Mon top 10 Florence: N°8: la galleria degli Uffizi

Pour beaucoup, il s'agit sûrement d'une surprise que ce formidable musée de la peinture de la Renaissance ne soit que 8e dans le top alors qu'il fait partie du top 3 de tous les guides touristiques consacrés à cette ville. Mais j'ai eu en fait d'autres coups de coeur, souvent méconnus, et j'ai quand même choisi de placer ce musée alors que j'avais 20 choix possibles pour ce top 10. Les longues files d'attente sont en fait un moyen de réguler l'intérieur. Car ici, ce n'est pas comme au Louvre: nous ne sommes pas serrés en masse devant des tableaux, hormis les incontournables Botticelli. Toutefois, ce musée est un essentiel à faire au moins une fois dans sa vie.

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Un agglomérat de trésors

Pourquoi dans le top 10? Le mémorial des maîtres de la Renaissance

Les artistes ont beau être tous morts, leur flamme ne s'est pas complétement éteinte. On a encore les yeux qui brillent devant cette centaine de chefs d'oeuvre. Je sais que vous attendez qu'on vous parle de Botticelli et j'en dirai deux ou trois mots mais il y a d'autres oeuvres qui m'ont tout autant fascinés. Dans les premières salles, nous sommes encore au Moyen Age, où les artistes peignaient des sujets religieux sur fond doré, des sujets à l'air grave, pas toujours bien proportionnés et qui ne respirent pas l'émotion. Seulement, on admire déjà ce que fait un peintre comme Cimabue. Et c'est une excellente transition avant d'arriver dans les salles de la Renaissance.

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Avant la Renaissance, le Moyen Age

C'est une enfilade de tableaux de la Renaissance avec ses débuts et ses apothéoses. Je ne vais pas vous faire le détail salle par salle, que je n'ai d'ailleurs plus en tête mais quelques oeuvres m'ont fait tilt. Parmi elles, l'oeuvre de Piero della Francesca qui met à l'honneur un couple sur deux cadres distincts, ce qu'on appelle donc un diptyque: le duc d'Urbino, Federigo da Montefeltro et sa femme Battista Sforza, venue tout droit de Milan. Ici, plus de sujets religieux, l'homme est au coeur de l'art et la Renaissance s'est entichée d'une série de portraits. Mais attention, nous sommes au tout début de cette période artistique et les portraits sont de profil, à l'image des empereurs romains sur les pièces de monnaie. C'est Léonard de Vinci qui changera la donne avec ses portraits de 3/4. Le peintre ose peindre la réalité: Federigo n'est pas beau, on peut même dire qu'il est moche. Et il l'était car ici, il prend son plus beau profil, celui de gauche. En effet, il avait perdu son oeil droit lors d'un tournoi, ce qui explique pourquoi l'arrête de son nez soit sectionnée. On peut même voir ici quelques impuretés sur la peau. Pour l'émotion, on repassera. Ce tableau ne dégage pas un amour intense mais avec ses fabuleux paysages, il reste pour moi l'un des plus beaux tableaux de cette période.

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"T'es heureux chéri? " "Ta gueule et pose"

La première fois que j'avais visité ce musée, La bataille de San Romano de Paolo Ucello était en restauration. Là, j'ai enfin pu l'admirer. Le peintre raconte l'une des batailles entre Florence et l'une de ses rivales, en l'occurence Sienne. Vous avez dans la galerie des Offices une partie de ce tryptique, les deux autres sont au Louvre et à la National Gallery de Londres. Sienne a perdu tandis que Paolo Ucello, qui peint en 1456, s'essaie à la perspective et aux lignes de fuite, rendues par les lances des soldats qui forment même un damier au sol. Certes, les proportions des corps ne sont pas encore parfaites: les gens à l'arrière sont quand même bien grands alors qu'ils sont censés être lointains et les chevaux dont les flancs sont tracés au compas semblent avoir plus leur place dans un manège de chevaux de bois qu'au coeur d'une bataille mais ce sont toutes ces maladresses qui m'ont touché. Il ne faut pas forcément que ce soit réaliste pour que ça me plaise.

 La défaite du camp siennois illustrée par la mise hors de combat de Bernardino della Ciarda, (~1456) détrempe sur bois de 3,23 m × 1,82 m (Galerie des Offices, Florence)

 En avant pour un tour de manège

Pour les amateurs du grand Léonard et je sais qu'il y en a énormément sur cette planète, le peintre, qui était un ingénieur avant toute chose, vous offre ses premières compositions. Ici, Léonard était encore un jeune homme, ébahi par le Duomo en travaux, lui qui venait du village de Vinci, perdu en plein milieu de la campagne toscane. Nous y retrouvons le fameux tableau de Verrocchio sur lequel il a participé en peignant la tête d'un ange. Vous connaissez tous la légende, véhiculée par Vasari, qui dit que le maître se voyant dépasser par son apprenti n'aurait plus jamais voulu toucher un pinceau de sa vie. On retrouve aussi une de ses Annonciation, où il a peint seul comme un grand. Tableau de jeunesse où il n'a pas encore trouvé son style (ses couleurs sont les mêmes utilisées que celles de Verrochio) à l'époque et sur lequel, il fait quelques erreurs de perspective. Mais regardez dans cette salle, il y a d'autres peintres connus issus de l'atelier de Verrochio. C'est comme si nous êtions dans une réunion de parents d'élèves où les bambins exposaient leurs travaux, ici des chefs d'oeuvre. C'est le cas du Péruguin qui sera même appelé pour peindre les murs de la Sixtine. Pas Léonard. Michel Ange est aussi présent mais je ne suis guère attiré par ce qu'il fait en peinture, hormis la Sixtine. Je le préfère sculpteur.

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Quand Léonard fout la honte à son maître

Dans les salles 10 à 14, on s'aglutine. C'est un peu les Joconde de la galerie des Offices mais heureusement pour nous, il y a plusieurs tableaux de Botticelli. La Naissance de Venus comme Le Printemps dans presque tous les livres d'art ayant pour sujet la Renaissance italienne, sont devant nous et nous font voyager dans le domaine des dieux de l'Antiquité. Des dieux beaux, amoureux, auréolés dans une nature apaisante. On ne saura jamais vraiment qui a donné ses traits à la Vénus car les historiens débattent encore sur son identité, une femme qui a été utilisée pour plusieurs de ces chefs d'oeuvre. Dans l'Adoration des mages qui met en scène les Médicis, l'artiste se représente, nous regardant droit dans les yeux. Questio d'ego ou a-t-il peur de notre avis? Moi, j'adore. Rien ne sert de vous faire une autre étude sur ce tableau dans cet article. Des spécialistes vous en parleront bien mieux que moi.

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Le Printemps selon Botticelli

Même si c'est difficile autour de ces chefs d'oeuvre, ne manquez pas d'admirer le lieu pour ce qu'il est. Avant d'abriter des tableaux, il était le lieu de l'administration médicéenne. Cosme Ier avait chargé Vasari, lui-même peintre qui s'en est donné à coeur joie dans le Palazzo Vecchio, d'ériger ce bâtiment en forme de U juste au bord de l'Arno. L'étage supérieur du palais servit bien vite de galerie d'art pour entasser les oeuvres de François Ier, fils de Cosme Ier, aussi féru d'art. D'ailleurs, il n'y a pas que les peintures qui valent le coup mais des objets entassés par la famille. Après être ressorti, amusez vous à reconnaître les artistes que vous admiré dans les niches, immortalisés par des sculptures. Ou alors, prenez une bonne bouffée d'air frais sur la terrasse pour être en émoi devant un autre chef d'oeuvre: la coupole du Duomo.

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A la niche les artistes

Bon à savoir:

- Evitez d'arriver sans réserver car la queue est aussi longue, voire plus que celle pour grimper le Duomo. Sinon 2h30 ou 4 heures d'attente risquent de vous mener vers l'abandon. Je vous donnerai bientôt les bonnes adresses pour éviter ces désagréments.

- Evitez d'y rester une journée complète. Certes, après les peintres de la Renaissance, il y a d'autres maîtres tels Rembrandt. Seulement, 3 heures seront suffisants ou alors faites une longue pause le midi car difficile de rester concentré dans un tel musée après une telle durée.

- Le billet est à 6,50 euros (divisé par deux pour les tarifs réduits) donc prenez garde sur les prix exhorbitants affichés sur certains sites Internet, surtout que beaucoup d'entre eux apparaissent dans la première page de recherche Google.

- Ouvert tous les jours sauf lundi de 8h15 à 18h50. Fermé le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre.