Cambodge : les gueules rouges du Ranatakiri

Cambodge : les gueules rouges du Ranatakiri

Cambodge - Dix kilos de terre et, de temps en temps, une pépite de zircon

Lointains cousins de nos gueules noires, au Ranatakiri, province sauvage au nord-est du Cambodge, au fin fond de l’Asie, les mineurs sont des gueules rouges qui, au péril de leur vie, vont chercher dans les entrailles de la terre du zircon.

Des galeries qui s’écroulent au moindre geste déplacé

La pierre précieuse se cache au moins à cinq mètres de profondeur et les conditions de travail des prospecteurs sont des plus précaires : un trou vertical, pas plus large qu’un corps humain, et des galeries horizontales mal étayées qui s’écroulent au moindre geste déplacé. Une fois au fond, muni d’un matériel archaïque, les mineurs amassent la terre dans de simples seaux que leur compère, resté à l’air libre, remonte avec un système de cordage.

Une chaleur intenable

Toutes les heures, les deux hommes changent de rôle : la chaleur est si intense sous terre qu’il n’est, humainement, pas possible d’y séjourner plus longtemps. Dehors, ce sont d’autres mineurs qui passent et repassent la terre récoltée, à travers un tamis de plus en plus fin, avec l’espoir d’y trouver quelques pépites de zircon.

Une fois le puits épuisé, un autre trou se creuse quelques mètres plus loin, si bien que le sol est devenu, au fil des années, un véritable piège pour ceux qui s’y promènent, risquant à tout instant de tomber dans une galerie abandonnée.

Les femmes et les enfants aussi

Le travail des femmes et des enfants, quand ils ne sont pas désignés à leur tour pour aller sous terre malgré leur jeune âge, consiste à fouiller les tas déjà tamisés au cas improbable où une minuscule pépite aurait échappé à la vigilance des premiers chercheurs. Toutes les pierres récoltées sont ensuite vendues à des intermédiaires. Les plus petites d’entre elles, la majorité évidemment, sont vendues au kilogramme pour une poignée de riz. Les plus grosses, les plus rares aussi, seront montés directement en bijou dans les ateliers de joaillerie thaïlandais.

Dans cette chaîne économique, ceux qui s’enrichissent sont à l’autre bout, loin de l’inhospitalier Ranatakiri. En revanche, les travailleurs du premier maillon, les gueules rouges, peinent à survivre et à subvenir aux besoins de leur famille.

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