Et maintenant ?

Samedi 14 novembre 2015, 9h30 dans la banlieue de Sydney. En France, il n'est encore que 23h30, et on en est toujours au vendredi 13. Putain de vendredi 13. Je savais qu'il ne fallait pas lui faire confiance...

Et maintenant ?Je suis dans la voiture de mes hôtes, ils nous emmènent découvrir un sympathique marché de Sydney. Je suis enjouée à cette idée. Maintenant que je ne suis plus dans leur maison, mon téléphone veut bien capter Internet. Je le sens vibrer sans arrêt dans ma poche. Je le sors, et regarde les notifications. Des mots de ma mère m'interpèlent. " Ma Jenny, quelle horreur à Paris!! " me dit-elle sans plus d'infos. " Il fait meilleur d'être en Australie qu'en France ce soir " me dit une amie en parallèle, toujours sans précision. J'ouvre Facebook. " Courage à mes amis parisiens " est le premier statut que je vois apparaître. Puis je fais défiler... Tous mes contacts, français, portugais, brésiliens, canadiens... tous font référence à un carnage qui vient d'avoir lieu à Paris. En quelques secondes, et en faisant un condensé de tout ce que je lis et de tout ce qu'on m'explique en parallèle par message privé, je comprends... Le terrorisme a (encore...) frappé. La France a (encore) été visée. La France a été sacrément atteinte...

Mon enthousiasme de globe-trotteuse à la découverte du monde laisse soudain place à de la panique. Je suis littéralement sous le choc... Oui, je suis loin. Oui, je suis occupée à des choses globalement agréables. Mais où que je sois, quelles que soient mes occupations, je reste française. La France est et restera toujours mon pays, même si je me sens un peu chez moi partout où je m'installe ailleurs dans le monde... Et forcément, un tel massacre ne peut que me toucher.

Je suis d'une nature ultra anxieuse. Tout est prétexte à me faire stresser, même si j'essaie d'en faire fi la majeure partie du temps afin de ne pas me pourrir l'existence (et celles de mes proches). À presque 17000km de Paris, j'ai été plus que choquée par ce que j'ai vu, lu, entendu. Et quand je vois l'impact que ça a sur moi et sur mes angoisses, je suis " contente " d'avoir été aussi loin à cet instant-là... Jusqu'à aujourd'hui, je n'étais déjà pas très à l'aise dans la foule ; je crois bien que je le serai encore moins. Je ne me sentais pas en sécurité dans les aéroports ; je le serai certainement encore moins. J'avais déjà terriblement peur que ma vie s'arrête trop tôt, d'un coup d'un seul, sans que je ne voie venir sa fin... et c'est évident que je le craindrai encore plus. Mais justement, parce que j'ai cette peur ancrée en moi, je refuse de gâcher une seule minute de mon existence à cause de ces barbares. Plus que jamais, alors que j'en avais déjà bien conscience, je sais à quel point la vie ne tient qu'à un fil et qu'elle peut cesser à tout moment. Pas question de me laisser abattre, et d'ainsi donner raison à ces connards de terroristes...

La vie n'est peut-être pas précieuse pour des débiles qui se font sauter. Mais elle l'est pour nous. Et elle l'était très certainement pour toutes ces personnes qui ont perdu la vie alors qu'elles étaient en train de passer un bon moment entre amis, en couple, en famille à l'occasion d'une sympathique sortie un vendredi soir dans la capitale française... Elles n'avaient rien demandé... et elles avaient certainement plein de projets pour l'avenir, plein de choses qui leur tenaient à coeur. Pour toutes ces personnes, il nous faut continuer à vivre, avancer, il nous faut profiter de chaque instant, et il nous faut nous bouger ensemble contre le terrorisme. Continuons de vivre, célébrons la vie même, tout en gardant au fond de nous l'espoir de jours meilleurs sur le chemin de la paix...

Aujourd'hui, mes pensées vont droit aux proches des personnes tuées dans cette tragédie. Mais je n'oublie pas non plus le reste du monde, notamment mes amis libanais et brésiliens, dont les patries sont secouées par d'autres événements...