Les 10 produits du terroir… qui n’en sont pas !

On a tous envie de ramener des produits naturels et authentiques de nos vacances dans le Sud. Mais quelle crainte de « se faire avoir » en achetant tout sauf du terroir ! Alors pour limiter les pièges, voici quelques préceptes à ne pas oublier pendant les flâneries estivales avec option achat compulsif.

AOP ou AOC ?

L’appellation d’origine protégée (AOP) inspirée par l’appellation d’origine contrôlée (AOC) française (1) traduisent un lien fort du produit avec le terroir.
Production, transformation, élaboration dans une aire géographique déterminée et savoir-faire reconnu et constaté sont les piliers de ces appellations.
L’AOP est reconnue au niveau européen, l’AOC, elle, est le signe national traditionnel équivalent.

Et Attention aux produits d’ « Appellation d’origine géographique contrôlée », qui n’oblige qu’à posséder au moins un lieu d’emballage ou de transformation légère local. Cela vaut naturalisation ! Parfois, plus de 80 % des matières premières de la charcuterie proviennent de carcasses de porcs de Chine, Hollande ou Pologne.

De plus, sachez que la mention « élaboré en France » peut signifier que du sel a été ajouté sur notre territoire et que le reste peut venir de n’importe où sans traçabilité !

Comment choisir son huile d’olives ?

Huile_olive_2Afin d’éviter les arnaques, le mieux est de se fier aux mentions AOP  (il en existe 7) ou à la mention AOC « huile de Provence » qui restent des gages de qualité. D’autres comme « Huile d’olive du midi de la France », « Produit de France » ou encore « Origine France » sont aussi de bons garants.

Son prix est un indicateur car il est probable qu’une bouteille d’huile d’olives à moins de 15 € le litre, ne soit ni du Sud de la France, ni composée uniquement d’olives ! En effet, le tournesol et le colza sont couramment employés pour tromper le consommateur.

Un échantillon analysé sur deux est déclaré « conforme » à la réglementation : certaines bouteilles contiennent jusqu’à 50% d’huile de tournesol ou ont une fausse indication d’origine ou de variété d’olive !
Attention à la confusion des étiquettes de paysages évoquant le Sud ou des origines non reconnues comme « huile de Provence-Côte d’azur ».

Une des fraudes les plus courantes consiste à remplacer l’huile d’olive par l’huile de grignons d’olive, un résidu de la pâte d’olives difficile à détecter pour le simple amateur.

Enfin, petite astuce de Mamie : l’huile est une denrée fragile, vous pouvez donc passer votre chemin si vous la voyez exposée en plein soleil sur les étals…
Dans le Var, nous vous conseillons le Moulin du Partégal et le Moulin de Callas.

Trouver de bonnes herbes de Provence

La composition traditionnelle des herbes de Provence est un mélange de marjolaine, de thym, de sarriette, de romarin et de basilic. Certains producteurs ajoutent de la lavande ou de l’anis…
Habituellement le mélange est plutôt vert (et non gris) et mieux vaut soigneusement observer le contenu avant de l’acheter.
Cela permet de s’assurer de l’absence de petites branches, d’insectes ou autres traces suspectes…
Pour vous acheter une tranquillité, vous pouvez opter pour un mélange labellisé « label rouge », qui possède des caractéristiques spécifiques pour un niveau de qualité supérieur.

La charcuterie corse, basque, bretonne, italienne

Attention, la charcuterie corse ne bénéficie d’aucune « Appellation d’Origine Contrôlée » ! Celle ci ne concerne qu’un fromage, le Brocciu, des vins et certaines huiles d’olive.

Et stoppons net certaines croyances :  le saucisson d’âne n’est pas corse et ne l’a jamais été ! C’est même une hérésie de le penser pour nos anciens de l’Ile de Beauté. L’âne était un fidèle compagnon de labeur avant la mécanisation et les insulaires n’auraient jamais imaginé le manger, même en temps de guerre.

Les statistiques d’importations du ministère de l’Agriculture pointent la Chine comme viande de certaines charcuteries… Mmmh une bonne carcasse de porc chinois…

De même, le jambon Aoste qui a envahi les étals n’a rien à voir avec la ville italienne d’Aoste.

Le « jambon d’Aoste », appellation officielle « Vallée d’Aoste Jambon de Bosses », est un jambon cru produit dans cette vallée francophone italienne et bénéficiant d’une appellation d’origine protégée : il est produit artisanalement en très faibles quantités.

Le jambon produit dans la commune d’Aoste en Isère est une simple marque et aucun label rouge, AOC ou AOP ne réglemente sa production de jambon cuit ou cru. Depuis septembre 2013, le groupe chinois Shuanghui (marques Aoste, Justin Bridou et Cochonou), a repris les activités de charcuterie en Isère, et vend ses produits sous le nom de « Jambon Aoste ».
De nombreux procès et surtout l’intervention en 2008 de la Commission européenne ont mis fin à cette tromperie.

Et le Jambon de Bayonne est simplement salé et séché au Pays Basque, ce qui vaut également naturalisation…

Pour la Bretagne, andouilles, sel, beurre, pâtisseries, il faudrait un article complet !

Vous venez de perdre vos illusions ?

Ramener du VRAI savon de Marseille

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C’est comme « chercher une aiguille dans une meule de foin »… Près de 8 savons sur 10 sont faux. Et pour causes, si les savonniers marseillais ont inventé le procédé de fabrication au Moyen-âge, l’appellation n’est pas protégée. Résultat : les plus gros fabricants sont aujourd’hui les Chinois et les Turcs et il ne reste que quelques savonneries à Marseille.

Pourtant, avec du bon sens et un peu de confiance en ses sens, on peut en trouver !
Au niveau de la vue, le véritable savon de Marseille est neutre, il n’a jamais de colorant. Il est généralement carré soit blanc cassé soit vert. Sur le savon, on retrouve estampillé le nom et le logo du producteur ainsi que la quantité d’huile végétale contenue. Le mieux est de connaître les logo des 4 dernières savonneries qui produisent encore dans les règles.
Enfin, il est important de toucher le produit : le savon de Marseille est plutôt rugueux et d’aspect brut. Et il faut le sentir : il est assez neutre, aucun parfum n’est ajouté.

Et si vous cherchez l’insolite, le domaine des autruches à Sainte-Maxime vous propose aussi du savon… d’autruches !

Ah, au fait ! Notez que…

pigeon- Le célèbre couteau « français » dit Laguiole n’a jamais été déposé et vient donc, dans 80% des cas de Chine et du Pakistan : moins de 10 % des Laguioles sont fabriqués dans le bourg aveyronnais.

- Le nom « camembert » est tombé dans le domaine public. Malgré une AOC « Camembert de Normandie » (depuis 1983), les industriels utilisent le terme très proche de « Camembert fabriqué en Normandie ». Matières premières importées de l’étranger (30 % du lait à fromages industriels vient de Chine), on parle du camembert qui est dans votre frigo…

- 90% des graines pour la moutarde de Dijon proviennent du Canada !

- 85% des champignons de Paris sont importés des États-Unis, de la Chine ou des Pays-Bas. Saumur dans le Maine-et-Loire regroupe 70% de la production nationale (12 % du global consommé).

- 80 % des melons charentais sur les étals ne viennent pas de Cognac mais d‘Espagne, du Maroc, des Caraïbes, de Chine et du Sénégal. En effet, contrairement à son cousin de Cavaillon, le melon de Charente ne possède pas d’AOC.

- 95% des escargots de Bourgogne (16 000 tonnes mangés en France par an) proviennent de Turquie, d’Afrique, d’Ukraine ou d’Indonésie.

(1) http://alimentation.gouv.fr/les-appellations-d-origine

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