre première randonnée sera sur la montagne Prestholtskarvet , prés de Geilo.

À partir du café Prestholtseter, de nombreuses randonnées, à pied ou à ski, sont possibles. Consultez le site de l'association de randonnée norvégienne, qui est quasiment le seul à répertorier autant de randonnées sur la totalité du territoire, et l'article d'Erna Bouillon pour plus d'infos sur les cartes de rando en Norvège. On accède au café par une route privée où le paiement d'un péage est nécessaire pour passer en voiture. Ce genre de péage est courant en Norvège aux abords des sites naturels. Le péage est très discret, un simple panneau et une petite guitoune en bois indiquent la limite de la zone gratuite. Comme tout bon citoyen, il faut aller inscrire son nom et le numéro de sa plaque d'immatriculation sur un papier, l'insérer dans une enveloppe avec le montant indiqué (30 NOK) et glisser le tout dans une boite métallique, en ayant pris soin de détacher le reçu qu'on posera en vue sous le pare-brise en cas de contrôle.

La route grimpe jusqu'au café Prestholtseter. De nombreux chalets bordent la route, les premiers amas de neige apparaissent et la vue dégagée porte loin. On gare la voiture devant le café où seulement deux voitures stationnent à cette heure matinale. Le thermomètre affiche 8°C mais un vent violent souffle et rafraîchit l'atmosphère !

La randonnée des 2000 marches du Prestholtskarvet est la randonnée du coin la plus populaire (indiquée en difficulté moyenne ou facile selon les sources). Il s'agit d'un aller-retour balisé de 4,6 km avec 632 mètres de dénivelé réalisable en 2h30 et conduisant au sommet du Prestholtskarvet situé à 1859 mètres d'altitude. Il existe également une boucle suivant la ligne de crête en direction de l'Est et revenant par la route que nous avions emprunté pour monter, mais celle-ci était indiquée pour 4h de marche, bien trop long pour notre journée chargée.

Après 500 mètres sur un chemin de terre, il faut bifurquer à droite et grimper directement à flanc de montagne. La pente est raide et dépourvue de végétation, du coup, pourquoi s'embêter, les Norvégiens ont fait le tracé de manière quasi-rectiligne. Heureusement qu'ils ont pensé à aménager la pente abrupte en positionnant des dalles de pierres disposées en marches d'escalier ! Il y en aurait environ 2000, mais on a vite perdu le fil... Je vous avoue que l'ascension fut éreintante pour moi, les cuisses chauffants à bloc et le souffle court. Heureusement, la vue en vaut la chandelle. Le Hardangervidda s'étend derrière nous, couvert de nuages bas filants à toute allure sur les steppes et les lacs du plateau.

Au dessus de nous, le sommet de la montagne est enneigé et le chemin suit un court d'eau dévalant la pente entre les rochers. Le vent soulève un nuage de neige qui virevolte sur les reliefs. En haut des marches, on atteint un plateau rocheux balayé par les vents. Il s'agit du premier point de vue de la randonnée, le Prestholtskarden.

En regardant la carte on s'aperçoit que le tracé initial continu sur la gauche, en direction du sommet enneigé mais nous ne voyons aucun balisage. En revanche, il y en a un qui continue sur la droite en pente plus douce jusqu'au sommet d'une montagne. Nous décidons d'y aller. Il faut sillonner entre puis grimper sur les rochers entre lesquels se cachent parfois de grandes plaques de neige. Il est difficile d'apercevoir le balisage, de simples pierres peintes en rouge, dans ce désert minéral. De gros nuages noirs nous poursuivent et recouvrent le sommet lorsque nous y arrivons. Dommage. Nous avons à peine le temps de voir la vue avant que le brouillard coupe toute visibilité sur les alentours. Dans la descente, on croise de nombreuses personnes qui montent. Nous avons bien fait de venir tôt ; là, c'est un peu l'autoroute. Dans le lot, plusieurs familles norvégiennes avec des enfants de tout âge. On a un peu l'impression que pour eux, la montée ne pose pas de soucis, que c'est une simple balade digestive...

Le plateau d’Hardangervidda

Après une petite pause pique-nique, on reprend la route en direction de l'Ouest. La route n°7 traverse le pays d'Est en Ouest et longe le Nord du parc national d'Hardangervidda. Au fur et à mesure, les paysages deviennent plus sauvages. Le plateau est parsemé de lacs, quelque fois gelés, et de vastes étendues de steppes. Il s'agit du plus grand plateau européen. De plus, il est situé au delà de 1000 mètres d'altitude, ce qui signifie que les arbres n'y poussent pas. Ces immensités désertes constituent donc un paradis pour les randonneurs et les amoureux de la nature. Plusieurs treks traversant le plateau existent, ainsi que des refuges accueillant les randonneurs.

La route n°7 est classée route touristique entre Haugastøl et Eidfjord. Mais attention, en raison de son altitude, elle peut être fermée l'hiver. De nombreux points de vues permettent de se garer et d'admirer le paysage, notamment prés du lac Ørteren où le décor est sublime malgré des nuages bas : un lac partiellement gelé, bordé de pierres et de cairns avec, en fond, la chaîne de montagne d'Hallingskarvet qui se détache.

Hardangervidda abrite également la plus grande concentration de rennes sauvages. Il ne s'agit toutefois pas de l'espèce originaire des hauts-plateaux.

Des troupeaux, ainsi que les éleveurs Sami furent installés sur le plateau dans les années 1900. Mais, l'élevage échoua et la majorité des rennes finirent par s'enfuir dans les montagnes. On croise encore quelques habitats traditionnels Samis aux toits de tourbe et des stands où ils vendent, en bord de route, des peaux et des bois de rennes. Les Samis sont le dernier peuple aborigène d'Europe, présents en Norvège, Suède, Finlande et Russie. La culture Same est basée en grande partie sur l'élevage de rennes, l'artisanat et l'art et se distingue par ses costumes traditionnels colorés.

Après un cours arrêt sur un site Same , nous reprenons la route. Le brouillard se fait bientôt plus présent et recouvre le plateau. La visibilité est réduite à néant et une ambiance étrange, fantomatique s'y dégage, apercevant les formes au dernier moment.

Puis, la route finie par redescendre et nous passons en dessous des nuages. Et là, le paysage change du tout au tout, on découvre une étroite vallée abrupte et luxuriante où se niche la cascade la plus prisée de Norvège, Vøringsfossen , qui marque la porte de sortie (ou d'entrée, en fonction ^^) de l'Hardangervidda. Mais ça, c'est pour le prochain épisode...

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