Are we still French?


On est arrivé péniblement (merci le shuttle) en France depuis quelques jours et la question se pose: sommes-nous encore français? Pour les enfants, la réponse est facile. Ils ne sont pas nés en France, n’y ont jamais vécu, ils sont britanniques d’origine française. Un peu comme le camembert produit et acheté dans le sud ouest peut être d’orignie normande. Il a de vagues relents (je ne parle pas de l’odeur) normands, mais ça s’arrête là.

Par contre, Marichéri et moi sommes sensés être complètement français. C’est même marqué sur nos passeports (comme le port salut…il faut que j’arrête avec les fromages. C’est l’effet vacances, on s’empiffre). Pourtant à chaque fois, on s’interroge. On s’étonne devant la moindre touffe d’herbe sur les trottoirs, ça nous rappelle notre voyage en Espagne ou en Belgique. On compare la qualité d’accueil avec nos vacances dans d’autres pays. On se surprend à parler en anglais, pour ne pas être compris par les passants. Les enfants nous demandent pourquoi les pharmacies ne vendent pas aussi du pain. On râle quand ces latins de français oublient un peu trop le "personnal space" à notre goût (en gros, quand ils s’approchent suffisamment pour qu’on sache quel fromage ils ont mangé. Oui, ce sera un billet spécial produit laitier…). Quand ils parlent si forts dans les transports ou au restaurant qu’on ne peut pas échapper à leur problèmes de couple (ou de digestion) même en s’éloignant à 200 mètres. Ils conduisent comme des fous, à droite en plus! On cherche des souvenirs typiques à ramener ( au hasard, de l’ardi gasna, un fromage basque. Ça se mange avec de la confiture de cerises noires. C’est très bon).

Quand on allume la télévision, on nage en plein exotisme. Il y a bien quelques vieux débris animateurs expérimentés, qui nous disent vaguement quelque chose (oh! Regarde, c’est le grand père de Gérard Holtz. Celui qui faisait le sport quand on était jeune…ah, ben non, c’est pas son grand père, c’est lui.) Mais non seulement on ne connaît plus personne, mais on ne sait absolument pas de quoi ils parlent. Pareil à la radio. On ne connaît ni les chanteurs ni les sujets de débats auxquels on ne comprend rien. On essaie de trouver un équivalent "chez nous". La carte scolaire, c’est la même chose que le catchment area? Et la carte vitale, c’est la même chose avec les médecins? Ou c’est un loto de la française des jeux? Sans parler des sigles qui fleurissent partout, rien que pour nous embêter. Il y a des tas de mots bizarres qui nous plongent dans des abîmes de perplexités, surtout quand se sont des déformations de mots anglais (une personne qui fait du people, pour nous, c’est quelqu’un de généreux qui aide son prochain, et oui).

La France nous apparaît maintenant comme la maison de campagne familiale, où on est ravi de rejoindre les cousins tous les étés, où on retrouve tendrement nos souvenirs d’enfance. On s’échange avec émotion des anecdotes oubliées autour d’une grande table. C’est sympa, on est heureux d’être là. Mais on s’étoufferait si quelqu’un nous disait de rester. C’est merveilleux de nostalgie, parce qu’on sait que ça ne dure pas et que bientôt on pourra rentrer chez nous. En Angleterre.

20140807-113820-41900570.jpg(la photo vient de là)


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Et si vous partiez à l'aventure direction un camping en Côte d'Azur ?
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