Sept conseils pour voyager en Iran

Voyager en Iran, c’est d’abord un ami persanophone qui m’en a parlé, avec cette image des ruines de Persépolis, désertes en plein désert, surgies du passé, écrasées de chaleur, immenses et sans touristes… Ou du musée des joyaux de Téhéran, riches des gemmes « achetées » sur quelques millénaires à leurs voisins indiens… Ou encore de l’hospitalité fantastique de ses amis iraniens… Mais j’étais aux US à cette époque, et je ne tenais pas vraiment à affronter un douanier américain avec un tampon iranien.

C’est presque par hasard que j’ai pris mes billets pour l’Iran : en juillet dernier, j’étais entre deux postes, j’avais posé trois semaines de congés, sans trop savoir où aller. Il me restait une semaine avant le départ quand un ami m’a parlé de la procédure de Visa on arrival : pas besoin de prendre son visa pour partir. J’ai acheté un billet d’avion, un guide touristique et un livre de phrases en persan.

Sept jours plus tard j’étais dans le RER pour Charles de Gaulle. Je ne savais pas si la compagnie allait me laisser monter dans l’avion sans visa ; quel climat j’allais trouver – chaud ou épouvantablement chaud ? ; si les Iraniens parlaient anglais ; si le pays était sûr, la police corrompue, la surveillance omniprésente ; comment les étrangers y étaient accueillis ; combien d’argent prendre ; où aller…

Alors voici quelques petits conseils sur tous ces points, pour ceux que l’aventure en Iran tente comme moi.

Le chapeau et le manuel de farsi

Y aller ou pas ?

Sans revenir, comme en Birmanie, sur la question du soutien implicite au gouvernement, le contact avec la réalité locale, avec les Iraniens, et avec la perception qu’ils ont de leurs dirigeants a achevé de me convaincre: voyager en Iran, c’est d’abord rendre justice à la culture, la modernité, l’hospitalité et l’ouverture d’esprit des Iraniens.

Un thé à Tabriz

Visa et paperasses

Une confirmation de réservation d’hôtel et un enregistrement en ligne suffisent pour obtenir un « Visa à l’arrivée », valide pour 15 jours pleins et prolongeable. Dans mon cas, la compagnie aérienne (Emirates) ne connaissait pas la procédure et j’ai dû insister à l’aéroport pour qu’ils me laissent partir. J’ai atterri en pleine nuit ; nous étions plusieurs au guichet. J’ai donné mon passeport et montré un email de confirmation en anglais sur mon téléphone. J’ai eu mon visa une demi-heure plus tard.

Pour le prolonger, il suffit d’aller dans un bureau ad hoc dans l’une des grandes villes, quand on approche de la fin de la période de validité du visa. En ce qui me concerne je ne suis resté que 15 jours tout rond, donc je n’ai pas eu à tester la procédure.

Pour les anxieux il vaut sans doute mieux demander au Consulat un visa à l’avance…

Les Iraniens et la paperasse

Sécurité

C’est très sûr, y compris pour les filles voyageant seules.

Je n’ai pas eu un seul enquiquinement, j’ai vu très peu de policiers (aucun ne m’a abordé), et aucun voyageur avec qui j’ai parlé n’a mentionné de problèmes. Les seuls cas qu’on lit dans la presse concernent des personnes qui font en conscience des choses risquées, comme participer à une manif anti-gouvernementale ou aller randonner précisément à la frontière Iran-Irak.

J’ai croisé deux filles voyageant seules, et toutes deux ont témoigné que les Iraniens avaient été totalement respectueux à leur égard, qu’elles ne s’étaient pas fait embêter et, au contraire, que les femmes iraniennes venaient souvent leur faire la conversation. Donc ça change de certains pays voisins !

Argent

L’Iran a son système bancaire séparé à cause des sanctions, donc il faut tirer du liquide avant d’entrer en Iran. J’ai pris 1000 euros, mais je n’en ai dépensé sur place que 600 environ. J’avais prévu quelques centaines de dollars de secours, mais que je n’ai pas eu à utiliser.

Sur place il faut se renseigner sur le bon endroit pour changer de l’argent (à Téhéran, le Lonely planet indique une rue où il y a plusieurs bureaux de change à taux avantageux). Avant de partir j’ai pu sans aucun problème rechanger en euros les rials qui me restaient.

La manière iranienne de compter est assez complexe au début… Le rial (IRR) s’étant déprécié ils se sont mis à compter en dizaines de rials (« toman »), puis en milliers de tomans. Quand ils disent « 500 » cela veut dire 500 tomans (donc un billet de 5000 rials), mais quand ils disent « 5 » cela veut dire 5000 tomans (donc un billet de 50 000 rials). Ajoutez à cela qu’il faut un petit temps d’apprentissage pour maîtriser les nombres en farsi… En résumé : bon courage pour les négos avec les taxis !

Transports

Zéro problème pour les transports entre grandes villes (le réseau d’autobus est performant, et certains sont extrêmement confortables). Entre petites villes, c’est un système de taxis partagés : il est chaudement conseillé de savoir deux ou trois mots de farsi pour négocier le prix et ne pas trop se faire entuber (il m’est arrivé de faire la traduction pour des touristes chinoises…). En tous cas, j’en avais un peu marre le jour où j’ai enchaîné six taxis collectifs d’affilée

Kurdistan - maison de thé

Logement, hospitalité et couchsurfing

Les hôtels sont très convenables et pas trop chers (30 euros en ordre de grandeur). Il y a aussi une catégorie inférieure (des sortes d’auberges de jeunesse à l’iranienne), pas très confortables, pas toujours propres, souvent sans douches. Sinon, dans les petites villes de campagne on peut toujours se faire inviter par des Iraniens curieux !

Le couchsurfing est interdit en Iran, et donc il est très répandu. C’est surtout entre Iraniens, mais les étrangers le font souvent. J’ai croisé plusieurs voyageurs qui faisaient l’intégralité de leur séjour en couchsurfing, et cela m’a motivé à essayer (je me suis inscrit depuis l’Iran…). Au bilan : des rencontres fantastiques, des Iraniens super sympathiques et parlant anglais ou français (ce qui permet des conversations un peu plus poussées qu’en farsi…), et une manière de découvrir l’Iran complémentaire des visites culturelles. Je recommande cela particulièrement à Téhéran (où il n’y a rien à faire à part justement rencontrer des Iraniens) et à Ispahan (la plus belle ville d’Iran et celle où j’ai eu le plus envie de rester).

Pétrissage du pain

Climat

C’est un point mineur, mais ça a joué dans ma décision donc autant le mentionner… J’y étais en août, il faisait donc très chaud (35°-40°) mais aussi très sec, et ce n’était jamais désagréable (y compris la nuit). Je faisais souvent une pause après le déjeuner, à l’heure de plus grande chaleur. Le seul moment où j’ai un peu souffert est lorsque que je suis parti en rando dans la montagne, malgré mon chapeau et une grande bouteille d’eau… Sinon, le climat est continental, et l’hiver il neige ; difficile d’imaginer par 40° Persépolis couverte de neige…

Photo avec des amis iraniens

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