Vestige, shopping et Montesquieu à Berlin

Vestige, shopping et Montesquieu à Berlin

Toute la difficulté fut de parvenir jusqu’à ce coin reculé de la ville. Y aller un dimanche était peut être une mauvaise idée car quand on se trompe de S-Bahn ou qu’on discute si intensément qu’on en oublie de descendre à la bonne station, longue est l’attente pour le train suivant. Nous partions pourtant optimistes du S-Bahn Schönhauser Allee. Une station après, arrivée à Bornholmer Str où nous prenons le S2. Et là nous échouons lamentablement… Pris dans une conversation certainement passionnante nous omettons de descendre à Schönholz pour prendre le mystérieux S85 (quoique on aurait aussi pu prendre le S1 dès Bornholmer Str, ça nous aurait faciliter la vie). Bref on est obligé de descendre à la station Karl-Bonhoeffer Nervenklinik (clinique psychiatrique de Karl Bonhoeffer) où heureusement on ne croise aucun dingue. Après quelques minutes de marche dans cette charmante banlieue nous trouvons la station de métro U8 qui nous emmène jusqu’au terminus, à Wittenau ! Ouf on y est enfin.

soleil

Nous sommes dans l’un des quartiers gérés par les Français de la fin de la guerre jusqu’au départ des forces alliées en 1994. Devant nous la cité Foch qui servit de logements aux soldats français à partir de 1952. Ce fut l’une des plus grandes zones résidentielles de l’armée avec ses 80 immeubles composés de 785 appartements qui hébergeaient près de 2600 personnes. L’accès dans le quartier était toutefois surveillé et restreint car il s’y trouvait quelques installations militaires. Après le départ des soldats et de leur famille la cité Foch qui comprenait toutes les infrastructures nécessaires (écoles, lycée, piscine, centre commercial, deux cinéma…) devint une ville fantôme occupée seulement à 67 %. A partir de 2007, grâce à une rénovation des bâtiments tombés en désuétude, le taux d’appartements vides diminue et atteint les 7% en 2010.

panneau

En marchant dans la cité on a quand même l’impression de retomber dans les années 50. Avec cette architecture ronde et ces couleurs marrons et oranges on se croirait dans un village de Playmobil français.
De fait, un voyage dans la cité Foch c’est un transfert temporel mais également spatial. Après la Cyclopstr, nous empruntons les rues Jean-Jaures-Str (mix germano-français) puis la rue Montesquieu et enfin l’avenue Charles-de-Gaulle !

fenêtre

C’est là que se trouve l’objet de notre quête, un centre commercial abandonné qui comprenait aussi un centre de fitness et un cinéma. Nous tentons d’ouvrir chaque porte, en vain. Nous contournons le bâtiment jusqu’à trouver un éventuel accès. Une porte potentiellement ouverte. Mais pour y accéder il faut faire un peu de funambulesque au-dessus de ce qui ressemble à un ancien parking souterrain, le tout à découvert. Heureusement que mon acolyte est sportif et a la galanterie de passer devant moi en éclaireur. Il passe l’épreuve de la marche-au-dessus-du-parking haut la main et tente d’ouvrir la fameuse porte… fermée !

estrade

Ruminant notre déception, nous marchons un peu plus loin et découvrons une multitude de portes facilement accessibles (il suffit de monter les escaliers) et grandes ouvertes. A l’intérieur un parking sombre, d’immense pièces vides. Rien qui ne permette vraiment d’identifier un centre commercial. Nous découvrons une salle aux miroirs. En son centre règne une estrade et un canapé, une belle mise en scène de précédents explorateurs. Nous marchons dans le couloir suspendu au-dessus de la route pour accéder à ce qui ressemble à la salle d’accueil du centre de fitness.

fitness

comptoir

De ce coté, le soleil hivernal entre à flot dans les pièces vides et réchauffent l’atmosphère. Nous passons aussi par une ancienne salle de jeux pour enfants… et c’est à peu près tout. L’exploration est un peu décevante. Nous rencontrons un photographe qui était venu il y a quelques années et qui nous parle d’un escalator que nous n’avons pas vu. L’avons-nous manqué ou a-t-il tout simplement disparu, absorbé par les murs oranges et marron ? Au sous-sol je regrette comme d’habitude d’avoir oublié ma lampe de poche mais mon vieux Nokia fait l’affaire. On y découvre ce qui ressemble à une machine de charcutier.

charcutier

Nous ressortons à la surface et terminons notre balade dans le quartier enneigé. Nous passons devant un bâtiment encore entouré de barbelés puis par une sorte de parc au milieu duquel coule une rivière. Le froid de ce dimanche de fin janvier nous pousse rapidement vers la station Waidmannslust, terminus de la ligne S85. Le S1 arrive et nous n’avons même pas le temps de nous réchauffer dans l’un des nombreux cafés qui entourent la station. Ce sera pour un autre fois. Il me reste un lycée abandonné et une villa de commandant français à découvrir dans la cité Foch !