Des rives du Nil aux berges d’Argenteuil…

Un des plus beaux livres que j’ai lu ces derniers temps, qui a obtenu le prix Nicolas Bouvier 2014, délivré lors du festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo. Entre nous, les Levantins, par Benny Ziffer.

La collection Khalil est restée en Égypte, et, à long terme, elle a vaincu l’Égypte. Il y a quelque chose de symbolique dans le fait que, quarante ans après la révolution nassérienne, avec la disparition du Chef de l’État, Mohamed Khalil a recouvré sa demeure et son honneur. Ses portraits accrochés à nouveau aux murs de son palais français offrent le témoignage que la volonté de ressembler à l’Occident, aspiration condamnable aux yeux d’aucuns, demeure vivace en Égypte, après des années d’étouffement chauvin.
De la fenêtre du deuxième étage du musée donnant sur le Nil, on aperçoit à travers les plis d’un rideau blanchâtre des bateaux recouverts de bâches bercés par les flots, dans la petite marina d’un club de plaisance. Est-ce un hasard si ce paysage ressemble à s’y méprendre au tableau de Claude Monet exposé dans une salle voisine, Argenteuil, bateaux au long de la berge ?

Benny Ziffer, Entre nous, les Levantins
Actes Sud 2014
Traduti de l’hébreu par Jean-Luc Allouche