Alerte dans l’hôpital abandonné

Alerte dans l’hôpital abandonné

On m’avait parlé d’un hôpital abandonné facilement accessible dans le quartier de Hermpannplatz. J’avais procédé à pas mal de recherches sur Internet, sans succès. Impossible de trouver la trace de cet ancien hôpital. J’ai élargi mon champ d’investigation à Neuköln et là Bingo ! Ce n’était pas un bâtiment placé à proximité d’Hermannplatz mais vers le métro Hermannstrasse. Avec deux amis nous partons un après-midi ensoleillé dans les rues de Neuköln. De part et d’autre de la rue il y a des édifices à l’abandon, difficile de savoir lequel nous intéresse. Finalement nous arrivons devant une grille de fer forgé devant laquelle deux vélos sont déjà posés. Nous ne serons pas les seuls explorateurs…

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D’ailleurs une pancarte sur la porte d’entrée de la magnifique bâtisse qui nous fait face indique que le lieu est armé de caméras de surveillance et d’alarmes, un autre précise qu’il n’y a plus rien à voler. Nous décidons quand même d’entrer sur le terrain, ce qui se fait sans difficulté en enjambant un petit muret. Mais accéder à l’intérieur du bâtiment se révèlera bien plus périlleux car il est méthodiquement muré sur le premier étage.

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Nous commençons notre exploration par un bâtiment plus récent, l’ancienne aile destinée aux enfants malades. Particulièrement vandalisée, il n’y reste plus grand-chose d’intéressant à voir. On a sorti les câbles des murs et on les a désossés, les nains dessinés aux murs ne rentrent plus à la maison après le boulot mais se dirigent vers le Berghain, les chambres sont jonchées de verre brisé…

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On croise juste quelques jolis tags et une installation mi- artistique mi- pratique qui permet d’accéder au toit. Nous nous y hasardons pour profiter de la vue sur le sud de Berlin. Puis nous redescendons et sortons du bâtiment qui me fait penser à l’autre hôpital pour enfants que j’avais exploré. On y retrouve la même disposition de salles séparées par des vitres (aujourd’hui brisées).

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Nous entendons parfois de grands bruits de fracas et voyons un homme faire des aller-retour avec des planches, des câbles, tout ce qu’il peut récupérer et juge intéressant. Il n’a pas l’air stressé par le bruit qu’il déclenche dans cette entreprise.

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Nous nous dirigeons donc vers le bâtiment qui nous fascine, la plus vieille aile de l’hôpital qui fut construite comme indiquée sur son fronton, pendant la grande guerre, en 1914. C’est là que la véritable aventure débute. Collée à cette ancienne bâtisse, une autre aile plus récente et largement ouverte aux quatre vents. Autrefois des couloirs permettaient d’accéder à l’un et l’autre des bâtiments. Mais aujourd’hui l’accès à la vieille construction par celle plus récente est barré par une grille qu’il semble difficile de forcer. Nous passons même par les sous-sols pour vérifier si ce barrage est systématique. C’est malheureusement le cas. A travers cette grille on a un aperçu de ce qui se trouve derrière et l’ambiance surannée qui y règne nous donne d’autant plus envie d’y pénétrer.

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Nous faisons donc le tour du bâtiment, étudiant chaque accès, chaque arbre qui nous permettrait d’accéder aux étages supérieurs, chaque relief sur lequel nous pourrions prendre appui… c’est peine perdue. Nous croisons un couple qui, au vu de la tenue de la fille, sont venus pour prendre des photos fashiono-artistiques. Ils nous disent qu’ils sont rentrés dans le vieux bâtiment mais sont incapable de nous préciser comment. La nana a des chaussures à talons immenses et une robe longue… si cette entrée existe vraiment elle doit être facile d’accès.

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Nous avisons un hangar qui côtoie lui aussi l’ancien hôpital. L’intérieur est impressionnant mais là encore, pas d’accès possible. Puis nous repérons finalement une entrée éventuelle. Il faut monter à un arbre pour accéder à un premier toit. De là, à l’aide d’un petit relief, il faut se hisser à la force de ses bras (vous savez, comme quand vous sortez de la piscine !) pour arriver sur le second toit. Enfin on entre facilement dans la bâtisse si convoitée par une fenêtre brisée. Notre ami A. teste en premier cet itinéraire et nous assure que l’on peut passer. Mais moi ,avec mes bras sans muscles et la peur de tomber au ventre, je ne suis pas très efficace. Heureusement que mes deux compagnons me soutiennent dans cette ascension !!!

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Enfin nous pouvons parcourir les longs couloirs silencieux aux peintures abîmées, aux cages d’escaliers somptueuses et délicatement lumineuses, aux pièces parfois habitées d’œuvres artistiques… Là encore il ne reste plus grand-chose mais le vandalisme est plus rare. Et surtout l’âge des murs nous permet facilement de voyager dans le temps. Cette promenade prendra malheureusement fin de manière brutale…

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Nous avions donc pénétré dans le bâtiment par le deuxième étage, étions passés par une petit passage qui surplombait l’entrée, avions parcouru plusieurs couloirs et escaliers. Nous étions finalement arrivés devant l’entrée principale. Une plaque indiquait l’histoire du lieu. Je la pris en photo et fis un mouvement en direction d’un des couloirs… ACHTUNG ACHTUNG…. Je ne sais pas ce que cette voix féminine qui résonnait, sortie de nulle part, disait par la suite car déjà mes pieds me projetaient vers une quelconque sortie, essayant de me souvenir du chemin emprunté, entendant ici et là des portes claquer, peut-être des chiens aboyer, le cœur battant, les chaussures frappant le sol froid. Je ne sais comment nous retrouvâmes avec A. la fenêtre qui nous avait permis d’entrer. Mais l’une d’entre nous avait disparu. Elle n’ était pas avec nous quand l’alarme s’était déclenchée et elle ne l’avait pas entendue. En communiquant discrètement par téléphone nous parvînmes à tous nous retrouver devant la sortie de secours.

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J’avais eu le temps de retrouver un calme partiel, imaginant qu’au pire, un séjour par la case police me permettrait d’écrire un article très intéressant sur le blog ! La descente vers la sortie fut tout aussi périlleuse que l’ascension. Nous regardions autour de nous, imaginant voir une troupe de CRS débarquer. Nous ne vîmes que d’autres explorateurs nous faire coucou du haut du toit de l’aile des enfants. Nous finîmes par retrouver la sortie sans qu’aucune voiture de police ne se soit présentée. Était-ce une fausse alarme ou bien la police débarquât t-elle 1 heure plus tard ? Je pense que l’on n’aurait pu retourner à l’intérieur sans risque. Mais à ce moment là je n’étais pas prête à retenter l’aventure !