À la découverte du delta du Mékong

Publié le 04 décembre 2015 par Mosaïques @mosaiquesvoyage

 Après une semaine de détente bien agréable sur l’île de Phu Quoc, nous commençons la remontée du Vietnam, par étapes. Notre première halte est au cœur du delta du Mékong. Ce nom me fait rêver depuis longtemps. Je veux sentir l’ambiance de cette région, voir comment les gens vivent autour du fleuve. Notre base sera Cân Tho

Cân Tho et les berges du Mékong

Depuis Phu Quoc, nous avons pris un ferry jusqu’à Rach Gia puis un bus pour rejoindre Cân Tho qui est au centre des 11 provinces du Mékong. «Tous les canaux mènent à Cân Tho » nous dit le « Petit Futé ». Cân Tho est le centre culturel de la région. La ville a plusieurs universités et certaines ont des projets de coopérations avec des facs françaises en environnement, agroalimentaire, droit, électronique, médecine. Cân Tho est connu comme le grenier du Vietnam. Le traitement du riz est son industrie principale. On y cultive aussi beaucoup de fruits et de légumes. Les produits de la mer sont une de ses richesses, également.

Avec notre bus, en approchant de notre destination, on longe un cours d’eau où s’ébattent des milliers de canards. Il se comportent comme des moutons, en fait. Ils suivent leur chef dans des processions immenses. L’eau est bien marron et leurs plumes blanches ne sont plus qu’un lointain souvenir. On se dit qu’on va éviter de manger du canard! On apprendra ensuite qu’une des grandes spécialités culinaires du coin est le rat! Donc, finalement, le canard, pourquoi pas!?

Même si je savais que Cân Tho était une ville, je continuais à imaginer que nous arriverions au milieu de nulle part dans un hameau, au cœur d’un labyrinthe de canaux. Les rivières en pleine nature me fascinent. C’est un mélange d’attirance et de peur. Je me rappelle ma première sensation d’inquiétante étrangeté, il y a longtemps, au Costa Rica, sur une barque à moteur qui nous emmenait au cœur de la forêt sur des eaux sombres. Plus récemment, en Amazonie, la sensation d’être dans un dédale de voies navigables m’avait beaucoup impressionnée.

Là, il faut dire que c’est différent, on n’arrive pas en barque mais en bus et on se retrouve en effet dans une ville. Plus d’un million d’habitants. Une circulation moins frénétique que dans d’autres villes du Vietnam. On se retrouve dans un hôtel moderne où on a la bonne surprise d’être surclassés dans une immense chambre avec vue panoramique. On voit le fleuve qui serpente entre les maisons. Ce sera notre première destination, les valises à peine posées!

Les berges du Mékong ont été aménagés en promenade. Dans un joli parc fleuri, trône une immense statue du père de la nation Ho Chi Minh ( un incontournable au Vietnam). Dans le marché couvert reconverti en boutiques pour les touristes, se trouve un restaurant qui est un excellent point d’observation du Mékong.

Passent en permanence des embarcations de tous types : transports de marchandises, barques de pêcheurs, bateaux touristiques… On aperçoit un bac qui permet aux piétons et aux 2 roues de traverser le fleuve sans emprunter un des ponts qui se trouvent plus loin.

Le bac pour traverser le fleuve

La fraîcheur ( relative) de la fin de journée attire beaucoup de promeneurs sur les berges. Il faut dire que la chaleur est étouffante pendant la journée. Le soleil se couche vers 17h30. Dès 16h30, les rues s’animent à nouveau : promeneurs mais aussi vendeurs de rue. À Cân Tho, il y a un marché de nuit pour les vêtements et les chaussures. Dans d’autres rues ce sont des dizaines de stands de nourriture, beaucoup de brochettes en tous genres. Près des quais, se trouvent de nombreux restaurants, pour toutes les bourses. On  a beaucoup aimé le cadre et la cuisine du Nam Bô.

Hotel et restaurant Nam Bô

Les marchés flottants

Le grand point d’intérêt pour les visiteurs est la découverte des marchés flottants. Ils ont lieu tôt le matin. On nous a prévenus qu’après 8-9h, tout est plié. On est donc partis à 5h30 pour une ballade à deux (avec un pilote et un guide). Notre barque n’était pas pimpante mais ce qui nous importait était d’être seulement les deux. La première surprise est que la ville est bien réveillée à 5h30. Il fait toujours nuit mais tout le monde s’active. Sur le Mékong, c’est un ballet de barques qui se met en action. On a vraiment apprécié la fraîcheur et le calme du moment.

Notre barque

Le lever du soleil a été discret du fait de gros nuages. Il nous a fallu 40 minutes pour rejoindre le premier marché flottant: Cai Rang. C’est un marché de fruits et légumes qui se passe exclusivement sur des barques (flottant, quoi!). Il joue dans la catégorie  » vente en gros ». Les vendeurs viennent d’assez loin avec des barques super remplies de certains fruits et légumes. Chacun a sa, ou ses spécialités, qui sont affichées par un système simple et ingénieux : les fruits et légumes vendus sont accrochés le long du mât.

Les vendeurs restent plusieurs jours sur le marché jusqu’à la vente complète de leur marchandise. Ils dorment et mangent dans le bateau. Les commerçants de la ville viennent s’approvisionner le matin sur ce marché. Nous, on avait les yeux grands ouverts face à cette organisation bien réglée. Nous étions quelques bateaux de touristes présents mais nous semblions invisibles au milieu de l’effervescence. On a vu s’échanger de grosses quantités d’ananas, de cocos, de pomelos géants. Certains faisaient des affaires avec le plus grand sérieux, d’autres semblaient plaisanter et heureux de se voir.

On a ensuite continué vers un deuxième marché aux dimensions plus modestes: Phong Dien. Toujours des fruits et des légumes mais cette fois ce sont des vendeurs qui viennent chaque matin et vendent de petites quantités à des particuliers. Beaucoup de femmes qui faisaient leurs affaires. Il y avait une barque « café », une barque « restaurant ». On slalomait à la rame entre les embarcations. Certaines femmes avaient vraiment une sacrée prestance!

Tout au long de notre avancée sur le fleuve, on pouvait voir des baraques littéralement les pieds dans l’eau, le long des berges. Une légère montée des eaux et leur habitat serait inondé! On peut imaginer la précarité dans laquelle ils vivent.

Notre balade s’est poursuivie par un petit canal où seuls les petits bateaux passent quand il y a suffisamment d’eau. Étant alors en fin de saison des pluies, le niveau de l’eau était haut. On se frayait un chemin dans le calme de la nature. On a adoré ce moment. Les images des marchés flottants en mémoire, on était ravis de s’être levés tôt pour assister à ces moments. Petite marche ensuite au bord du canal, entre les arbres fruitiers ou les rizières.

Quelques maisons parsemées. Certaines très modestes, d’autres plus aisées. Les gens se lavent dans l’eau, font la vaisselle.

Parfois, il faut enlever ce qui  bloque les hélices des bateaux.

Notre pilote a dû enlever un sac plastique autour de l’hélice. Il l’a aussitôt rejeté dans l’eau! Oups, j’ai failli m’étouffer! Le Mékong est leur richesse mais ils n’ont pas encore pris conscience de la nécessité de préserver cet environnement! Un jour, sûrement….

Arrêt dans une guest-house qui a un beau jardin fruitier.

Quelques tombes sur le parcours de la visite. Au Vietnam, on trouve souvent des tombes à côté des maisons ou au milieu des champs.

Pause rafraîchissement. Nos accompagnateurs mangent comme des ogres leur soupe du matin! Nous, décidément, la soupe du matin, on n’y arrivera pas! Juste au moment de partir, je surprends dans une maisonnette une princesse en plein jeu avec un Petit Prince trop mignon!

On rentre vers la ville, heureux de notre matinée. Je reçois un petit souvenir de notre pilote : un bouquet de fleurs fait main. Notre excursion a été organisée avec Mrs Ut, une charmante dame qui se trouve toujours sur les quais. On vous la recommande si vous passez par là.

Il n’est que 11h et on a l’impression d’avoir déjà vécu une journée depuis notre réveil. On comprend mieux pourquoi les rues sont calmes pendant la journée! Les gens sont en plein action quand nous, on dort.

Les surprises de Cân Tho

Les autres jours, nous avons arpenté les rues de la ville. La circulation en tant que piéton est plus facile qu’à Hanoi ou Saigon. Les trottoirs sont toujours monopolisés par les commerces et les deux roues mais les rues sont moins frénétiques.

On a découvert de petites ruelles calmes, trop étroites pour le passage des voitures. On se retrouve alors dans une petite vie de quartier tranquille. Les enfants sont ravis de nous saluer! Les gens vivent en grande partie dans la rue, cuisinent et mangent sur le pas de leur porte. Les ruelles forment un labyrinthe où on a aimé déambuler.

Cân Tho a même un lac charmant. Les abords sont aménagés avec des bancs. On sent un certaine douceur de vivre.

Quelques temples et pagodes sont disséminés dans la ville. Ce ne sont pas des lieux particulièrement somptueux comme on en a vus dans d’autres pays asiatiques mais ils offrent des pauses douceur au milieu de la ville. On ne sent pas de ferveur religieuse ici mais cela n’est pas étonnant dans un pays communiste.

Cân Tho est en général un lieu de passage pour les touristes qui vont voir les marchés flottants. Nous n’avons croisé que très peu de touristes dans la ville. Les gens ne parlent pas anglais (encore moins qu’ailleurs!). Il n’y a pas d’établissements très occidentalisés. Le tourisme reste concentré sur les balades sur le Mékong. Comme nous n’étions pas pressés, on y est restés quelques jours et on a beaucoup apprécié d’observer la vie de cette ville à dimension humaine qui a une activité économique propre, en dehors du tourisme.

Cela nous a donné l’occasion de vivre des scènes coquasses de la vie quotidienne et en particulier deux séquences légèrement stressantes : 1. Mon passage dans un salon de coiffure pour une coupe-couleur. Mes explications avec un peu d’anglais et beaucoup de gestes n’ont pas dues être très satisfaisantes. L’équipe de coiffeuses a fait ce qu’elle a voulu de mes cheveux pendant 3 longues heures. Sacrée surprise à l’arrivée! ( Eh non, pas de photo!!!) 2. Un dimanche, un distributeur a avalé notre carte bancaire alors qu’on devait partir le lendemain matin. Résultat : on a dû rester un jour de plus pour attendre l’ouverture de la banque et récupérer le précieux sésame pour continuer la route. Pas de complications, malgré ce qu’on craignait! On a souvent lu que des voyageurs avaient eu de mauvaises expériences au Vietnam, en particulier des arnaques ou des rapports commerciaux tendus. De notre côté, on n’a eu que de bonnes expériences avec des personnes souriantes et sympathiques. Un vrai plaisir!

D’autres aventures nous attendent. On remontent ensuite en bus vers Mui Né et ses dunes de sable en bord de mer.

À Bientôt!