Sur les toits d’Alex

Sur les toits d’Alex

Il y a quelques semaines, mon ami F. m’avait raconté qu’il avait eu la possibilité d’entrer dans cet immense bâtiment abandonné au milieu d’Alexanderplatz. Des amis à lui qui habitent en face avaient souvent exploré l’immeuble et connaissaient les entrées accessibles. J’était jalouse, d’autant plus que j’avais lu qu’il était impossible d’y entrer à moins de faire de l’escalade. Et F. me fit le cadeau de me proposer d’y retourner avec des amis pour voir du haut du toit les ballons lumineux du 9 novembre s’envoler dans le ciel.

Cet incroyable complexe au milieu d’Alexanderplatz fut construit entre 1969 et 1970 et prit le nom de maison de la Statistik. En plus des statistiques, on faisait de la surveillance dans les étages supérieurs qui accueillait des bureaux de la Stasi. Après la réunification et jusqu’en 2008, l’office allemande de la statistique continua le travail de son prédécesseur Est allemand, mais la Stasi fut elle remplacée par les archives de la Stasi qui gère les nombreux dossiers de l’ancienne police secrète.
Depuis 2010 le bâtiment est vide et est censé être détruit car il ne correspond plus au standards architecturaux pour la locations de bureaux . Pour le moment il étale toujours ses multiples fenêtres moroses sur la place et attire les voleurs de câble électriques.

bâtiment

Nous étions donc 8 aventuriers du dimanche soir prêts à en découdre avec les couloirs obscurs de la Haus der Statistik. L’entrée était bien cachée et demandait un peu de gymnastique pour passer à travers la vitre brisée du porte qui mène aux souterrains.

Première découverte, d’immenses tiroirs qui continrent peut être les dossiers de la Stasi. Puis nous commençons notre procession dans les sous sols armés de lampe torche, accessoire indispensable pour cette randonnée qui nous fait passer par dessus des sols couverts de câbles électriques éventrés. C’est la première fois que je fais une exploration urbaine la nuit et d’habitude je suis assez effrayée de me balader dans les souterrains. Mais cette fois-ci la présence du groupe me rassure. Les couloirs sont de vrais labyrinthes. Ils desservent les salles des machines.

Heureusement que des connaisseurs nous guident à travers ce dédale jusqu’aux escaliers qui nous mènent aux étages supérieurs remplis de bureaux vides. Le bâtiment comprend 7 étages et 3 supplémentaires à son extrémité (les anciens bureaux de la Stasi). Il n y a rien d’intéressant à voir à part des store recroquevillés, des câbles éventrés, des pancartes inutiles et des toilettes en bon état.

livre

chaise

Le spectacle est en haut, sur le toit. Ce soir là la brume s’est emparée de la ville et l’enveloppe de son drapé léger. Dans la lumière orangée on espère apercevoir à tout moment de petits points blancs s’envoler. Rien ne se passe, on va aux nouvelles. Ah, le lâcher de ballons a pris du retard. Ca c’est typiquement berlinois. 30 minutes s’écoulent, ça y est les ballon s’envolent… et on ne voit rien du tout car ils s’éteignent sitôt détachés de leur socle. Voilà un détail auquel on n’avait pas pensé… Qu’importe la vue est superbe et les anciens supports de panneaux publicitaires sont le décor idéal pour des photos de groupes.

panorama

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Nous redescendons, secoué par les cris de ceux qui se sont cachés pour nous effrayer, ambiance Halloween. Le rez de chaussé vaut le coup d’oeil. On y trouve une salle remplie de planches et de matériels de chantier. Il semble que des travaux aient été organisés à une certaine époque. Cela concorderait avec le fait que certains bureaux aient l’air totalement neufs. Le hall est impressionnant. Sous la lumière de nos lampes on distingue un grand mur en (faux ?) marbre. On croise aussi une cage, à quoi servait-elle à quelques mètres seulement de l’entrée principale ? Et plus loin on entre dans ce qui devait être une cantine.

marbre

cage

En continuant notre descente on entre dans un sauna comme l’indique l’écriteau sur la porte. Mais nous n’avons pas le temps pour une séquence FKK et nous continuons notre route vers l’extérieur. Il faut de nouveau passer par la porte vitrée, remonter des escaliers et enfin respirer l’air pur agrémenté d’odeurs de cacas de chien…