Nager sur la frontière, balade poétique à Luxembourg

Publié le 23 décembre 2014 par Romuald Le Peru @SwedishParrot

Retourner à Luxembourg, plus de vingt ans après y être venu gamin avec mes grands-parents, alors qu’entre temps je suis passé par des bouts du monde dont je n’avais même pas l’intuition, voici un cheminement que je reconnais bien. Après un été studieux, après être resté à Paris, puis parti en Bretagne trop peu de temps et dans un état de santé déplorable, je ne pouvais pas vraiment dire que ces vacances avaient été les vacances rêvées. Et puis il me fallait reprendre la route, avec ma voiture cette fois-ci ; il fallait que je retourne voir ce tout petit pays. Est-ce que je m’en souvenais vraiment ? Aucune idée. La ville elle-même m’a fait l’effet d’une grande inconnue, ou d’une petite inconnue finalement, mais les alentours m’ont parlé. J’ai en tout cas ressenti une certaine familiarité, bien lointaine des rues enfiévrées de Bangkok et des rizières de Bali. Retour à la maison, en terrain connu, à deux pas de chez moi. Quelques heures de routes et voilà que vous traversez la frontière comme si de rien n’était. Avec une petite dose de négligence, vous ne remarquez même pas les panneaux sur le bords de la route vous indiquant que, même si vous restez dans l’espace Schengen, vous n’êtes que les riverains d’un immense pays dont vous ne voyez même plus les frontières, et qui s’étendent jusque là-bas, aux portes de l’Asie fantôme, et au sud, bordé par une mer qui vous emmène au pays du couchant.

Carte ancienne du Grand-Duché de Luxembourg

Je suis venu ici en 1986 avec mes grands-parents, j’avais à peine douze ans et sur les photos je ne vois qu’un petit garçon rondouillard en culotte courte et pull tricoté maison — les pulls « mémé », les meilleurs du monde — à la mine ouverte et pleine de bonhommie, dont on me dit souvent qu’il était un garçon tout mignon, tout gentil, ce que je suis toujours par ailleurs. En me voyant, j’ai envie de venir vers moi et de papoter cinq minutes. Posant au pied d’un calvaire dont on a oublié la signification ou dans une rue commerçante où il pleut comme vache qui pisse, c’est une morceau de mon histoire que j’ai décidé de parcourir à nouveau, avec mon fils cette fois. Étrange transfert où je deviens mes propres grands-parents pour faire de mon fils le petit garçon que j’étais. Désormais, c’est moi le transmetteur, le passeur de ces émotions, et je sens que j’ai quelque chose à faire ici, une marque à laisser, sur les pierres et les pavés de Luxembourg, ou dans la chair de mon fils. Finalement, revenir sur ses pas, nous ne faisons que ça à longueur de temps, à longueur de vie et même lorsque nous ne connaissons pas encore les lieux, nous y revenons mille fois par la pensée, entre la divagation et la rêverie. Passer les frontières mille fois, revenir sur la frontière, en suivre les contours d’une main hésitante, caresser les courbes d’un pays dont on finit par inscrire le dessin en plein cœur de soi et qu’on reconnaît comme étant quelque chose de sien. Viens avec moi, on ne fera que marcher dans les rues, on ne fera que ça, sans autre prétention. Approche-toi et regarde la carte, et toutes ces petites volutes dont on ne sait plus ce qu’elles sont, où elles se cachent, ce qu’elles cachent. On ne sait même plus dans quel pays on est… Je n’ai jamais autant traversé de frontières en trois jours, assis dans le fauteuil de ma voiture.

Je suis parti un samedi matin, pas vraiment à l’aventure, avec une chambre d’hôtel réservée sur les hauteurs de la capitale. J’ai simplement pris le chemin des écoliers pour y aller, refusant les évidences des routes trop droites, des tracés autoroutiers trop chers et sans charme. Alors une fois dépassée Reims, j’ai pris les petites routes, direction Charleville-Mézières et je bifurque sur une toute petite commune, Juniville. Dans la campagne flotte une odeur âcre et sur le bord des routes s’amoncèlent les boules terreuses des betteraves à sucre à peine sorties de terre. Une biche traverse la route, manquant de provoquer un accident, et s’enfuit dans les champs inondés sous le soleil d’automne. Paysage d’éoliennes à perte de vue, dans l’horizon marqué par le souvenir triste de la bataille des Ardennes.

Je traverse Vouziers, ville que j’apprends être la dernière demeure d’un monsieur qu’on ne connaît plus guère que pour avoir donné son nom à une tournoi de tennis, Roland Garros. J’y trouve une très belle église, Saint Maurille avec ses trois portails et son architecture Renaissance ; elle apparaît en plein milieu de la route, sans prévenir et oblige à faire un détour. Si le temps devait s’étirer à l’infini, je prendrai le temps de parcourir l’Europe en voiture, je prendrai le temps de m’arrêter pour saluer toutes les églises placées sur mon chemin, toutes les petites maisons qui s’y trouvent et les lieux qui racontent des histoires. L’église porte un beau clocher carré surmonté d’un bulbe, entièrement recouvert d’ardoise, et des superbes tympans au-dessus des portails. La page Wikipedia dit de Vouziers qu’on ne sait presque rien de la ville avant le XIIè siècle. J’aime imaginer que la ville n’existait pas et qu’elle a fleuri ici du jour au lendemain.

La route m’emmène ensuite dans une petite ville du nom de Montmédy. Ici la ville est connue depuis beaucoup plus longtemps, elle est mentionnée dès 634 ; nous sommes ici sur la ligne Maginot. A voir la situation de la ville, ce n’est pas franchement étonnant. Une immense citadelle fortifiée par Vauban garnit la crête d’un plateau rocheux. En contrebas, la ville, sobre et nue, qui semble dormir à flanc de rocher, encore revêtue de ses habits d’après-guerre. Un cinéma, le LUX, trône fièrement dans sa robe rosée et violette en haut d’une rue. La route descend et passe derrière une immense bâtiment austère figé dans ses barbelés ; un centre de détention, la relégation ultime, aux portes de la frontière pour devenir le plus invisible possible, tourné vers l’extérieur.

Le France des années 50. Cinéma vintage à Montmédy

Une photo publiée par Romuald (@swedishparrot) le Oct. 10, 2014 at 7:31 PDT

J’enquille à nouveau la route après une petite pause dans cette ville assoupie en ce samedi qui ne doit être guère plus vivant qu’un autre jour. Un dimanche ici doit être quelque chose d’humiliant. Je traverse un autre petit village, Ecouviez, un lieu à la limite de l’effondrement psychologique. Heureusement que le soleil brille pour donner de la couleur à ses volets et aux rares visages que je croise. Et soudain, à la sortie de la ville, un panneau vous annonce que vous venez d’arriver en Belgique. C’est donc aussi simple que ça ? Ça ne fait pas plus mal que ça ? On rentre donc ici comme dans du beurre et on tombe déjà nez-à-nez avec une baraque à frites !

Ici tout change, les panneaux, les limitations de vitesse qui deviennent invisibles, les noms de villes qui prennent un tournant un peu baroque parfois. Bruxelles n’a donc pas tout uniformisé ? Assailli par la faim, je m’arrêterais bien sur le bord de la route, mais rien ne m’accueille vraiment les bras ouverts. Je file sur Luxembourg, mais tandis que je passe Virton, Musson et enfin Aubange, je file un coup de volant à droite pour repasser la frontière et me retrouver face à un restaurant chinois, une sorte d’usine à la sortie de Longwy. Mon estomac crie famine, je capitule devant des rouleaux printemps qui étaient prêts à retourner en cuisine. Longwy ne me reverra pas ; ses émaux sont pourtant un parfait attrait. J’essaie d’imaginer le point exact, là où la rivière portant le délicat de nom de la Chiers est rejointe par un tout petit ruisseau, où la frontière se confond dans une confluence et se dessine entre la France, la Belgique et le Luxembourg. Je repasse par la Belgique pour quelques minutes à peine avant de me retrouver sur le territoire du Grand-Duché de Luxembourg (Groussherzogtum Lëtzebuerg) qui est arrivé en travers de la route sans crier gare. Pétange, Nidderkäerjeng, Dippech me voient passer avant d’entrer dans Luxembourg par la petite porte, c’est-à-dire la forêt… Avant de faire quoi que ce soit, je décide de poser mes affaires à l’hôtel, sur les hauteurs, à deux pas de la route d’Echternach. Surclassé parce que l’hôtel est loin d’être rempli, jouissant d’une vue superbe sur la ville au dix-huitième étage, balcons condamnés, je me pose quelques instants sur le lit ferme avant de repartir.

Alors que le jour commence à décroître, je me lance dans la toute petite capitale de ce pays tout petit. Une sorte de périphérique souterrain à voie unique pourrait vous faire faire le tour de la ville dix fois sans qu’on s’en rende compte ; petite ville mais ville embouteillée quand-même. Depuis la route d’Echternach où se trouve mon hôtel jusqu’au centre de la ville, on compte à peine dix minutes en voiture. Après, c’est une autre histoire, on peut rester longtemps arrêté en attendant que les feux tricolores drainent la circulation. Je découvre le Boulevard Royal, une vitrine de tout ce qui se fait de banques et de compagnies d’assurances luxembourgeoises et qui nécessairement invite à penser que c’est dans les couloirs de ces institutions que se décide la couleur du papier peint qu’on tapisse sur les murs du paradis fiscal. C’est en tout cas une vitrine aux vitres sales et légèrement décatie. Le luxe et l’argent ont moins d’odeur qu’on pourrait le croire, les fragrances monétaires ont un peu tourné ; cette avenue me donne l’impression d’un monde qui ne sait plus ce qu’il veut, en train de sombrer.

Photo © ansichtskartenversand.com

Photo © ansichtskartenversand.com

Caisse d’épargne de l’état depuis le viaduc

Vallée de la Pétrusse

J’emprunte l’Avenue de la Liberté qui descend vers le sud de la ville ; impersonnelle, plantée d’immeubles haussmanniens qui ne retiennent pas vraiment l’attention, avec la tour de la Caisse d’Épargne qu’on voit de loin… je m’écarte d’elle pour redescendre vers le quartier de la gare qui me semble absolument déroutant. On sent ici que c’est un quartier jeune, moins sophistiqué, plus à l’avant-garde, ou plus conventionnel, ça dépend du point de vue. McDonald’s et autres enseignes de vente en masse ont pris leurs quartiers ici, comme dans toutes les capitales européennes. Ici ou ailleurs, ce ne sont pas les lieux que je recherche tellement ils finissent par se ressembler et n’être plus que le même organe d’un grand village dont on ne connaît plus le nom. Derrière la façade d’un hôtel en pleine destruction, je m’engouffre dans une petite rue, dans l’espoir de trouver un moyen de revenir sur mes pas. C’est ici que je découvre l’envers du décor d’une ville qui fait bonne figure dans le monde entier en jetant à la figure de l’empire mondial son nom comme un gage de discrétion et de neutralité. Finalement, le Luxembourg est tellement petit qu’on ne le regarde pas ; il passe beaucoup plus inaperçu que ses voisins belges ou allemands et personne ne songerait à lui demander sa carte d’identité. Dans ces petites rues du quartier de la gare où l’on trouve quelques hôtels plus ou moins bon marché, on rencontre des dames, ou peut-être des hommes, je ne sais pas bien, je n’ai pas détaillé, qui vendent certainement autre chose que des timbres-poste dans la rue, en attendant on ne sait qui, pendant je ne sais combien de temps, jusqu’à la nuit peut-être. Démarches titubantes à la sortie des cafés, billets de banque qui passent de main en main pour je-ne-sais quel trafic, figures défaites, patibulaires, embrumées, à mille lieux du visage du parfait Luxembourgeois qu’on pourrait imaginer comme parangon de vertu toute relative (polo Ralph Lauren et sunglasses ?).

Photo © ansichtskartenversand.com

J’arrive à me garer au bout de l’avenue et je prends le viaduc à pied. Il n’est pas de plus belle entrée dans le cœur de la ville que de passer sur ce pont à pied, un viaduc immense enjambant le cours d’une rivière qu’on n’arrive pas à distinguer d’en haut tellement sa largeur est ridicule ; c’est la Pétrusse (Péitruss), une toute petite rivière dont le cours mesure à peine 11km et qui se jette dans l’Alzette (Uelzecht) dans le quartier du Grund. Une si grande vallée, un si grand pont, pour enjamber un si petit cours d’eau, c’en est presque comique. Les contreforts de la ville haute surplombent cette petite vallée, perchés sur un socle rocheux imposant ; il n’y avait pas de meilleur lieu pour construire cette ville fortifiée, qui se prolonge jusqu’aux casemates de Clausen, au-dessus du quartier du Grund, juchée sur son plateau.

Photo © ansichtskartenversand.com

Photo © ansichtskartenversand.com

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Eglise protestante

Je suis entré dans une petite église en commençant à me perdre dans les petites rues. Se perdre à Luxembourg est un exercice de haute-voltige tant ses dimensions semblent dérisoires ; on peut faire le tour de la Ville-Haute en moins d’une heure. Difficile de vraiment se perdre dans ces conditions. Une église protestante de la paroisse francophone. Ce qui me frappe ici, ce sont ces vitraux qu’on a du mal à imaginer dans un temple protestant tant ils sont riches de couleurs et de motifs. Malgré ses dimensions modestes, elle paraît chaleureuse avec son mobilier de bois clair et ses lumières jaunes ; un îlot de calme et de simplicité au cœur d’une petite ville qui bruisse du vrombissement de ses voitures de sport.

Palais Grand-Ducal

Palais Grand-Ducal

Je flâne dans l’est de la Ville-Haute, ce carré qu’on peut suivre du doigt sur la carte, enserré entre la vallée de la Pétrusse et celle de l’Alzette qui fait des courbettes comme pour singer l’allure un peu folle de ce rocher. Tandis qu’avant de partir de la ville, je souhaite absolument passer devant le palais grand-ducal, je me rends compte que c’est le joli bâtiment devant lequel je suis déjà passé plusieurs fois, une bâtisse somme tout assez modeste pour un chef d’état, aussi symbolique soit-il, sur les murs duquel, le premier jour, j’avais vu se dessiner avec le pinceau du soleil se couchant, à la lumière rase, les courbes des passantes. Mes pas m’ont guidé jusqu’aux casemates du Bock, sur la montée de Clausen, depuis laquelle on peut admirer la montée de Pfaffenthal d’un côté, le quartier un peu retranché du Grund de l’autre, avec ses bâtiments austères et l’aiguille pointue de Saint-Jean du Grund, mais aussi le pavage de la cour de l’Abbaye de Neumünster (Neimënster) qui, de loin, me fait penser à un gigantesque plateau de jeu, quelque chose qui ressemblerait de loin en loin à la cour du Palais Royal redessinée par Buren. Je reste ici longtemps à scruter ces lieux où je suis déjà venu, mais où je n’ai que des souvenirs fragmentaires, le Grund qui reste dans l’ombre d’un soleil en train de décroître, son aspect à la fois sévère et familier. Les casemates sont fermées, mais je n’avais de toute façon pas spécialement envie de m’enfermer sous terre, alors je remonte dans la ville, repasse devant le home Saint-François, une maison de retraite elle-même décatie, ouverte sur le dehors, son intérieur sent le froid et l’humide, je m’enfonce dans la rue de la loge dont le nom évoque la franc-maçonnerie, de toutes petites rues partent dans un dédale incompréhensible de noms qui évoque une tradition que je ne connais que de loin. Tout ici m’évoque un passé allemand, des images un peu surannées de Moyen-âge enseveli sous les fortifications de Vauban. Un passage donne sur une cour, un escalier qui tourbillonne autour de la cour, des marches en pierre arrondies par l’usure, ici une tourelle sur laquelle sont inscrit des mots qui ressemblent à l’allemand, mais les quelques mots que j’en connais me laissent supposer que c’est ici du luxembourgeois : Mir wölle bleiwe wat mir sin. J’apprendrais que c’est en fait la devise du Luxembourg ; Nous voulons rester ce que nous sommes.  Je croise un type qui demande de l’argent, assis sur le trottoir, symbole d’une pauvreté qui gagne même les îlot perdus, et en deux langues s’il vous plait ; Pour vivre - Zum leben.

Quartier du Grund depuis les casemates du Bock

Quartier du Grund depuis les casemates du Bock

Rue de la loge - devise du Luxembourg

Dans l’ «îlot gastronomique », je découvre quelques petits restaurants sympathiques qui ne sont pas du tout dans mon budget mais dont je note l’adresse pour y revenir lorsque j’aurai suffisamment d’argent pour me déplacer dans ce pays avec un attaché-case. J’erre dans le centre, sur la Place d’Armes où trône fièrement le Cercle Municipal. On dirait une nation en petit, une maquette de démocratie où tous les édifices municipaux seraient ramassés dans un panier, où toute une vie se concentre sur quelques kilomètres carrées, ne laissant, finalement, que peu de place à une vie normale, avec des boulangeries, une poste, des lieux publics et des magasins dans lesquels on achète des produits de première nécessité. Luxembourg est indéfinissable. Ce n’est pas vraiment une vitrine, ni vraiment une ville qui vit, c’est un entre-deux de Venise et de Paris, une ville chic mais qui ne flambe pas et qui se laisse embrasser tendrement.
Luxembourg est une femme séduisante, un peu raffinée, mais pas trop…

Photo © Industrie.lu

Cathédrale Notre-Dame

Le soir arrive, je finis par me trouver une échoppe où manger, il est presque temps. A la soupe. 9 rue Chimay, un nom qui m’évoque la bière et l’abbaye éponymes. Je m’engouffre sur le trottoir une soupe de poulet aux champignons, une tranche de pain de campagne épaisse que je mouille dans la soupe, une Bofferding, la bonne bière d’ici, et un riz au lait à la confiture d’airelles.
Un clochard me demande une cigarette que je n’ai pas, en français, mais avec un accent bizarre que je n’arrive pas à reconnaître. Peut-être l’accent de la misère. Une bouche édentée mais civile qui dit bonjour s’il vous plaît merci au revoir. Finalement c’est assez rassurant de voir que cette ville ne cherche pas à cacher ses pauvres ; ils sont là, ont droit de cité. Les sourires sont rares, ils sont froids, ce sont des sourires de pisse-froid. Ça me rappelle Bruges, même si dans cette ville il vaut mieux parler anglais tant le français y est mal accueilli… il ne manquerait plus que le Wallon vienne nous envahir.

Cathédrale Notre-Dame

Cathédrale Notre-Dame

Il fait frais, ce soir. La journée a été magnifique et je ne perds pas de vue que nous sommes au mois d’octobre.
Je reviens à Luxembourg intra-muros le surlendemain pour diner au même endroit, juste avant de reprendre la route. Mais auparavant, j’ai erré dans la ville, revu le palais grand-ducal devant lequel je suis déjà passé sans savoir ce que c’était, et j’ai visité la grande cathédrale Notre-Dame, un monument du XVIIè siècle, imposant mais à qui il manque un peu de charme. Je suis tombé en admiration devant ses piliers sculptés de motifs entrelacés et les plafonds peints du chœur. L’orgue s’intègre parfaitement au jubé baroque, juste au-dessus de l’entrée. Ce soir là, il n’y a plus grand-monde dans les rues de Luxembourg.
J’ai voulu repousser jusqu’au dernier moment mon départ et suis allé à l’office du tourisme pour savoir si je pouvais prendre la route des sept châteaux, mais le monsieur très distingué du bureau m’en a presque dissuadé, me faisant comprendre que cette attraction touristique n’en avait que le nom, et que je ne verrais pas grand-chose si je prenais ce chemin, la plupart des châteaux étant fermés au public. Enfin, une dernière question, où puis-je trouver une boulangerie ouverte ? Je comptais énormément sur la boulangerie Cathy Godaert (à la place de l’ancienne brasserie Speltz) qui se trouve en face de A la soupe et qui fournit le restaurant, mais en ce lundi, elle est fermée. Je me rabats sur une boulangerie dans laquelle j’achète une demi boule de pain de 2kg, que je vais conserver pendant une semaine dans un torchon.

De cette petite incursion à Luxembourg, il va me rester des impressions fortes, l’image d’une ville qui ne se laisse pas approcher si facilement, qui regorge de petits secrets qu’il faut aller chercher à la main, tout doucement, comme on essaie d’aller prendre l’étrille sous son rocher, mais avant tout une ville au fort caractère, qui n’a pas grand-chose à voir avec l’image de paradis fiscal qui lui colle aux basques. Elle m’a montré ses visages les plus inattendus, l’envers du décor, et encore ! Je n’ai certainement pas tout découvert. Pour une fois, j’ai pris le temps, de découvrir et de me reposer, de sentir l’air et le bonheur monter en moi.

Demain, je vais nager sur la frontière…

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