La conspiration de Venise

En l’espace de quinze jours, entre le 12 et le 23 mai 1618, cinq français sont sommairement exécutés à Venise, sur ordre du Conseil des dix.

Dans l’affaire de la présumée conspiration de l’Espagne contre Venise, cinq français furent désignés comme des complices, dans une lettre anonyme postée le 9 avril 1618.

Le 18 mai, ce sont les frères Boleaux qui sont éliminés, puis, le 23 mai 1618 c’est Nicolas Renault, qui avait été arrêté le 12, qui périt à l’intérieur de son cachot dans des conditions similaires.

Le poète et espion Francisco de Quevedo relate à Philippe III d’Espagne l’une de ces liquidation expéditives :

« Dinant avec le général [sur une galère de la République], ils descendirent tous dans la chambre, et là, on attacha les mains du français [Jacques Pierre], lui disant qu’il allait mourir. Sans lui donner le temps de se confesser, on le jeta à la mer avec une pierre autour du cou. Ils [les vénitiens] firent de même avec le capitaine Anglade, un français qui s’était enfui de Naples avec Pierre. ce fut proprement un exécution de Turc, ou, pour mieux dire, à la vénitienne« .

La présence du capitaine Anglade est attestée, en compagnie du marin Jacques Pierre, dans la péninsule italienne en 1617, auprès du vice-roi de Sicile, le duc d’Osuma. A en croire Quevedo, les deux hommes s’étaient enfuis de Naples où ils étaient menacés par leur employeur après avoir été achetés par la République de Venise.

D’après Nicolas Renault, le capitaine Anglade travaillait en réalité pour le compte du duc de Lesdiguières.

Aventuriers, agents doubles, triples, espions d’un ne sait plus trop qui… la République de Venise et le Conseil des Dix usèrent de méthodes expéditives pour se débarrasser définitivement de personnages peut-être plus gênants que véritablement dangereux.

Dans la république, mais également dans les cours étrangères, ces assassinats de français ne passèrent pas inaperçus. Venise profita de la plainte adressée par l’ambassadeur français au Sénat au sujet de ces exécutions, pour souligner la connivence des cinq aventuriers avec le trio espagnol : le marquis de Bedmar, ambassadeur espagnol à Venise, Pedro Téllez Griron, duc d’Osuna et le marquis de Villafranca.

La conjuration des espagnols

Sources bibliographiques :

F. de Quevedo Y Vikkegas, obras completas, tome II pages 822-823