Mon top 10 Florence: N°10: La chapelle Médicis

Alors que la queue est infiniment longue devant la galleria dell'Academia, les touristes en oublient qu'il y a d'autres trésors de Michel Ange dans la ville. Là encore, il suffit juste de pousser les portes. Heureusement pour vous, celle de la chapelle Médicis est bien visible.

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Michel Ange, partout à Florence

Pourquoi dans le top 10? L'autre projet sculptural florentin de Michel Ange

Vous serez époustoufflé par le David mais vous le serez tout autant devant les tombeaux du maître. Cependant, avant d'arriver au chef d'oeuvre des chefs d'oeuvre, il vous faudra passer par une formidable collection d'art des Médicis, en particulier des reliquaires. Et la famille qui a gouverné Florence pendant toute la Renaissance et le duché de Toscane au delà n'est pas en reste dès qu'il s'agit d'art. Comme les Brancacci ou les Pazzi, la chapelle était l'occasion d'inscrire la dynastie dans l'espace temps, infini si cela était possible. Je l'ai déjà dit, si les gueguerres ont pu dégénérer en petits meurtres entre banquiers (voir article ici), on menait aussi bataille à coups de pinceaux ou de truelles pour posséder le plus beau des mémoriaux religieux. Ces familles ont au moins réussi une chose: qu'on ne les oublie pas.

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Trésors de Médicis

Ce n'est pourtant pas Laurent le Magnifique qui envisagea cette superbe chapelle, lui à qui on doit devoir presque tout dès lors qu'on parle d'art à Florence. Il s'agit de l'un de ses successeurs, Cosme Ier (à ne pas confondre avec Cosme l'Ancien), non plus un défenseur de la République, mais duc de Toscane, qui comme on le verra plus tard au Palazzo Vecchio, a honni avec force et par l'art l'ancien régime politique. C'est sous son fils cadet, Ferdinand Ier que s'acheva ce cimetière luxueux où on déambule entre les blasons, la nacre, le corail, les pierreries, le granit d'Egypte ou de Corse ou le lapis lazuli, roche volcanique bleue qui procure des effets saisissants. Et tout ça dans une salle octogonale démesurée sous une coupole au coeur de la basilique San Lorenzo. Pas une statue des grands ducs ne manquent mais pas de ceux qui ont dirigé la république. L'ensemble semble grandiose et il est pourtant encore en travaux. Une occasion pour moi de revenir afin d'admirer la perfection. C'est une excellente salle d'attente alors que nous trépignons d'impatience d'entrer dans la salle des tombeaux de Médicis.

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Célébrer la dynastie

Michel Ange l'a toujours exprimé: pour lui la sculpture survole la peinture. C'est un peu con pour lui que parmi les oeuvres que le public plébiscite, il y a le plafond de la chapelle Sixtine. Cet homme colérique cultivait le mythe de l'artiste pas sympa mais dont nul ne pouvait contester le génie. Et ici, le talent s'est incrusté dans le marbre de carrare, jaillissant comme un soleil qui nous aveugle la vue. J'arrête là les périphrases pompeuses et je reviens, le temps de quelques lignes, sur ce qui lie Michel Ange à la famille régnante. Michel Ange était encore un adolescent quand il était apprenti de Ghirlandaio, un autre monstre de la peinture. Très tôt, il s'attire les faveurs de Laurent de Médicis, nommé aussi le Magnifique. Par la suite, il reste fidèle à cette famille, voyageant entre la Toscane et Rome, là où les Médicis avaient réussi à obtenir la tiare pontificale, Jules II et Léon X. Mais surtout, alors qu'il ne finit jamais le tombeau de Jules II dont nous reparlerons plus tard, il réussit à achever les tombeaux de deux Médicis dans la Sagrestia Nuova. Alors que Laurent le Magnifique et son frère sont inhumés au même endroit, leur sépulture revêt un caractère bien modeste comparé à celles de ses petits enfants, Julien, duc de Nemours et Laurent, duc d'Urbin. Ces ensembles sont caractéristiques de l'art de Michel Ange, dit non finito, cet aspect inachevé qui caractérise plusieurs oeuvres du maître. Ici, il ne s'agit pas de représenter les défunts mais 4 figues allégoriques. Parmi elles, l'écoulement du temps sur la tombe de Julien avec le jour d'un côté où le caractère non fini entoure encore plus d'un halo de mystère la sculpture. De l'autre, La Nuit, avec des symboles reconnaissables: la chouette, le croissant de lune et l'étoile sur son diadème. Ce qui est impressionnant, c'est ce travaille sur le marbre de carrare, dont les carrières étaient déjà exploitées au temps de Jules César. Il se situe dans les Alpes apuanes et est choisi pour sa blancheur presque parfaitement pure. Le résultat final est prodigieux et on n'en attendait pas moins de Michel Ange. Les proportions des coprs, les plis de la peau et j'étais même en extase devant des pieds. D'ailleurs, en parlant d'extase, j'en ai bien eu d'autres à Florence.

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 Douce nuit

Le point sur les Médicis: Laurent II de Médicis

Tout au long de mon top 10, ce sera l'occasion de revenir sur les Médicis. J'aurais pu opté pour des biographies d'artistes mais je leur consacrerai encore de nombreux articles. Cette fois, je commencerai par 2 Médicis pas très connus, ceux de nos tombeaux. Nous savons déjà qu'ils sont les petits fils du célèbre Laurent le Magnifique, celui qui a illuminé la cité par une profusion d'art mais qui a aussi contribué à endetter la famille. En ce qui concerne Laurent II le Jeune ou duc d'Urbin, son père était Pierre II qui succéda à Laurent le Magnifique à la tête de la cité. Mais rien n'y fait, l'aura du père ne put être éclipsée. Il négligea l'opinion publique et s'aliéna les Républicains. Alors que Charles VIII, roi de France, continuait ses guerres d'Italie, Pierre préféra quitter la ville. C'est ainsi que le jeune Laurent II passa une partie de son enfance en exil et fut fait duc d'Urbin. La branche cadette des Médicis était quant à elle resté et avait pris le surnom de "Popolano". Mort jeune en 1519, il est l'initiateur du club des 27. Kurt Cobain et Amy Winehouse sont dans la même catégorie.

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Laurent II médite sur sa propre mort

Bon à savoir:

- La chapelle Médicis est un excellent endroit si vous voulez éviter les foules, en particulier l'été, qui elles se pressent à la galerie de l'Académie, la galerie des Offices, au Duomo et au Palazzo Vecchio.

- Ouvert tous les jours de 8h15 à 17h00 (la billeterie ferme à 16h20)

- Entrée: 6 euros tarif plein, 3 euros tarif réduit (en ce moment comme il y a une exposition, c'est 8 euros ou 4 euros).