Un vent de nostalgie souffle sur l’Algérie

Un vent de nostalgie souffle sur l’Algérie

Montagnes kabyles

Une invitation à un mariage à l’étranger ! L’occasion rêvée de découvrir un pays, ses coutumes mais surtout ses habitants. Une demande de visa au Consulat d’Algérie (avec notamment un certificat d’hébergement authentifié, une attestation de rapatriement et 85 euros) et deux semaines plus tard, me voici prête à fouler la terre kabyle. Le pays n’est pas une destination aussi prisée que le sont ses voisins, pourtant ses paysages et l’accueil de ses habitants le mériteraient bien. La principale explication : le terrorisme qu’il subit encore aujourd’hui, la présence de salafistes en Kabylie et dans le Sud du pays.

Les origines de la guerre civile

Commencée en 1991, la guerre civile opposant le gouvernement algérien, disposant de l’armée nationale populaire, aux divers groupes islamistes n’a toujours pas pris fin. Actes de terrorisme, peur et privation de liberté font toujours partie du quotidien des citoyens. Une situation que nombre d’entre eux ne peut s’empêcher d’opposer au temps passé.

Les sourires des photos de l’album familial parlent d’eux-mêmes. Dans les années 70, 80 « c’était encore la belle époque », explique l’un des garçons de la fratrie. Sur la photo en noir et blanc, les enfants jouent sur la plage, leur mère porte le brushing court à la mode et une petite robe aux motifs seventies, qui imaginerait cette scène possible aujourd’hui sur les bords de mer d’Alger.

Depuis les élections de 1991 et le début de la « décennie noire » ce sont plutôt les check points qui fourmillent dans le panorama et parfois les tirs de balles qui résonnent dans la nuit. A une heure de Tizi-Ouzou, dans les montagnes kabyles et leurs paysages à couper le souffle, les pans noircis par le feu côtoient aujourd’hui les massifs verdoyants, ravageant oliveraies et forêts, preuve que tout n’est pas fini. Du moins c’est l’opinion des citoyens locaux.

Un vent de nostalgie souffle sur l’Algérie

L’histoire de la Kabylie

Nombreux sont ceux qui estiment que pour débusquer les quelques groupes de terroristes armés encore présents dans ce maquis, devenu l’une de leurs dernières bases arrière, l’armée brûle la terre aux abords de ces points stratégiques.
Des feux comme opérations non officielles de ratissage qui courent sur des centaines d’hectares, pour la grande majorité non maîtrisés, et que les villageois finissent souvent par devoir éteindre par leurs propres moyens, tant ils frôlent les habitations.

Comme si deux sociétés s’étaient succédé

Avec les années de terrorisme, et malgré l’amnistie instaurée en 2002, la peur demeure. Une peur que « seule une nouvelle génération pourra voir s’effacer » selon Leila, jeune trentenaire. La nostalgie, aucun autre sentiment ne se fait autant ressentir que celui-ci dans le discours des Kabyles. Comme si deux sociétés aux mœurs bien différentes s’étaient succédé en l’espace de quelques années, un retour en arrière. Des citoyens privés de liberté sur leur propre terre. « Dans le mot terrorisme, il y a terreur. Et même si les groupes armés n’ont pas gagné sur le terrain, leur objectif a finalement été atteint dans l’esprit de la population », admet presque honteusement l’un d’eux.

Aux jeunes profanes étrangers, ils expliquent cette terreur qui régnait dans les campagnes lorsque qu’ils ont appris au matin du 23 septembre 1997 la mort dans la nuit des 400 habitants du village de Bentalha, à environ 15 kilomètres au sud d’Alger. Ramka, Thalit ou encore Beni Messous, d’autres bourgades qui ont alors subit le même sort. Comment un vieil homme d’une commune voisine s’est fait prendre en otage contre rançon, et finalement jamais revenu. Des enlèvements ou de faux barrages qui aujourd’hui alimentent encore parfois les journaux. Et qui ont conduit quelques fois les citoyens à intervenir eux-mêmes, fusils à la main, pour sonder le maquis.

Une peur insidieuse

La peur, elle, s’est installée de façon insidieuse. Il a fallu apprendre à vivre avec, elle ne régit pas leur vie mais tourmente leur quotidien, au point où elle en devient parfois banale. Les balles qui sifflent au soleil couchant dans la plaine, « des militaires qui jouent à la guerre, ils ont tellement de balles qu’il faut parfois vider les stocks », se moque Samy, routier.

Toujours en perte de vitesse, avec des rangs et des activités de plus en plus clairsemés, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, troupe dissidente du Groupe islamique armé, a fait allégeance à Al-Qaida en 2006, devenant ainsi AQMI. Besoin de reconnaissance, d’armement ou simplement d’une dernière attache pour ne pas couler ? Quitte à ce que les revendications entre les deux groupes diffèrent et n’aient parfois plus grand-chose en commun.

« Vous n’imaginez pas la chance que vous avez d’admirer ces paysages sans avoir connu les années de terrorisme, sans avoir connu la peur. Je vous envie, j’aurai tant aimé pouvoir les regarder avec ces yeux là », révèle avec mélancolie Azzedine, 38 ans. La génération à venir aura peut-être cette chance, au moins souhaitons lui la.

Un vent de nostalgie souffle sur l’Algérie

L’histoire de la Kabylie en a fait un pôle de résistance aux conquérants successifs mais aussi aujourd’hui l’une des dernières bases arrière des terroristes.

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Des élevages bovins dans les hauteurs des montagnes.

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Selon les habitants, l’armée brûle la terre pour des opérations non officielles de ratissage.

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Les oliveraies et les forêts côtoient les versants noircis par les feux.

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Les villages sont généralement placés sur les crêtes ou les plateaux élevés.

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Les montagnes kabyles révèlent des paysages à couper le souffle.

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