White Trash Fast Food Marathon

White Trash Fast Food Marathon

Bien que je passais tous les jours devant, manquant à chaque fois d’écraser un client resté au bord de l’étroit trottoir à moitié recouvert par la piste cyclable de la Schönhauser Allee, je n’avais été qu’une fois manger au White Trash Fast Food, un restaurant célèbre pour ses burgers mais aussi pour ses serveurs au look déjanté et ses concerts dans la cave. Je n’en garde qu’une image floue et le burger ne m’avait pas spécialement laissé de souvenirs impérissables.

Nous ne nous serions certainement jamais recroisés si le WTFF n’avait pas eu l’idée de déménager en même temps que moi. Il faut dire que son loyer mensuel dans la Schönhauser Allee était de 16 660 € (kaltmiete)! Alors que j’arpentais mon nouveau quartier mes pas me menèrent jusqu’au Landwehrkanal puis à l’Arena, là où trône désormais le WTFF qui, en plus d’occuper une immense salle décorée avec le goût qui fait sa renommée, s’enorgueillit maintenant d’un jardin mi jungle mi mad max, mi jardin japonnais, mi forêt hantée. Avec mon ami B., lui aussi sensiblement affamé, nous décidons d’y dîner. Fatale erreur…

Déjà il faut faire un peu la queue à l’entrée puis payer 2€ pour le DJ (la musique, je vous l’accorde, est plutôt sympathique et originale). Puis il y a un dispatch entre ceux qui ont réservé, qui doivent aller à l’intérieur si j’ai bien compris, et ceux qui viennent à l’improviste comme nous. Ceux là peuvent choisir l’intérieur ou l’extérieur. Nous on préfère rester dehors. On attend que l’on vienne nous placer avec d’autres personnes. Mais en fait, au bout de 5 minutes, on nous dit qu’on peut s’asseoir là où on le souhaite. Coup de bol, on trouve une petite table coincée dans un angle et nos voisines ont l’amabilité de se serrer pour que nous puissions entrer dans notre alcôve.

L’attente reprend. Puis, en tendant le cou, je vois au loin une file indienne composée d’ hipsters, de touristes américains et de couple de retraités. De fait, il faut commander soi-même son burger ! Apparemment les serveurs sont réservés à ceux qui ont… réservés et qui mangent à l’intérieur. Du coup je vais prendre ma place dans la queue, laissant le soin à B de garder notre place et nos sacs. Mais vu la vitesse à laquelle les choses se passent, je fais signe à B pour qu’il me rejoigne car je m’ennuie un peu et il faut qu’il choisisse ce qu’il veut dans le menu situé à coté des cuisines qu’il faut aller récupérer sans perdre sa place dans la file tout en jetant des coup d’œil inquiets à nos affaires restées en plan à coté de la table heureusement bien gardée par nos voisines. Les serveuses stressées et chargées de plats de frites tentent de se frayer un passage à travers la foule de personnes qui attend pour passer commande. Les types de devant nous demandent si on a compris quelque chose à l’organisation, on extrapole sur le pourquoi du comment. Puis, à un moment ou à un autre, notre tour vient. Youpi nous voila avec le Saint Graal, un bipper qui sonnera quand notre commande sera prête.

Pauvres innocents que nous sommes, on se réjouit d’avance de remplir nos estomacs gargouillant et on retrouve le sourire, sans se douter que le pire reste à venir. Une demi-heure plus tard ,ceux qui étaient devant nous dans la queue vont chercher leur plat. Au retour ils s’arrêtent à notre table pour nous dire qu’en fait les bippers ne fonctionnent pas !!! Je me précipite en cuisine où nos deux burgers nous attendent sagement, un peu refroidis quand même, mais délicieux.

Bref tout ça pour dire que si vous voulez aller au WTFF, allez-y avant d’avoir faim, tentez de vous faire expliquer le fonctionnement à l’entrée pour ne pas perdre de temps et n’ayez aucune confiance en la technologie qui peut vous trahir à tout moment. Le marathon en vaut peut être la peine : déco décapante, faune sympathique et diverse, burgers délicieux, prix raisonnable et musique qui twiste, mais préférez le midi il parait qu’il y a moins de monde.